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22.12.2015
Une brève histoire des émissions de CO2
Alors que 195 pays viennent de s’accorder à la COP21 de Paris sur la nécessité de limiter le réchauffement mondial à 2 °C degrés d’ici à la fin du siècle, c’est le moment de revenir sur l’histoire des émissions de CO2 depuis le début de la révolution industrielle.
La question de la responsabilité historique des différents pays est apparue tout le long des négociations comme l’un des principaux obstacles sur le chemin d’un accord. Les « émergents », d’industrialisation récente, et les pays en voie de développement qui entament tout juste leur décollage économique refusent de fournir des efforts comparables aux pays développés.
Ce sentiment est validé par une nouvelle carte interactive retraçant 260 années d’émissions de CO2 issues de la combustion d’énergie fossile et de la production de ciment à la surface de la planète*. Cette carte permet d ’explorer les émissions de chaque pays et leur répartition dans l’espace au cours des deux derniers siècles de façon interactive, tant dans leur totalité que par habitant. Elle permet également de suivre l’évolution des émissions mondiales et la consommation progressive du budget carbone permettant de limiter le réchauffement en deçà de 2 °C.
En combinant des données historiques d’émissions par pays issues du Carbon Dioxide Information Analysis Center (CDIAC) (de 1750 à 2010) avec des données de densité de population décennales produites par le projet européen HYDE (de 1750 à 2010 également), il est possible d’estimer la répartition des émissions dans l’espace et dans le temps à la surface du globe – sur une grille d’une résolution de 5’ d’arc (5’ étant égal à 1/12e de degré, soit environ 10 km par 10 km).
Responsabilités « différenciées »
Cette carte interactive illustre les contributions de chacune des régions du globe depuis le milieu du XVIIIe siècle – et offre du même coup un récit saisissant de la diffusion progressive de la révolution industrielle au cours des deux derniers siècles.
Ces données illustrent de nombreux points clés pour mieux comprendre le débat sur les responsabilités historiques différenciées :
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Jusqu’au milieu du XXe siècle, seuls l’Europe et les États-Unis (et le Japon dans une moindre mesure) contribuent de manière significative aux émissions globales.
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Ce n’est que ces trente dernières années que le reste du monde s’est « allumé », Chine en tête.
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À la faveur de l’accélération de la croissance économique dans les pays émergents, les émissions se sont emballées ces quinze dernières années.
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Pondérées par la distribution de la population mondiale, les émissions apparaissent très concentrées dans l’espace. Des données plus fines encore, utilisant notamment la localisation des centrales thermiques et des usines de production les plus énergivores (ciment, aluminium, papier par exemple) renforceraient encore ce constat.
Se développer sans les énergies fossiles
Cette brève histoire des émissions de CO2 à travers le globe nous rappelle la responsabilité particulière des pays occidentaux dans la lutte contre le réchauffement climatique. La précocité de la révolution industrielle y a certes permis un décollage économique bien antérieur au reste du monde, mais a également conduit à émettre une part disproportionnée du budget total d’émissions auquel nous avions droit pour ne pas dépasser l’objectif d’un réchauffement limité à deux degrés.
Reconnue par l’accord de Paris, cette responsabilité historique différenciée impose aux pays occidentaux un effort particulier dans la lutte contre le réchauffement climatique. Cette responsabilité doit se traduire par un effort accru en matière de transferts financiers et technologiques pour s’assurer que l’émergence des pays en voie de développement limite au maximum le recours aux énergies fossiles, sans pour autant entraver leur décollage économique.
*Ces émissions n’incluent pas les émissions issues des modifications d’utilisation des sols (LUCLUF) ou de l’utilisation des engrais. Il est malheureusement très difficile de reconstituer ces émissions sur l’ensemble de la période considérée.
par Aurélien Saussay, Économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), Sciences Po
La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.