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14.07.2016

“Ce que j’aime, c’est rencontrer les gens”

Armêl Balogog, étudiante à l’École de journalisme de Sciences Po, vient de gagner un an de contrat à Radio France en remportant le Premier Prix du prestigieux Tremplin Radio France. Elle revient sur son parcours et nous parle de son avenir.

Vous avez déjà travaillé pour France Culture, France Bleu Lorraine Nord et France Bleu Roussillon en apprentissage. Grâce au concours Tremplin des jeunes journalistes, vous venez de gagner un an de contrat à Radio France. Pourquoi avoir choisi de vous spécialiser dans le journalisme radiophonique ?

Armêl Balogog : J’ai commencé par suivre des études de lettres, en Master de littérature comparée à la Sorbonne-Nouvelle (Paris III) et en Master de philosophie à l'École des Hautes Études en Sciences Sociales et à l'École Normale Supérieure. Pour financer mes études, je travaillais comme secrétaire dans une revue, et puis j’ai commencé à faire des piges pour cette revue. C’est ce qui m’a donné envie de devenir journaliste.

J’ai toujours aimé écouter la radio mais je ne pensais pas en faire mon métier en arrivant à l’École de journalisme de Sciences Po. C’est lorsque Catherine Charvet [qui travaillait alors au Secrétariat général aux rédactions à Radio France, ndlr] est venue présenter l’apprentissage en journalisme radio que je me suis dit “pourquoi pas”. Finalement, je suis la seule étudiante de ma promotion a avoir été apprentie à Radio France et je ne regrette pas ce choix ! Pendant mes deux ans d’apprentissage j’ai travaillé dans trois rédactions différentes, et dans chacune d’elles je me sens “comme chez moi”.

Qu’est-ce qui vous plaît tant dans la radio ?

A.B. : Ce que j’aime dans la radio c’est la linéarité : les auditeurs doivent faire confiance au présentateur tout au long du journal. C’est une relation quasi-sentimentale qui se crée entre la voix du journaliste et ses auditeurs. Si je veux travailler dans le journalisme radio, c’est pour pouvoir m’adresser à un maximum de gens. Certains n’écoutent la radio que dix minutes dans la journée pour avoir l’essentiel de l’information. C’est assez fort comme sentiment : savoir qu’on leur livre ces dix précieuses minutes.

Quels étaient les exercices demandés lors du concours ?

A.B. : Les épreuves se sont déroulées sur deux jours. Le premier jour, nous avions sept heures pour faire un reportage. Le sujet était imposé, j’ai dû travailler sur le thème : “Loi travail, tout ça pour ça”. Le lendemain, nous devions nous charger de la présentation d’un journal radio de sept minutes incluant trois reportages. Ensuite, nous passions un entretien avec des questions sur notre personnalité.

Avez-vous choisi un angle particulier pour traiter du sujet imposé ?

A.B. : J’avais beaucoup suivi les mobilisations étudiantes contre la Loi Travail pendant mon apprentissage à France Culture. J’ai donc choisi de parler des organisations de jeunesse. On était le mercredi 11 mai, c’était le lendemain de l’annonce du recours à l’article 49.3 et la veille d’une grande journée de mobilisation : je trouvais donc important de récolter leurs réactions concernant le 49.3.

J’ai été étonnée de découvrir qu’ils n’étaient pas aussi déçus que je l’imaginais. Ils m’ont raconté qu’en 2006, lors des protestations contre la loi sur le CPE [Contrat Première Embauche, ndlr] le 49.3 avait été employé mais le projet de loi n’avait jamais été adopté.

Comment avez-vous fait pour réaliser un reportage sur la Loi Travail en seulement sept heures ?

A.B. : J’ai reçu mon sujet à 9h30 à la Maison de la Radio, dans le seizième arrondissement à Paris. Quelques minutes plus tard j’ai commencé à passer des coups de fils aux personnes que je souhaitais interviewer. Dès 10h30 je suis sortie et j’ai retrouvé Zoïa Guschlbauer, la présidente d’un syndicat lycéen - la FIDL - dans le quartier du Marais. Une fois son interview terminée j’ai repris le métro direction Colonel Fabien [dans le dix-neuvième arrondissement, ndlr] où j’ai retrouvé les deux autres personnes que j’allais interviewer : un membre du syndicat Solidair.e.s de Sciences Po et l’un des huit porte-paroles de la Coordination Nationale Étudiante. Je suis revenue à Radio France vers 13h (entre temps j’avais dû racheter des piles car mon micro n’en n’avait plus [rires]). Il me restait trois heures pour monter mon reportage et en produire une version web.

Vous étiez 14 candidats au Tremplin Radio France cette année. En quoi la formation que vous avez suivie à l'École de Journalisme de Sciences Po vous a-t-elle aidé à gagner ?  

A.B. : Sans l'École de Journalisme de Sciences Po, je n’aurais jamais fait un apprentissage à Radio France et je n’aurais jamais pensé à me présenter au concours Tremplin. Mon Master m’a ouvert les yeux sur ce que j’aimais et j’en suis très reconnaissante.

De façon plus pratique, la formation que j’ai suivie en journalisme web à l’École de journalisme s’est avérée très efficace. On y apprend à écrire pour le web, à faire des infographies, des cartes, à faire de la veille d'informations sur internet, et aussi à s'adresser à une audience ciblée - on y apprend même les bases du langage HTML, du CSS et du Javascript ! Tout cela m'a été très utile pour rédiger l'article web lors du concours.

Et puis mes professeurs m’ont bien préparée à l’entretien oral; Alice Antheaume [la directrice de l’École de Journalisme de Sciences Po] m’a “coachée” personnellement.

Qu’est-ce que vous préférez dans le métier de journaliste ?

A.B. : Ce que j’aime c’est rencontrer les gens, voir comment ils vivent et écouter leurs témoignages pour savoir comment les grandes décisions les affectent. La mission du journaliste, c’est notamment de créer des ponts entre des personnes différentes pour les faire se découvrir les unes les autres.

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Légende de l'image de couverture : Sciences Po