Comment être anticapitaliste au XXIè siècle ?

Le 18 avril 2016, le professeur Erik Olin Wright donnait à Sciences Po une conférence sur le thème: “Comment être anticapitaliste au XXIè siècle”. Le sociologue américain a exposé sa stratégie pour atteindre ce qu’il appelle les “utopies réelles” : des alternatives non capitalistes réalisables dans le monde tel qu’il est actuellement.

Un autre monde est possible

Wright a ouvert sa conférence en présentant deux conceptions différentes du capitalisme. La première revient à considérer que le progrès social ne peut que résulter des moyens de production capitalistes, et par conséquent que l’anticapitalisme est une absurdité Dans cette perspective, nous aurions besoin de renforcer le capitalisme plutôt que de l’amoindrir.

En revanche, la seconde position perçoit le capitalisme comme une source permanente de préjudices, et la pauvreté comme indissociable de la structure capitaliste. Le capitalisme (en tant que mouvement du capital) est aussi anti-démocratique par essence, car il prive les citoyens des moyens d’agir sur les processus qui les affectent directement dans leur vie quotidienne.

Wright est l’un des tenants de la seconde conception. Il pose donc les questions suivantes : que pouvons-nous faire pour remédier aux effets néfastes du capitalisme ? Quels types de stratégies pourraient neutraliser ces préjudices ?

Le sociologue américain estime qu’un autre monde est possible, un monde capable d’assurer la prospérité de tout un chacun. Pour lui, l’anticapitalisme ne se réduit pas à la théorie : il permet aussi, dans la pratique, de construire une alternative pour un meilleur développement humain.

“Saper le capitalisme” et construire des “utopies réelles”

Alors que les marxistes considéraient la révolution comme la stratégie adéquate pour atteindre ces buts, Wright prône quant à lui, une transformation graduelle du système capitaliste actuel, promue à la fois par la société civile et par des acteurs institutionnels. En mettant en place des politiques anticapitalistes émancipatrices, telles que des coopératives de travailleurs, un revenu de base universel, un journalisme financé par la collectivité, ou encore une production collaborative via vérification par les pairs (comme Wikipédia). Olin croit en la possibilité de “saper le capitalisme” et de construire des “utopies réelles”.

By Andreas Eisl & Lisa Kastner, PhD students at Sciences Po (traduit de l’anglais).

Revoir la conférence d’Erik Olin Wright sur Vimeo. 

Liens utiles

• À propos d’Erik Olin Wright.
• À propos de MaxPo (eng.), Max Planck Sciences Po Centre on coping with instability in market societies,  qui organisait la conférence du 18 avril 2016. 
• À propos de l’École Doctorale de Sciences Po.