Accueil>"La démocratisation à Sciences Po est essentielle"
02.01.2017
"La démocratisation à Sciences Po est essentielle"
François Chérèque vient de s’éteindre à 60 ans au terme d'une longue maladie. L’ancien secrétaire général de la Confédération française démocratique du travail (CFDT) a été membre du Conseil d’administration de la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP) de 2007 à 2013. Sciences Po lui rend hommage.
Membre assidu et très actif de ce Conseil, François Chérèque a succédé à Edmond Maire qui comme lui siégeait au titre des "personnalités choisies par le Premier ministre en raison de leur activité politique, économique ou sociale". Il a participé à tous les grands débats qui ont marqué l’histoire de Sciences Po au cours de cette période. Il était également membre du comité stratégique du LIEPP, le laboratoire interdisciplinaire d'évaluation des politiques publiques de Sciences Po. Ses interventions lors fréquentes, étaient toujours fermement argumentées et toutes entières destinées à aider à la décision. Sans complaisance avec qui que ce soit, fort d’une liberté de parole et d’un souci de l’intérêt général qui forçaient l’admiration de tous (y compris de ceux qu’il contredisait), François Chérèque a joué un rôle éminent et remarquable au sein de notre Conseil d’administration. En témoignent ses prises de parole.
"Ce débat sur la démocratisation de Sciences Po me passionne"
Ainsi, lors de l’examen prévisionnel du budget 2012 de la FNSP, il s’exprimait ainsi : « Dans ce débat qui me passionne - sur la démocratisation de Sciences Po - c'est l’accès de la société aux études de façon plus homogène. Le problème d’accès aux études supérieures hors Sciences Po est largement plus vaste que le problème des frais de scolarité. Le système d’accès aux études universitaires dans notre pays est injuste. Il l’est autant hors Sciences Po qu’à Sciences Po. On ne peut pas régler ce problème, qui est le problème global de la formation universitaire ou supérieure dans notre pays. Le nombre d’enfants d’ouvriers ou d’employés dans la formation universitaire est inversement proportionnel à ce qu’ils représentent dans la société, au-delà des problèmes de frais d’inscription, y compris pour les formations universitaires sans frais de scolarité. Par ailleurs, je trouve que l’UNEF a amélioré ses arguments d’une année sur l’autre - cela devient de plus en plus passionnant ! - sauf que vous oubliez un élément essentiel dans le débat : la fiscalité. La fiscalité est une redistribution à l’envers ; plus vous avez de revenus familiaux, plus la fiscalité vous apporte des avantages en fonction du nombre d’enfants que vous avez. Si vous n’avez pas, au minimum, un système de frais d’inscription qui redistribue dans l’autre sens - ce que vous demandez est l’inverse de ce que je pense être socialement juste - soit un étudiant est dans une situation de rupture familiale donc potentiellement, ses parents ne bénéficient pas de la fiscalité - injuste, selon moi - en fonction du nombre d’enfants et alors, il bénéficie de la redistribution ; soit il est toujours à charge de ses parents et alors, c’est le système du quotient familial qu’il faut remettre en cause au profit d’un système forfaitaire par enfant et non pas de quotient familial qui profite aux plus hauts revenus ».