Deux étudiants du Bachelor of Arts and Sciences ont été modérateurs du festival “et maintenant ?”

Antoine Kahn : J’ai été contacté par l’association de notre double-diplôme (Scubasc) et j’ai évidemment répondu positivement à cette demande, l’auteur invité, Hartmut Rosa, faisant partie de mes penseurs contemporains préférés. Étant étudiant du BASc Algorithmes et Décisions de Sciences Po et l’Université Paris Cité, cette table ronde s'inscrit parfaitement dans la dimension interdisciplinaire de notre formation. Dans le Studio 104 de la Maison de la Radio, nous avons pu faire dialoguer les perspectives afin de nous questionner notamment sur les enjeux contemporains des transformations technologiques. 

Tanguy de Wolf : Étant dans le même double-diplôme qu’Antoine, Scubasc m’a aussi contacté pour participer à la rencontre avec David Bessis sur les possibles dans le cadre du festival. J’ai directement accepté de me lancer dans ce projet d’événement avec un auteur qui m’a transformé depuis que je l’ai découvert. J’ai pû modérer cette table ronde aux côtés de Natacha Triou, présentatrice de La science CQFD sur France Culture, qui m’a aidé à sélectionner les questions que j’ai posées à la fin de la discussion. 

Antoine Kahn : Il s’agissait d’un entretien animé par Arnaud Laporte de France Culture, en compagnie du philosophe et sociologue Hartmut Rosa. Son œuvre s’articule autour de deux notions complémentaires : l'accélération et la résonance. Il étudie en effet ce sentiment d’urgence, de manque de temps et de facto d’aliénation, qui caractérise nos sociétés contemporaines. Face à cela, il propose une philosophie de la résonance, qui constituerait en un autre rapport entre l’individu et le monde. Ses idées font fortement écho à divers questionnements qui m’interpellent et qui, me semble-t-il, interpellent également ma génération : crise environnementale, rapport au progrès, quête de sens…

Tanguy de Wolf : L’entretien portait sur le sujet des possibles et m’a permis de confirmer mon intuition que les mathématiques, en tant que “capacité de fabriquer des outils conceptuels pour équiper les sciences mais aussi notre pensée”, sont nécessaires au développement humain. Ce qui m’a le plus marqué dans la table ronde est sa critique de l’illettrisme mathématique des personnes en position de responsabilité, alors qu’elles fournissent des outils nécessaires au politique et à ses enjeux d’organisation des actions humaines et de prise de justes décisions. C’est la raison d’être de notre double-diplôme, justement intitulé “Algorithmes et décision”.

Antoine Kahn : L’obtention de deux diplômes, l’un en sciences “dures” et l’autre en sciences humaines et sociales, nous donne les moyens d’appréhender les enjeux de notre époque sous plusieurs perspectives. Les cours interdisciplinaires nous permettent en effet, d’un point de vue académique, d’observer l’importante porosité  entre ces deux univers épistémiques. De nombreuses conférences nous offrent, à Sciences Po comme à l’Université Paris Cité, l’occasion de dialoguer avec les acteurs du terrain. Je dirais enfin que le Bachelor of Arts and Sciences développe notre agilité intellectuelle et surtout notre ouverture d’esprit, évidemment nécessaires pour agir face à des problématiques aux tenants et aboutissants toujours plus variés. 

Tanguy de Wolf : Je crois aussi que c’est notre formation transdisciplinaire qui nous permet et nous permettra d’être acteur de la transformation environnementale, qui nécessitera des changements structurels, donc idéologiques et politiques. D’un côté, d’un point de vue académique, la licence de mathématiques est nécessaire pour avoir les outils conceptuels indispensables à notre compréhension des enjeux environnementaux.

De l’autre, les cours de ma majeure Humanité politique à Sciences Po me permettent de réfléchir aux fondements de la légitimité d’un système, de ses prémisses et ses règles. Sciences Po présente aussi un atout particulier grâce à ses nombreux événements qui donnent l’opportunité de rencontrer des intervenants variés et de se frotter à des idées, à des discours très diversifiés. J’ai la sensation d’être formé à apprendre, chercher et agir à Sciences Po grâce, à la fois à une structure de formation qui conditionne nos choix sans les imposer, et grâce à une structure de cours privilégiant les travaux de groupe et les enquêtes de terrain, qui nous offre une liberté de choix dans notre sujet.