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20.11.2022
Et si l'Ukraine transformait la Russie ?
L’annexion de la Crimée et l’intervention de la Russie dans le Donbass en 2014, puis l’invasion de l’Ukraine en février dernier ont fait voler en éclats l’idée que la Russie et l’Occident partageaient valeurs et intérêts, que Moscou était un partenaire de l’Occident. Ces idées s’étaient fait jour au tout début des années 1990 après la chute de l’URSS et la fin de la guerre froide. C’est cette période précise, entre euphorie de 1991 et retour de la guerre en Europe, qu’étudie Anne de Tinguy dans son dernier livre Le Géant empêtré. La Russie et le monde de la fin de l'URSS à l'invasion de l'Ukraine.
Pour elle, le 24 février 2022 marque le retour de ce qu’elle qualifie de « frontière civilisationnelle » entre la Russie et l’Europe. « Cette dernière n’est plus ni entière ni complètement libre » écrit-elle. La Russie est un grand pays mais elle est une puissance « ambivalente » et son ambition se heurte à de nombreux obstacles, qu’ils soient économiques (forte présence de la corruption, nécessité de moderniser et de diversifier le pays, besoin de réformes structurelles) ou qu’ils soient politiques (autoritarisme du pouvoir, faiblesse de la société civile, déclin démographique).
Moscou ne connaît que le hard power (puissance brute, de contrainte). C’est pourquoi le pouvoir russe n’a anticipé ni la puissance de la société civile ukrainienne « qui s’est pourtant manifestée à plusieurs reprises, notamment au moment de la Révolution orange (2004) et de la Révolution de la dignité (Maïdan, 2013-2014) » rappelle Anne de Tinguy, ni la réaction des Ukrainiens devant l’invasion des troupes russes. Dans ces mobilisations, Moscou persiste à ne voir que des manipulations de l’Occident.
Poutine poursuit une politique d’expansion, notamment dans l’espace postsoviétique. Cette extension progressive de son territoire, notamment par intégration de terres contiguës, est omniprésente dans l’histoire du pays et elle « n’a pu que durablement marquer la conscience collective russe » écrit Anne de Tinguy.
L’issue de la guerre en Ukraine reste incertaine mais nous pouvons néanmoins nous interroger sur son impact sur le projet qu’Anne de Tinguy qualifie de « néo-impérial » de la Russie dont ce conflit pourrait bien signer la fin. D’où le questionnement d’André Markowicz que la chercheure reprend à son compte : « Et si l’Ukraine libérait la Russie ? ».
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