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20.06.2016

“Il n’y a qu’une seule solution : aller de l’avant”

Le 14 juin 2016, Sciences Po, le Centre d’études et de recherches internationales de Montréal (CERIUM) et le centre d’excellence sur l’Union Européenne (CEUE - Université de Montréal/McGill University) organisaient une conférence à Montréal sur le “futur de l’Europe”. À la tribune : Pierre Moscovici, Commissaire européen et ancien Ministre de l’économie et des finances, en compagnie d’Enrico Letta, doyen de l'École des Affaires Internationales de Sciences Po et ancien Premier ministre italien.

Tous deux ont plaidé avec conviction pour “plus de leadership en Europe”, en estimant que le problème n’était “pas lié aux dirigeants actuellement au pouvoir, mais à leur capacité à croire en l’Europe”.

“Les deux pires crises que l’Europe ait connu depuis la Seconde Guerre Mondiale” (Enrico Letta)

Pierre Moscovici et Enrico Letta estiment que les fondations de l’Union Européenne “ont été ébranlées” par la crise financière et la crise des réfugiés. Ils conçoivent ces deux crises comme “les deux pires crises que l’Europe ait connu depuis la Seconde Guerre Mondiale”. Mais d’après eux, c’est aussi là que l’Europe a prouvé sa nécessité, car “aucun État n’aurait pu surmonter ces crises tout seul”. “Les gouvernements européens se sont dotés d’outils permettant de faire face à la crise financière ; et ils sont en train de faire la même chose pour affronter la crise des réfugiés”, a affirmé Enrico Letta. “C’est la vitesse avec laquelle ces deux crises se sont succédées qui a rendu les choses particulièrement compliquées, mais l’Europe est en train d’en tirer les enseignements”.

“Nous devons lutter contre le populisme avec des arguments populaires” (P. Moscovici)

Concernant le mécontentement croissant vis-à-vis de l’Union Européenne, Pierre Moscovici a déclaré que “les pro-Europe n’agissent pas suffisamment pour redorer l’image de l’Europe”. Selon lui, ils laissent le champ libre à l’euroscepticisme, en s’opposant à peine aux arguments contre l’intégration européenne : “les partis politiques traditionnels doivent s’engager activement pour l’Europe : on ne peut pas se contenter d'un soutien du bout des lèvres”.

Faisant référence à la campagne de Donald Trump aux Etats-Unis, Enrico Letta a rappelé que “la montée du populisme n’est pas un phénomèbe spécifique à l’Europe”. Mais les deux hommes ont convenu que la comparaison n’était qu’une maigre consolation : les dirigeants politiques européens doivent regagner la confiance de leur électorat en adoptant une attitude résolument favorable à l’Europe. “Nous devons lutter contre le populisme avec des arguments populaires”, a dit Moscovici.

“Quoiqu’il arrive, il n’y a qu’une solution : aller de l’avant” (Enrico Letta)

Cette conférence se tenait quelques jours avant le référendum du Brexit. Pierre Moscovici et Enrico Letta partagent le souhait de voir le Royaume-Uni rester dans l’Union Européenne. Selon eux, si le Royaume-Uni choisissait de sortir, “cela serait un terrible revers” pour l’Union, mais “n’entraînerait pas d’effet domino en Europe”.

“Quoiqu’il arrive concernant le Brexit, il n’y a qu’une solution : aller de l’avant. Si nous n’allons pas de l’avant, nous deviendrons insignifiants dans le nouvel ordre mondial”, a conclu Enrico Letta.

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