“J’ai appris à dire oui”. Hubert Joly, PDG de Best Buy

Le 17 juin 2015, La US Sciences Po Foundation organisait la première soirée de remise des “Sciences Po Alumni Award”, à New York. L’objectif de cet événement : saluer le parcours, la vision et le leadership d’un alumni Sciences Po d’exception. C’est Hubert Joly, diplômé de la promotion 1983 et PDG de Best Buy, qui a eu les honneurs de cette première édition.

La société Best Buy, entreprise américaine numéro un de vente de matériel électronique grand public, compte près de 1 600 boutiques en Amérique du Nord, pour un chiffre d’affaires annuel de 40 millards de dollars. Une nouvelle performance pour Hubert Joly, dont l’œuvre en tant que vice-président d’Electronic Data Systems (EDS) Europe, et président d’EDS France  - son précédent poste - avait déjà était saluée par le Forum Économique mondial de Davos, qui l’a fait figurer dans sa liste des Global Leaders for Tomorrow de 2007 à 2009.  Lors de son mandant en tant que PDG, la compagnie Carlson Wagonlit Travel a vu son chiffre d’affaire annuel passer de 8, 9 milliards de dollars en 2003, à 25,5 milliards de dollars en 2007. Depuis sa nomination à la tête Best Buy en 2012, la capitalisation boursière de l’entreprise a fait un bond de 90 %, soit deux fois la performance de l’indice boursier SNP 500* dans le même temps.

“Conserver des résultats financiers positifs est un moyen, pas une fin”

Dans son intervention lors de la soirée, Hubert Joly a exposé sa vision du leadership. D’après lui, le capital humain représente la clé de l’excellence. Le management doit donc se concentrer sur le développement personnel de tous les individus sur lesquels l’entreprise a un impact. “Lors d’une présentation, je m’assure de toujours de commencer par le progrès réalisé sur plan humain, par les initiatives de développement des ressources humaines, pour ensuite aborder les résultats financiers, explique-t-il. [...] Conserver des résultats financiers positifs est un moyen, pas une fin. Créer de la richesse est un impératif, mais il y a une différence entre un impératif et un objectif, et notre objectif est le bien commun.”

Hubert Joly a aussi rappelé que le succès d’un leader réside dans sa curiosité et sa capacité à apprendre : “Il est de notre responsabilité de garder l’esprit ouvert.” Selon lui, un grand PDG est celui qui définit une stratégie d’ensemble, qui renforce la position de l’entreprise dans toutes ses activités. “Un grand leader a besoin de courage pour agir et dire “oui”. Nous pensons pouvoir prédire en amont quelle idée sera un succès ou un échec, et nous sommes tentés d’écarter toutes les opportunités. Le coût de 19 échecs peut être plus que compensé par une seule réussite. J’ai donc appris à dire oui et à essayer de nouvelles choses, même quand je ne suis pas d’accord.”

“Souvenez-vous que la clé du succès reste le travail, ne vous focalisez pas sur le salaire !”

Hubert Joly a également partagé avec nous quelques souvenirs de ses années Sciences Po qui aujourd’hui le font sourire. C’est ce maître de conférences qui, interrogé au sujet de la compétitivité de la France, lui rappelait qu’un des atouts majeurs de la France était la qualité de ses services publics… C’est aussi la souvenir d’une nuit sans sommeil avant son “Grand Oral” : engagé au même moment pour faire son service militaire, il était de permanence pour surveiller des prisonniers. Ce qui ne l’a pas empêché de réussir !

Hubert Joly a aussi tenu à donner un petit conseil aux futurs diplômés de Sciences Po : ”Souvenez-vous que la clé du succès, c’est ce qu’on apprend, ne vous focalisez par sur le salaire !” Quatre mois après avoir commencé à travailler chez Best Buy, son nom figurait sur deux listes : un des cinq PDG qui allaient être virés en 2013, et un des sept hommes les plus prometteurs aux États-Unis. Il considère son oeuvre à la tête de Best Buy comme un work in progress, et se voit encore à ce poste pour plusieurs années.

*Le S&P 500 (SPX) est un indice boursier basé sur 500 grandes sociétés cotées sur les bourses américaines.

En savoir plus

The US Sciences Po Foundation