Accueil>Le CERI Cinéclub : comprendre et débattre des sociétés à travers le cinéma

20.12.2024

Le CERI Cinéclub : comprendre et débattre des sociétés à travers le cinéma

Tous les premiers mardis du mois à partir du 07 janvier 2025, le Centre de recherches internationales et le cinéma l’Entrepôt vous invitent à une expérience unique : voyager au cœur des sociétés à travers des œuvres cinématographiques. Les projections seront suivies d’un débat entre le public et les chercheurs et les chercheuses spécialistes des sujets et des sociétés abordés. Entretien avec Stéphanie Balme, directrice du CERI et Miriam Périer, responsable de la valorisation et de la médiation au CERI.

En préparant votre programme, quel a été le fil directeur ?

Ce programme est le fruit d’une collaboration entre nos chercheurs et l’équipe de L’Entrepôt. Nous avons lancé un appel à contributions auprès des chercheurs, qui a été accueilli avec enthousiasme ! Par la suite, nous avons dû faire des choix entre les thématiques et l'origine des films. Notre objectif est, par la diversité des films projetés, de refléter la richesse des recherches menées au CERI.

Les films que nous avons sélectionnés sont des œuvres à la fois contemporaines et représentatives des sociétés dans lesquelles elles ont été réalisées, comme All We See as Light, ou des films rares comme Les Lueurs d’Aden. Nous avons également retenu des films dont l'identité et le ton résonnent avec les questionnements des chercheurs du laboratoire, tels que Interceptés ou Je suis toujours là. Enfin, notre démarche s'inscrit dans une perspective pédagogique, car nous invitons les étudiantes et les étudiants à participer aux projections. Nous tenons aussi à associer le public le plus large. 

Pourquoi le choix de faire parler les sciences humaines et sociales au cinéma ?

Depuis ses origines, un lien profond unit la littérature aux sciences humaines. Par ailleurs, les sciences sociales s’ouvrent depuis plusieurs années à des formes d’expression innovantes, telles que le théâtre, la poésie et les arts visuels, y compris le cinéma. Au CERI, nous restons influencés par les modes de connaissance proposés par Bruno Latour, qui allient une objectivation rigoureuse à une valorisation du sensible dans la recherche en sciences humaines et sociales, ainsi que dans la manière dont nous rendons compte des résultats de recherche. C’est à travers les récits uniques de personnages ancrés entre réalité et fiction que le cinéma fait appel à notre sensibilité, rendant ainsi plus accessibles des réalités humaines ou sociales qui sont à la fois objectivables et subjectives, intimes et universelles. Tant le cinéma que la recherche de terrain nous permettent de décentrer notre regard, en écoutant les sociétés de l’intérieur. 

La recherche menée au CERI est multiple tant par ses thématiques, ses approches que ses perspectives et la médiation scientifique que nous souhaitons développer donne à voir cette richesse. À l'heure du mouvement de la post-vérité et des remises en question des vérités scientifiques, alors que les métiers de la recherche sont souvent contestés ou mal compris, nous croyons que la médiation scientifique est essentielle. Elle est non seulement cruciale pour améliorer la qualité de la recherche, mais elle doit également être aussi diverse et multiforme que nos perspectives de recherche.

Le programme du CERI-Cinéclub est calé de janvier à juin 2025, mais nous préparons déjà les séances d’automne qui  seront annoncées prochainement. Nous travaillons aussi à notre prochain festival, qui aura lieu en novembre 2025, et portera sur l’immense sujet de la crise climatique. 

Le CERI n’en est pas à son coup d’essai avec ce dispositif. Sur quels thèmes portait le festival organisé en novembre dernier, et quel a été le retour des spectateurs ?

En effet ! En novembre, nous avons organisé un festival centré sur la thématique des jeunesses du monde, en collaboration avec l’Entrepôt. L'idée principale était de susciter un débat avec le public après chaque projection, en invitant l’un ou l’une d’entre nous à intervenir… De la République populaire de Chine à l'Iran, en passant par le Mexique, le Nigeria et l'Arabie Saoudite, nous avons découvert les rêves et les luttes d’une jeunesse tantôt amoureuse, engagée ou blasée, parfois anéantie ou guerrière, mais toujours en phase avec son époque. À travers des récits de vie, nous avons exploré les cinq sociétés dont ces jeunes sont issus. Quelles aspirations les jeunesses du monde nourrissent-elles pour l’avenir, ici et ailleurs ? Comment se perçoivent-elles et dans quelle mesure sont-elles comprises par les aînés ? Alors que les jeunes luttent pour des conditions de vie dignes, comme au Nigeria, s'adaptent coûte que coûte à la violence, comme au Mexique ou en Iran et affrontent des tabous sociaux et politiques comme en Chine, en Iran et en Arabie Saoudite, quels sont leurs modes d'action face à des sociétés en pleine mutation économique, politique et environnementale ? Ces questions ont animé les discussions avec le public, qui a répondu présent à cette première initiative. Premier pari réussi !