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29.11.2016
France Culture à Sciences Po au lendemain de la primaire de la droite
Les Matins de France Culture, présentés par Guillaume Erner étaient en direct à Sciences Po lundi 28 novembre au lendemain de la Primaire de la droite. Pierre Nora, historien, éditeur et écrivain, Martial Foucault, Professeur à Sciences Po, directeur du CEVIPOF, responsable de l’enquête électorale française 2017 dans la perspective de l’élection présidentielle, Alice Antheaume, directrice exécutive de l’École de journalisme de Sciences Po, mais aussi professeurs, chercheurs et étudiants ont analysé en direct la victoire de François Fillon. Interview avec Guillaume Erner - #ScPo2017
Au lendemain des résultats de la Primaire de la droite, France Culture était à Sciences Po. Pourquoi ?
C’était important de se retrouver à Sciences Po au lendemain d’un vote essentiel. Ce vote est essentiel non pas parce qu’il désigne le prochain candidat du parti Les Républicains à la Présidentielle 2017, François Fillon, mais parce qu’il s’inscrit dans un courant. En France aujourd’hui, au Royaume-Uni hier avec le Brexit ou aux États-Unis avec l’élection de Trump, les résultats du vote contredisent les prédictions des élites : les médias, les femmes et les hommes politiques. Or, Sciences Po est reconnue comme un lieu de pouvoir qui forme les élites de demain. De cela, il est donc important d’en faire mention et de souligner que nous n’en sommes pas dupes.
C’est-à-dire ?
Sciences Po est l’école de la responsabilité sociale et éthique. On y apprend donc à distinguer et à démêler le vrai du faux. C’est ici, et notamment avec les enseignants et les étudiants de l’École de journalisme présents ce matin, que l’on comprend comment hiérarchiser l’information. La distribution de l’information a évolué. Elle est liée à l’importance grandissante des réseaux sociaux et aux algorithmes. Tout ce qui est rumeur ou information fausse a parfois plus de valeur que de l’information délivrée par ceux qui exercent ce métier depuis des années. Savoir distinguer ces phénomènes permet à mon sens de mieux savoir comment donner plus de portée aux informations vérifiées. Sciences Po enseigne cette valeur de la responsabilité, nécessaire à une meilleure compréhension du monde.
Des étudiants de Sciences Po militants de quatre partis politiques étaient présents dans l’émission. Quelles voix avez-vous entendu ?
Ces jeunes universitaires étaient tous brillants. Mais ils m’ont semblé aussi orthodoxes que des femmes et des hommes politiques issus du sérail. Leurs propos selon moi étaient encore empreints de la voix de leurs aînés dans la façon de faire de la politique.
Qu’est-ce qui aurait fait la différence ?
Une autre forme de liberté. Je pense à Jean d’Ormesson, par exemple. C’est un homme jeune, malgré son grand âge. Mais il lui a fallu peut-être toute une vie pour arriver à cette forme de liberté. Celle de savoir se dégager des discours, du clivage idéologique. Quand il parle, ce n’est ni de droite, ni de gauche. Mais on y entend une forme d’espoir, détachée de tout dogmatisme. Dans le discours du politique aujourd’hui, chez les anciens comme chez les jeunes, rien ne laisse espérer un moment qui nous pousse vers le haut. On assiste bien à une forme de désillusion du politique qui conduit vers des votes extrêmes.
Qu’est-ce qui donne alors des raisons d’espérer ?
Obama incarnait une sorte d’espoir, mais on en a bien vu les limites. Le New York Times relatait la semaine dernière qu’un Comté américain dont les habitants ont bénéficié majoritairement de l’ObamaCare, 87 % avaient voté Trump. C’est désolant ! Il faut chercher à accueillir une autre parole, celle qui n’instrumentalise pas, mais qui donne envie d’agir. Nous en sommes tous porteurs donc responsables. À nous les medias, le corps enseignant, les jeunes à Sciences Po et en dehors de l'institution de la trouver et de s’en faire l’écho.