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07.07.2023

Les solutions aux défis 2023 de l'Incubateur de politiques publiques

La cinquième édition de l’Incubateur de politiques publiques s’est clôturée le 16 mai 2023 avec la présentation de 23 projets imaginés par près de 115 étudiants en première année de master à l'École d’affaires publiques. Nous revenons ici sur les apprentissages tirés de cette expérience originale au sein de leur scolarité à Sciences Po. 

Partir du terrain et expérimenter pour trouver la solution

Je pense que pour construire des politiques publiques efficaces, il faut toujours partir du terrain. C’est à partir d’observations extrêmement concrètes que l’on pourra faire avancer les choses pour le bien public et améliorer vraiment la vie de nos concitoyens.” C’est en ces termes que Philippe Martin, doyen de l'École d’affaires publiques, résumait l’esprit de l’Incubateur de politiques publiques lors de cet événement. 

L’immersion terrain est effectivement l’un des apprentissages fondamentaux de ce programme pédagogique. À titre d’exemples, différents groupes se sont rendus cette année au commissariat de Police du 13e arrondissement de Paris, au tribunal administratif de Lille, dans des entrepôts de produits alimentaires gérés par les Restos du Cœur ou encore au centre de contrôle et de commandes d’Eau de Paris… Autant de contextes propices à l’observation et aux échanges avec les différents publics et acteurs qui habitent ces lieux pour tenter d’en saisir les enjeux, au-delà du cadre théorique.

Construire les projets à partir des observations de terrain c’est aussi les rendre plus adaptés au quotidien et aux pratiques des agents publics et montrer que nous sommes là pour leur rendre un service et non pas pour leur imposer une solution”, nous confie Anceline Brioudes qui s’est rendue à plusieurs reprises au Centre Hospitalier de Givors avec son groupe au cours du semestre afin de co-construire au fil de l’eau leur solution directement avec les agents de l’hôpital.

Un autre apprentissage important pour les étudiants est l’itération, autrement dit le fait d'expérimenter, en se trompant parfois et en revenant sur ses idées, pour concevoir des politiques publiques qui ne soient pas hors sol mais véritablement adaptées aux besoins réels des usagers. 

Thibault Monarque a par exemple eu l’occasion de retourner plusieurs fois sur le terrain pour tester la solution “JE TUTELLE” développée avec son groupe, en partenariat avec la Direction générale de la Cohésion Sociale (DGCS) : “Lors du programme, on a souvent l’occasion d’être remis en question sur nos idées, nos préconçus et les clichés qu’on peut avoir. Déjà pour nous c’est une très bonne chose d’apprendre à se remettre en question mais surtout, cela nous permet d’avancer vers la meilleure solution possible.

Transitions numériques et environnementales, fil conducteur de l'édition 2023

Comprendre son temps aujourd’hui c’est bien sûr être en capacité d’interroger la complexité des mutations sociales, économiques et démocratiques induites par les transitions écologiques et numériques. Ainsi cette année, 10 défis ont abordé directement ces thématiques avec des angles très différents.

Les étudiants ont fait preuve de beaucoup de créativité pour proposer des solutions dont voici quelques exemples :

“À l'Écoute”, la réponse au défi proposé par la CNIL : “Comment garantir le droit aux identités multiples en ligne ?” 

“À l'Écoute” est un dispositif qui s’intéresse aux situations dans lesquelles, par peur dévoiler son identité réelle, les individus peuvent être découragés de signaler des comportements abusifs dans le milieu professionnel (harcèlement, discriminations, VSS...). Il s’agit d’une plateforme qui propose un canal de communication direct permettant aux victimes d’être accompagnées par des représentants des ressources humaines, des syndicats et associations, sous statut de pseudonymat. Le but est de libérer la parole, de donner le contrôle aux utilisateurs sur la suite des échanges et, le cas échéant, de les orienter vers un signalement officiel.

“Mon porte-voix”, la réponse au défi proposé par la Direction du Numérique du Ministère de l’Intérieur : “Comment renforcer la confiance dans les institutions en imaginant un environnement numérique décentralisé efficace et sécurisé ?” 

"Mon porte-voix" est un service numérique visant à simplifier la procédure de procuration électorale afin d’encourager l’expression démocratique, aujourd’hui fortement en baisse et l’un des éléments révélateurs d’une défiance croissante envers nos institutions. Le volet numérique de la solution repose sur une blockchain et permet à chaque électeur de donner procuration en quelques clics, sans avoir à se déplacer. Le dispositif s’accompagne d’un courrier distribué en même temps que la carte électorale ainsi qu’une campagne de communication. 

“Cinergie”, la réponse au défi proposé par l’ADEME et la Coop des Milieux : “Comment coordonner l’action publique sur un territoire pour suivre, piloter et accélérer le déploiement de la transition écologique ?” 

Le groupe étudiant s’est concentré sur le cas des projets citoyens de transition énergétique (comme l'installation de panneaux photovoltaïques qui serviront au niveau local) et notamment sur leur phase de contractualisation. Ces projets sont en effet difficiles et fastidieux à mettre en œuvre du fait des divergences de compréhension, de vision et de méthodologie existantes entre les citoyens et les acteurs institutionnels. Les étudiantes ont donc imaginé Cinergie, un atelier de médiation et d’intelligence collective qui met autour de la table tous les acteurs impliqués dans le projet citoyen faisant l’objet d’un contrat, afin d’échanger sur leur vision du projet en termes d’enjeux, objectifs et méthodes ainsi que d’identifier les points de friction à résoudre. L’atelier se concrétise par la production collaborative d’un calendrier d’actions ainsi que d’une convention de réciprocité. 

“Plan Chameau”,  la réponse au défi proposé par la Métropole Européenne de Lille & la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies : “Comment sensibiliser les différentes parties prenantes du territoire à faire évoluer leurs pratiques pour réduire les consommations d’eau potable ?” 

Le Plan Chameau a pour objectif de rendre visible le problème de la raréfaction des ressources en eau afin que l’urgence de la situation soit intégrée par les citoyens. Il permet aussi de leur donner les moyens d’agir grâce à une plateforme multi-fonctions qui fait le lien entre l’action communale et individuelle. Il se compose de trois étapes : une signalétique dans l'espace public pour annoncer l'état critique de la ressource, un site web offrant des informations et des initiatives locales sur l'eau, ainsi que la possibilité de commander un kit d'économie d'eau gratuit pour une action durable.  

Découvrez la totalité des 23 projets en consultant la bibliothèque des défis.

EN SAVOIR PLUS :

Légende de l'image de couverture : Le projet Cinergie. (crédits : Cinergie)

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Étudiants devant l'entrée du 1, Saint-Thomas (crédits : Pierre Morel)

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