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27.11.2024
Maxime Calicharane, un étudiant à l'affiche du film "Marmaille"
Maxime Calicharane, étudiant de bachelor au campus de Poitiers de Sciences Po, mineure Amérique latine-Caraïbes, n'était qu'en terminale lorsqu'il a été repéré par une directrice de casting à un battle de breakdance sur l'île de La Réunion.
Le jeune danseur est rapidement choisi pour le rôle principal du film Marmaille de Grégory Lucilly. À son entrée au Collège universitaire de Sciences Po, l'équipe pédagogique du campus de Poitiers a accepté d'aménager sa scolarité pour lui permettre de réaliser ce projet personnel.
Maxime Calicharane interprète Thomas, un adolescent réunionnais de 15 ans qui n’aspire qu’à remporter un concours de breakdance et partir pour la métropole, lorsqu'il se retrouve placé chez son père, inconnu, avec sa sœur Audrey après avoir été mis à la porte par leur mère.
Le film, tourné entièrement en créole, sort en salle le 4 décembre, il sera projeté en partenariat avec l'association Sciences Ô sur les campus de Poitiers et de Paris.
Interview et rencontre vidéo (réalisé par Sciences Po Alumni) avec Maxime, aujourd'hui en 3A à l'étranger, sur cette expérience artistique hors du commun.
Qui êtes-vous et quel a été votre parcours personnel et professionnel ?
Je m’appelle Maxime Calicharane, j’ai 20 ans et je suis originaire de l’île de La Réunion. J’ai quitté mon île à l’âge de 18 ans pour poursuivre mes études à Sciences Po, sur le campus de Poitiers. Avant cela, j’étais étudiant au lycée Roland Garros du Tampon, où j’avais choisi les spécialités HGGSP (Histoire-Géographie, Géopolitique et Sciences Politiques) et SES (Sciences Économiques et Sociales). Très tôt, je me suis intéressé aux questions sociétales, et l’idée d’intégrer Sciences Po s’est construite progressivement au fil de mes réflexions.
En parallèle, je pratique la danse, et plus précisément le breakdance, depuis l’âge de six ans. Je n’ai jamais cessé de danser et ai eu l’opportunité de remporter divers championnats, tant pendant mon enfance que plus récemment. La danse m’a offert des expériences uniques que je n’aurais pas pu vivre ailleurs, et elle a joué un rôle clé dans ma construction personnelle.
Pour moi, la danse est bien plus qu’un simple loisir : c’est un moyen essentiel de me défouler, de décompresser après les cours et de m’exprimer librement. C’est une passion, mais aussi une nécessité pour mon bien-être, car elle fait partie intégrante de mon identité.
Vous tenez l'un des premiers rôles du film Marmaille qui sort en salles le 4 décembre, pouvez-vous nous raconter cette aventure artistique ?
Bien sûr ! Cette aventure a commencé de façon totalement inattendue. J’ai été "casté sauvagement" par Christel Barras lors d’un battle de danse à Saint-André, dans l’est de l’île de La Réunion. À l’époque, j’étais en terminale et totalement concentré sur le bac, et sur le Battle Of The Year, que l’on préparait avec mon groupe de danse Brigand.
Le personnage principal de l’histoire, Thomas, est particulier. Il fallait remplir plusieurs conditions pour pouvoir jouer ce rôle, comme être un danseur, parler créole, etc. Tourner dans ce film est une fierté, car c’est le premier film réunionnais en créole qui sera diffusé au cinéma au niveau national, et donc aussi sur l’hexagone.
Le tournage a eu lieu l’année suivante, durant ma première année à Sciences Po. Il s’est déroulé au second semestre, sur une période d’environ deux mois. Ce fut une expérience intense, à la fois enrichissante et exigeante, car j’ai dû jongler entre mes études et cette immersion complète dans le projet cinématographique.
C’était une formidable opportunité qui m’a permis de découvrir le monde du cinéma et d’explorer une autre facette de mon expression artistique. Ce film est vraiment spécial à mes yeux parce qu'il reflète une partie de mon parcours et de mes valeurs liées à la culture hip-hop et réunionnaise.
De plus, j’ai appris énormément sur moi et j’ai dû me dépasser chaque jour pour être à la hauteur du rôle de Thomas, ce n’était pas facile. Heureusement, j’ai été bien entouré et je remercie Grégory Lucilly de m’avoir fait confiance.
Vous avez effectué vos deux premières années de bachelor sur le campus de Poitiers, comment se sont-elles déroulées ?
Actuellement, je suis en troisième année à l'étranger, ce qui signifie que je suis hors de France pour une année mixte. J’ai effectué mon premier semestre universitaire à Stockholm, à la Swedish Defence University, une école civile et militaire spécialisée dans les questions de défense et de sécurité. Pour le second semestre, je dois effectuer un stage, je suis en pleine recherche. Mon objectif serait de trouver un stage dans le secteur de la défense et de la sécurité.
J’étais étudiant à Poitiers jusqu’à l’année dernière. Mes études sur ce campus se sont très bien passées. Le campus de Poitiers est petit, ce qui crée une ambiance conviviale où tout le monde se connaît. La taille réduite de la ville est un avantage : tout est proche, y compris nos amis, ce qui facilite la vie étudiante. Seul bémol, le climat est souvent gris.
J'en profite pour remercier l’administration, qui m’a toujours soutenu depuis le début de ce projet.
« Maxime, comme beaucoup de nos élèves, possède des talents multiples. Nous avons été heureux de l’accompagner dans la conciliation de son parcours académique et de son projet personnel, pour lui permettre de s'épanouir pleinement. »
Pascale Leclercq
Directrice du campus de Sciences Po à Poitiers
Comment voyez-vous la suite ?
Je ne sais pas encore ce que l’avenir me réserve dans mon parcours artistique, mais je sais que je continuerai à m’y consacrer autant que possible, comme je l’ai fait jusqu’à présent. Tant que cela me procure du bien-être et du plaisir, je continuerai simplement à danser, car c’est une source d’épanouissement pour moi. J’espère pouvoir poursuivre les compétitions et les spectacles. Si d’autres projets inattendus, que ce soit dans le cinéma ou dans la danse, se présentent et que je peux y participer, ce sera avec grand plaisir.
Cela dit, plus j’avance dans mes études, plus il devient difficile de m’entraîner régulièrement. J’essaie toutefois de trouver un équilibre, car me sentir bien dans mon corps et mon esprit est essentiel pour réussir mon parcours professionnel.
En ce qui concerne ce dernier, je m’y investirai toujours pleinement. Depuis longtemps, je m’intéresse particulièrement aux questions de sécurité et de défense, et j’aimerais poursuivre un master dans ce domaine. Mon objectif actuel est de terminer mes études à Sciences Po et, après mon master, de voir quelles opportunités s’offrent à moi. Il me reste encore deux ans et demi pour réfléchir à la suite, alors je préfère avancer étape par étape.