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07.01.2021
Message de Frédéric Mion, Directeur de Sciences Po
Retrouvez ci-dessous le message adressé le 07 janvier 2021 par Frédéric Mion, Directeur de Sciences Po, à l'ensemble des communautés étudiante, salariée et enseignante de l'institution.
Chères Toutes, Chers Tous,
Je souhaite m’adresser directement à vous et sans tarder car je sais que nombre d’entre vous, à la lecture de l’article du Monde paru hier soir, se questionnent bien légitimement et ont besoin que la lumière soit faite sur la réalité de cette affaire. J’ai envers vous un devoir de clarté.
À la fin de l’année 2019, Aurélie Filippetti, enseignante à Sciences Po, m’a informé de rumeurs dont elle avait eu l’écho concernant Olivier Duhamel.
Sans preuve tangible, sans éléments précis, j’avais peine à imaginer que cette rumeur puisse avoir le moindre fondement.
J’ai néanmoins tenté, face à la suspicion de faits aussi ignobles qu’incertains, d’en savoir davantage. Chacun peut imaginer la difficulté de mener une telle démarche dans le respect de la loi et de la dignité des personnes concernées, à commencer par les victimes, dont on sait depuis qu’elles avaient choisi de garder le silence.
Je me suis tourné vers un proche d’Olivier Duhamel, qui m’a indiqué avec fermeté que cette rumeur était sans fondement. Je me suis par ailleurs assuré, au plan interne, qu’aucun agissement délictueux n’avait fait l’objet d’un signalement au cours des années où Olivier Duhamel avait enseigné dans notre maison.
J’ai appris dimanche soir 3 janvier par Olivier Duhamel lui-même qu’un livre le mettant en cause serait publié dans le courant de la semaine.
Ce n’est que le lendemain, en lisant la presse, que j’ai découvert la réalité du crime reproché à Olivier Duhamel. Ces révélations ont été un choc violent pour notre institution comme pour moi. Ma stupeur à l’énoncé des faits révélés n’était donc pas feinte.
Ma première réaction a été de m’adresser aux étudiants, aux salariés et aux enseignants en leur disant à quel point je suis personnellement et toujours aux côtés des victimes et que notre institution est résolument engagée dans la lutte contre toute forme de violence sexiste ou sexuelle.
À l’aune du contenu du livre révélant les faits reprochés à Olivier Duhamel, aurais-je pu ou dû agir différemment ? La question peut se poser et je suis prêt à en débattre. Je n’ai à aucun moment cautionné ni contribué à dissimuler les faits dont il est ici question. Je n’ai à aucun moment contribué à l’édification du silence. Ma ligne de conduite a été, est et restera la même : la protection et le soutien des victimes et l’intérêt général de notre communauté.
Bien cordialement à vous,
Frédéric Mion