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08.12.2015

"On ne peut pas réécrire le scénario du climat"

Présent à Paris pour la COP21, Arnold Schwarzenegger a tenu à réserver une plage de son agenda surchargé de superstar de l’environnement aux étudiants de Sciences Po, lundi 7 décembre 2015. Dans un amphi plein a craquer, l’acteur et ancien gouverneur a raconté comment il a fait de la Californie l’État le plus avancé des États-Unis en matière de lutte contre le changement climatique et d'énergies renouvelables. Il a aussi accepté de répondre à une interview.

“À Sciences Po, nous avons l’habitude d’accueillir des grands noms de la politique. Il nous arrive aussi de recevoir des stars. Il est en revanche exceptionnel d’avoir la visite de quelqu’un qui incarne ces deux mondes en même temps”, a rappelé Frédéric Mion, directeur de Sciences Po, devant un amphi électrisé par la présence lundi 7 décembre 2015 d’Arnold Schwarzenegger.

“Une économie verte est une économie florissante”

Sacrifiant de bonne grâce à sa légende en gratifiant la salle d’un “I’ll be back” qui déchaîne un tonnerre d’applaudissements, celui qui incarna Terminator à l’écran sait comment user de son aura hollywodienne au service du climat. “Ce n’est pas du cinéma, c’est la réalité : on ne peut pas réécrire le scénario”, a rappelé celui qui, au cours de ses deux mandats en tant que 38è gouverneur de l’État de Californie, a accompli une révolution écologique locale. “Né en Autriche, fabriqué en Amérique”, l’histoire de l’ancien bodybuilder qui a conquis Hollywood avant de s’engager en politique a pourtant tout du script à l’américaine. “J’ai grandi à la campagne. Jamais je n’aurais imaginé quand j’allais traire les vaches tous les matins qu’on en viendrait à rendre notre air irrespirable. Mais jamais je n’aurais imaginé non plus que je deviendrais gouverneur d’un État américain”, raconte cet optimiste convaincu et déterminé : “Regardez ce qui se passe en Californie : une économie verte est une économie florissante. On peut et on va gagner ce combat”.

“N’attendez pas que le gouvernement agisse à votre place”

Pour y arriver, “tout est dans la communication”, insiste Arnold Schwarzenegger. On se trompe de message en essayant d’alerter sur les conséquences à 20, 30 ans. Il faut créer un lien avec les gens, ce qu’ils vivent aujourd’hui et maintenant : et pour ça, il faut parler de la réalité, des dizaines de milliers de gens qui meurent tous les jours à cause de la pollution.”

Invitant à dépasser les clivages, ce Républicain présente son engagement écologique comme une évidence “qui n’a rien à voir avec mon idéologie politique”. Pas tant que ça, cependant : pour le libéral qu’il demeure, seuls l’initiative locale et l’apport du privé peuvent faire bouger les lignes. “Il ne se passe rien à Washington. Heureusement que je n’ai pas attendu que le gouvernement fédéral m’autorise à faire des lois en faveur de l’environnement en Californie. J’ai même dû porter le combat jusqu’à la Cour Suprême pour pouvoir agir”, raconte l’ancien gouverneur, qui incite les pouvoirs locaux à “montrer leurs muscles”, et se félicite qu’ils aient été conviés à réfléchir à la conférence climat. Après une heure et demie de conférence et de discussion avec les étudiants, Arnold quitte une salle conquise et debout. En bon connaisseur de la machine à rêves, celui qui incite à “rendre le mouvement écologique attractif et cool” est le premier à mettre en pratique ce conseil.

À revoir : l'intégralité de la conférence d'Arnold Schwarzenegger

Légende de l'image de couverture : Laurent Robert