Accueil>Olivier Nakache sur le cinéma et le pouvoir du collectif

25.03.2022

Olivier Nakache sur le cinéma et le pouvoir du collectif

Olivier Nakache (crédits : @Sciences Po)

Le 17 mars 2022, le réalisateur et scénariste Olivier Nakache est venu à Sciences Po pour parler de cinéma, de son parcours, de créativité et du rôle de la poésie dans le processus artistique. Connu surtout pour les films Intouchables et Le sens de la fête et plus récemment la série En thérapie, Olivier Nakache a fait carrière en tandem avec son ami et partenaire créatif de longue date, Éric Toledano. Les deux hommes se sont rencontrés enfants en colonie de vacances, où ils se sont liés d'amitié grâce aux films du réalisateur Claude Lelouch. C’est ce “coup de coeur partagé” qui les a amenés à s'essayer à la production de leurs propres films : une aventure qui, depuis plus de vingt-cinq ans, continue de les faire grandir et innover.

Lors de cet événement intitulé "Cinéma populaire, fédérer par la création", organisé dans le cadre des Rendez-vous de la création de l'École du management et de l'innovation de Sciences Po, la créativité était au cœur de la discussion. Animé par Mathieu Debusschère, délégué général de l'ARP et professeur du programme "Communication, médias et industries créatives", la conférence a été introduite par Laurence Bertrand Dorléac, historienne de l'art et présidente de la Fondation nationale des sciences politiques : « il faudrait que rien n’interdise d’apprendre à imaginer, à inventer, à créer dans toutes nos activités, quelles qu’elles soient », a t-elle déclaré. En traitant des idées de l'individuel et du collectif, de la responsabilité artistique liée au fait d'être un créatif sous le regard du public, de la nature insaisissable de la poésie, entre autres, Olivier Nakache a donné un aperçu de ce qu'est le métier de scénariste et de réalisateur au XXIe siècle. 

« On aime le collectif »

Si le partenaire créatif d'Olivier Nakache, Éric Toledano, ne participait pas physiquement à l'événement, sa présence s'est néanmoins faite sentir. Tout au long de la discussion, Olivier Nakache n’a cessé d’évoquer son ami et collaborateur.  « On aime le collectif », a-t-il déclaré, évoquant les nombreuses mains qui participent à la création d'un film ou d'une série et la manière dont cette communauté enrichit le processus créatif, « quand on écrit, on pense à la salle de cinéma... on pense aux rires du public. »

Pour Olivier Nakache, la création collective mène à la réussite cinématographique. Avec Éric Toledano, il a écrit sept longs métrages, quatre courts métrages et la récente série En thérapie, diffusée sur Arte, qui a reçu un très bon accueil à la fois critique et public. Pour lui, le travail en duo est « une chance fabuleuse », en raison des échanges et de la circulation des idées qu'il permet. Comme il le fait remarquer, « tout seul, il y aurait eu 50% de bonnes idées en moins ». Ensemble, ils continuent à produire des films qui se situent entre la comédie et le drame et qui rencontrent un large public.

Selon Olivier Nakache, ce n'est pas seulement l'avantage créatif que procure le travail collectif qui est important, ce sont aussi les liens avec les autres qu'il génère, tant sur le plan personnel que sociétal. Pour lui, la salle de cinéma est un espace « sacré ». « Ce qui nous anime, c’est que les gens dans les salles de cinéma vivent une émotion avec d’autres », a-t-il expliqué, faisant ici allusion à l'expérience collective que représente le visionnage d'un film. « Je me battrai toujours pour la salle de cinéma. »

L'écriture comme responsabilité

Pour Olivier Nakache, au-delà du rôle qu'ils ont de rassembler les gens, « les films, c’est le reflet de notre société. C’est le reflet de ce qui se passe ». La conscience du cinéma comme miroir de la société amène Nakache à ressentir un sentiment de « responsabilité » vis-à-vis de son sujet et des personnages qu'il met en scène. « Un film, on va le défendre à vie », a-t-il poursuivi, notant qu'en tant que créateur, il est important de pouvoir en assumer la responsabilité.

Cette responsabilité est intrinsèquement liée au collectif, au fait de savoir que son film est censé exister dans la sphère publique. Comme Olivier Nakache l'a souligné tout au long de la conférence, c'est un rôle qu'il ne prend pas à la légère. Il a fait allusion à la conscience de l'impact de ses films sur la société : « on ne fait pas de la politique, même si je pense que tout film est un peu politique, mais on a une forme de militantisme, une forme d’engagement, et la façon de la faire émerger, de vous la délivrer, c’est le cinéma. »

Sur le rôle intangible de la poésie

Pour Olivier Nakache, la création d'une œuvre cinématographique naît de la nécessité. Comme il l'affirme, « ça doit être une nécessité absolue, ça doit te brûler ». Cette nécessité - qui est à l'origine de certains des films français les plus connus du XXIe siècle - provient d'un lieu de créativité qui ne peut être théorisé ou cartographié. En effet, comme l'a précisé le réalisateur, « il n'y a pas de recette ». Pour lui, dans le processus de création, affronter ses peurs est utile et peut être une source d'inspiration. « L’audace paie, le risque paie » a-t-il noté, affirmant que ce sont des territoires inexplorés qui créent la magie du cinéma. Pour lui, c'est là que commence la poésie : « il y a quelque chose qui nous échappe. La poésie, elle gagne, elle remporte le tout. »

En fin de compte, la recette d'Olivier Nakache pour créer du grand cinéma consiste à accepter l'incertitude, à embrasser les éléments d'aléatoire et de hasard qui surgissent au cours du processus de création et à laisser ses peurs alimenter une attention méticuleuse à son sujet. Bien qu'il ait déjà construit une carrière riche et variée avec Éric Toledano, Olivier Nakache ne montre aucun signe de ralentissement. « J’ai envie de cinéma, tant que j’ai la possibilité de m’exprimer, je ferai ça. », a-t-il conclu. 

L'équipe éditoriale de Sciences Po

En savoir plus

Téléchargez notre brochure