Accueil>Paul Claudel, diplomate à ses heures
02.08.2019
Paul Claudel, diplomate à ses heures
Poète et dramaturge français, frère de la sculptrice Camille Claudel, membre de l’Académie française, Paul Claudel est un ancien élève de Sciences Po. Bien que son parcours étudiant fut en demi-teinte, les années qu’il passa à Sciences Po ont été déterminantes dans le choix de sa carrière diplomatique. Parallèlement à ses fonctions de consul, Claudel a écrit des poèmes, pièces et essais, loués pour leur lyrisme. Catholique fervent souvent controversé pour ses positions politiques très à droite, Paul Claudel fut un grand artiste symboliste.
Né le 6 août 1868 à Villeneuve-sur-Fère d’un père fonctionnaire et d’une mère issue d’une famille de fermiers et de prêtres, Paul Claudel a grandit dans l’Aisne jusqu’au déménagement de sa famille à Paris, en 1882. En 1885, il débute ses études à Sciences Po. Il n’a que rarement mentionné son passage à l’école, peut-être parce qu’il y fut un élève moyen. Inscrit en “section administrative”, il suit principalement des cours en droit public et en finances. Deux essais conservés dans son dossier étudiant dans les archives de Sciences Po montrent qu’il obtient tout juste la moyenne. Les commentaires de ses professeurs attestent des limites scolaires du jeune Paul : “Ne sait pas suffisamment bien” ou encore “Peut mieux faire”.
Reconnaissant volontiers son intelligence, ses professeurs sont cependant déçus par ses résultats. Paul Claudel obtient finalement son diplôme en 1888 avec une note très moyenne de 22,625 points, 20 étant le minimum pour décrocher le précieux sésame.
Cependant, à bien d’autres égards, les années 1885-1888 furent très marquantes pour Paul Claudel. En juin 1886, il découvre Arthur Rimbaud et ses “Illuminations” qui vont avoir une influence majeure sur son travail littéraire. Le 25 décembre de la même année, il se convertit au catholicisme après avoir écouté un choeur dans la cathédrale Notre-Dame de Paris. Alors qu’il était plutôt athée dans sa jeunesse, la religion prend dès lors une place prépondérante dans sa vie. En 1886 également, il est publié pour la première fois. En 1887, enfin, il commence à fréquenter les mardis de Mallarmé.
Malgré ses piètres notes, Paul Claudel ne garde guère de griefs contre Sciences Po. Après avoir obtenu son diplôme, il contribue même au journal interne de l’école et, plus tard, donne volontiers accès aux chercheurs à son dossier étudiant. Les raisons pour lesquelles il a choisi d’étudier à Sciences Po restent assez obscures : probable qu’il a choisi ces études pour suivre le modèle paternel et mener une carrière dans le service public. À cette époque, la formation à Sciences Po se déclinait en effet en 4 filières dont 3 préparaient aux concours de la fonction publique : Diplomatie, Économie et finance et Administration. Paul Claudel choisit cette dernière, ce qui peut laisser penser qu’il n’avait pas encore envisagé une carrière dans la diplomatie. De plus, bien que le français fut alors la langue officielle de la diplomatie, l’anglais était cependant important et la maîtrise de l’anglais de Paul Claudel laissait à désirer...
Lorsqu’il fait le choix d’une carrière diplomatique, ce n’est ni par vocation, ni par tradition. Dans ses “Mémoires improvisés”, il écrit qu’il aspire avant tout à fuir le poids familial. “Paris m’étouffait. La vie de famille m’étouffait. Je désirais avant tout me donner de l’air (...). Il fallait par conséquent que je trouve un métier qui soit une ouverture pour moi.” Il songea alors à devenir interprète et à s’inscrire à l’Institut des langues orientales, même s’il n'avait jamais vraiment montré de talent ou d’intérêt particulier pour les langues étrangères.
Emile Boutmy, fondateur et alors directeur de Sciences Po le décourage de suivre cette voie et lui souffle de songer plutôt à la diplomatie. Claudel accepte et envoie, en décembre 1889 (plus d’un an après avoir reçu son diplôme), sa candidature à l’examen d’entrée prévu au mois de janvier suivant. Pour préparer l’examen, il est aidé par un professeur - dont le nom reste inconnu -, dont Claudel décrit la formation comme assez rudimentaire. À sa grande surprise, il est reçu premier. En 1893, sa carrière dans la diplomatie débute avec un poste de vice-consul à New-York, suivi d’un poste à Boston. En 1895, il est nommé consul à Shanghai.
En 1900, à l’âge de 32 ans, Paul Claudel cherche à mettre fin à sa carrière diplomatique et à rejoindre un monastère bénédictin en France, à Ligugé. Sa demande est rejetée mais il deviendra oblat quelques années plus tard pour cette même abbaye. Il prend par la suite un poste de consul en Chine, puis déménage à Prague, Francfort, Hambourg et, enfin, Rio de Janeiro. Il devient ambassadeur de France à Tokyo en 1922, puis à Washington en 1928 et, enfin, à Bruxelles, en 1933. Sa carrière dans la diplomatie s’achève en 1936.
C’est alors qu’il s’installe définitivement en Isère, au Château de Brangues, dont il est propriétaire. Dès lors, l’écriture devient son activité principale. Le 4 avril 1946, il est élu membre de l’Académie française. Il meurt à Paris en 1955.
Dates clés et principaux ouvrages
- 1887 : L’Endormie
- 1890-1901 : Tête d’or
- 1910 : Cinq grandes odes
- 1912 : L’Annonce fait à Marie
- 1929 : Le Soulier de satin
- 1946 : Élu à l’Académie française
- 1947 : Diplôme honoraire de l’Université catholique de Louvain
- 1951 : Grand-Croix de la Légion d’honneur
Sources
- ALLAIN, Jérémie. “Paul Claudel à Sciences-Po”, Bulletin de la Société Paul Claudel, no. 177, 1er trim. (mars 2005).
- Encyclopaedia Britannica