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21.06.2024

TikTok, IA, influenceurs : comment s'informe-t-on en ligne en 2024 ?

Chaque année, le Reuters Institute de l'université d'Oxford publie son Digital News Report. L'édition 2024 se focalise sur les médias en ligne et notamment l'importance croissante des réseaux sociaux comme TikTok, Instagram et YouTube dans la production et la consommation de l'information aux formats photo et vidéo. Elle s'appuie sur un sondage YouGov effectué sur un panel de 95 000 personnes dans 47 pays. 

La correspondante du Reuters Institute pour la France est Alice Antheaume, la directrice de l'École de journalisme de Sciences Po. Elle nous dévoile les principaux enseignements de cette étude, son rôle et la façon dont l'École prépare les étudiants aux nouveaux défis de l'univers des médias.

Quels sont les enseignements du digital news report 2024 ?

  • Les “influenceurs” de l’information font une percée remarquée en France. Ils ont des communautés bien établies et actives sur les plates-formes. Ainsi, Hugo Décrypte – qui est plus un journaliste professionnel qu’un influenceur – est doté d’une carte de presse et emploie près de 25 personnes pour produire des contenus sur YouTube, Instagram et TikTok. Salomé Saqué peut aussi être citée. L'engagement qu’ils obtiennent sur les plates-formes dépasse celui qu’obtiennent des médias plus traditionnels.
  • L’essor des vidéos d’actualités, courtes ou longues, qui sont devenues l’un des formats clés pour s’informer en ligne, tandis que le format podcast marque le pas.
  • Les milliardaires se positionnent pour acquérir des médias en France, à l'image de Vincent Bolloré – qui détient déjà CNews – avec le JDD ou de Rodolphe Saadé – propriétaire de La Provence et La Tribune Dimanche – avec BFM TV.
  • Faut-il donner le droit à tous les journalistes en France de voter pour ou contre tel ou tel directeur de la rédaction ? La question divise alors que le journal Les Échos a passé un an sans direction de la rédaction après un veto sur l’un des candidats, avant que ne soit approuvé par vote Christophe Jakubyszyn, et qu'en parallèle la nomination au JDD de Geoffroy Lejeune comme directeur de la rédaction a précipité une grève massive de plus de 40 jours dans la rédaction et le départ de près de 90 % des journalistes.
  • Les Français sont toujours peu nombreux (seulement 11 %) à payer pour de l’information, un chiffre qui reste stable année après année.
  • L’arrivée de l’IA dans le monde de l’information ne semble pas créer de gêne particulière tant que son usage se limite aux tâches subalternes des journalistes. Le Monde a signé un deal assez lucratif avec OpenAI et utilise déjà de la traduction générée par l’intelligence artificielle pour ses articles en anglais, avant de les faire relire et éditer par des humains.
  • L’année a été marquée en France par les États généraux de l’information, lancés par le président Emmanuel Macron, qui intègrent les questions de financement de l’information, la lutte contre la paupérisation du métier de journaliste, le droit d’agrément éventuel des journalistes sur le directeur de la rédaction qui les emploie, le respect du pluralisme, etc.

Quel est votre rôle en tant que correspondante pour la france du reuters institute ?

Je suis la correspondante du Digital News Report pour la France, c'est-à-dire que je participe à la rédaction des questions, à la collecte des données et ensuite à leur analyse, pour finir par rédiger la page sur notre pays. Il y a 47 pays analysés et autant de correspondants.

C’est un travail de plusieurs mois qui est réalisé grâce à l’exceptionnelle équipe du Reuters Institute for the Study of Journalism et qui m’apprend chaque année énormément.

De quelle façon les résultats de cette étude influencent ensuite l'École de journalisme ?

Grâce aux données collectées par le Digital News Report chaque année, nous avons accès à l’évolution des tendances et des usages en France et dans le monde en avant-première, si je puis dire.

Charge à nous ensuite d’adapter les enseignements de l’École de journalisme à ces évolutions. L’essor des vidéos d’actualités et leur distribution sont devenues un savoir-faire journalistique reconnu et recherché par les employeurs. Les étudiants de l'École de journalisme de Sciences Po bénéficient donc de cours obligatoires sur le sujet. De même, ils sont formés à l’économie des médias et au financement de l’information, et apprennent à développer des “start-ups de l’information” pour rénover le business model des médias de demain.

Enfin, l’extraordinaire réseau des correspondants présents dans les 47 pays étudiés par le Digital News Report est une source d’échanges, de partage de pratiques et de discussions très nourries qui permet de positionner l’École de journalisme comme l’une des écoles d’excellence de futurs journalistes.

(crédits : Reuters)

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