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25.08.2016

“La transformation numérique est une chance pour les femmes”

Rassemblant des femmes du monde entier, le Sommet mondial des femmes se déroulait à Varsovie, du 9 au 11 juin 2016. Avec comme thème : la place des femmes dans la vie politique et économique. Quatre étudiantes de Sciences Po, membres de l’association Politiqu’elles, y étaient. Rencontre avec Fatima-Ezahra El Ouasdi, Alice Liogier, Pauline Chanvin et Louise Moulié.

Quels types d'événements organisez-vous pour les étudiants au sein de l’association Politiqu’elles de Sciences Po?

Fatima EL OUASDI : Politiqu’elles travaille depuis trois ans sur la promotion des femmes en politique et dans la société civile. Nous organisons des événements visant le public étudiant de Sciences Po à différentes échelles : de nombreuses conférences à thème cette année, des rencontres avec des personnalités politiques de premier rang, et des formations et workshop, sur le leadership. Notre objectif est d’aider les étudiantes à s’insérer dans des milieux masculins et à prendre des responsabilités. Nous souhaitons également sensibiliser les étudiantes et étudiants sur des enjeux publics comme le harcèlement de rue ou le sexisme en politique.

Alice LIOGIER : Nous avons la volonté d’être utile aux étudiantes et étudiants en leur offrant des espaces de débats et des conseils grâce à nos intervenants. Nous incluons tout le monde, c’est pour cela que notre association est mixte et trans-partisane, c’est ce qui fait son originalité !

Pourquoi avez-vous choisi de participer au Sommet mondial des femmes à Varsovie ?

F. E.O. : Avec Alice, nous avons jugé qu’il était utile de s’y rendre pour représenter l’association et Sciences Po auprès de femmes et d'hommes influents. Y aller toutes les quatre donne une force supplémentaire à l’association. Ce type d’événement est utile pour s’inspirer des parcours, faire du networking au sein de la délégation française et des autres délégations. La délégation française était bien organisée cette année (nous étions 48), et je connaissais une partie de ses membres à la suite de mes précédentes participations individuelles, notamment Isabelle Gougenheim, qui avait organisé le Sommet 2014 à Paris. Elle travaille auprès de la ministre des Droits des femmes, Laurence Rossignol. Notre intégration s’est très bien passée grâce à des personnes comme Isabelle Gougenheim et Sandy Beky. Sandy a souligné le fait que notre intégration était primordiale dans une mission de mentorship et de solidarité.

A.L. : La nécessité d'inclure des jeunes dans ce genre d'initiatives est primordiale pour apporter un nouveau regard et du renouveau dans les débats.

Le thème de cette 26 édition du Sommet mondial des femmes était le développement de l'économie à l'ère du numérique. En quoi cette thématique permet d’éclairer votre vision de l’engagement féministe ?

F. E.O. : L’économie digitale et numérique est encore toute jeune, mais déjà beaucoup trop monopolisée par les hommes. Il est important de s’y intéresser, nous les femmes, de nous y investir pleinement. Et d'innover ! Le problème réside dans le fait que dans toute industrie qui se développe, des jeux de pouvoir se créent et que les femmes ont du mal à placer leurs cartes !

Louise Moulié : Nous sommes nées dans le numérique. Nous portons son avenir. C’était donc intéressant pour nous de voir comment le numérique peut être utilisé pour construire une société inclusive et favoriser la promotion de la femme.

Pauline Chanvin : Il faut promouvoir le digital auprès des femmes afin qu'elles ne restent pas en retrait comme cela a pu se produire tout au long du développement économique. C'est une sorte de nouveau départ. Il faut multiplier les évènements et les formations afin qu’elles aient toutes les cartes en main pour évoluer dans ce nouveau milieu fertile.

A.L.: L’espace numérique est aussi un lieu d’expression parfois très violent envers les femmes. Le sexisme, la violence des mots et des images relayées sur les réseaux sociaux doivent être aussi combattus. Plus les femmes seront nombreuses à s’approprier le terrain numérique, plus elles pourront aussi lutter contre ces dérives dangereuses.

Que vous ont apporté les discussions et les rencontres avec des personnalités qui agissent pour l’égalité femmes-hommes au quotidien?

F. E.O. : Cela donne de l’inspiration pour le combat au sein de l’association mais aussi sur la façon dont je veux mener ma carrière professionnelle. Je pense qu’il est primordial d’arriver sur le marché du travail en étant consciente de certains biais et pièges; puis de les gommer pour mieux réussir.

A.L.:  Quelques rencontres m’ont particulièrement marquée. Je pense en particulier à celle de Henryka Bochniarz, une femme politique et une femme d’affaires influente en Pologne - lauréate cette année du Women Leadership Award au Gala. Son parcours est impressionnant et elle a une véritable force de conviction et d’engagement. Elle a notamment pris la parole pour défendre les politiques de quotas et condamner la politique actuelle du gouvernement polonais qui est rétrograde pour les femmes. Ce genre de personnalité vous inspire et vous donne toujours plus envie de vous engager !

L.M. : Ça booste l’ego de se dire qu’on est sur la bonne voie, et surtout c’était un honneur de pouvoir s’adresser à toutes ces personnes à qui j’ai pu poser mes questions et avec qui j’ai échangé mes idées sans complexes

P.C. : Le petit déjeuner avec la ministre, Laurence Rossignol, a été particulièrement bénéfique pour moi. Elle nous a encouragées à prendre la parole, à nous assumer, bref à faire du bruit pour être vues. Elle a dit quelque chose comme “entre une fille gentille qui demande quelque chose calmement et une fille “chiante” qui exige, à votre avis qui va-t-on écouter ? À qui va-t-on céder ? A la fille chiante” Il ne faut plus avoir peur de s'imposer, sinon rien ne nous arrivera “naturellement”.

Que le Sommet vous a t-il inspiré pour l’année prochaine ?

F. E.O. : Y aller plus nombreuses et nombreux l’année prochaine à Tokyo ! Mais pas seulement, nous aimerions vraiment travailler et aider les étudiantes à s’insérer professionnellement. Nous réfléchissons à plusieurs formes, mais nous aimerions organiser un forum pour mieux faire se rencontrer les entreprises et les étudiantes.

A.L.: Après trois ans d’existence, Politiqu’elles arrive à une phase importante de sa construction : nous souhaitons faire grandir l’association et la faire évoluer. Au Sommet, nous avons pris conscience de l’importance des réseaux féminins en France et à l’étranger et de l’incroyable énergie de ces réseaux. Politiqu’elles veillera à mieux connaître ces réseaux et à en faire partie.

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