Accueil>Au tribunal, le premier musée virtuel de la justice

14.10.2016

Au tribunal, le premier musée virtuel de la justice

Hélène Bellanger enseigne l'histoire contemporaine de la justice pénale et les humanités numériques. Elle est chercheure au Centre d'histoire et à l'Ecole de droit de Sciences Po. Membre du comité de rédaction Criminocorpus, la plate-forme de publication scientifique sur l'histoire de la justice, elle pilote depuis la rentrée le projet sur un tribunal virtuel. L'objectif : créer un centre de ressources multimédia sur la justice pénale. Près de 150 étudiants de Sciences Po participent à l'aventure. Entretien à l'occasion de la journée "Nouvelles pédagogies en actions" organisée aujourd'hui à Sciences Po. 

Que pourra-t-on voir concrètement « au tribunal » ?

Le pouvoir de juger est ancré au cœur de la ville capitale depuis plus de huit siècles ; il faut un travail collectif et pluridisciplinaire pour tenter de l’approcher. Alors, concrètement vous pourrez visiter le Palais de justice de Paris avec des commentaires d’historiens spécialistes du Moyen-Age mais aussi des avocats ou des magistrats. Les internautes, curieux du fonctionnement d’une cour d’assises pourront visionner des interviews de jurés, de présidents, d’avocats généraux, de journalistes ou de dessinateurs d’audience et mieux comprendre la procédure grâce à des fiches juridiques. L’objectif est que ce musée soit accessible à tout citoyen et qu’il serve aussi aux étudiants ou aux professionnels. L’écriture numérique permet une formidable diversification des médias et des contenus.

C’est donc un projet entièrement coproduit avec les étudiants ? 

Oui et c’est ce qui en fait tout l’intérêt puisque le projet est décliné dans cinq enseignements durant l’année. On n’est pas dans un travail « scolaire classique », c’est aussi un processus de production de savoirs organisés, qui apporte des méthodes de travail indispensables aux étudiants, auquel s’ajoutent les rencontres avec les profes- sionnels du droit et de la justice. Cette année, environ 150 étudiants de Sciences Po participent à ce projet. Par exemple, des étudiants du master Histoire se sont penchés sur le procès Pétain avec l’aide de la bibliothèque de Sciences Po. L’objectif étant de publier les sources, nous mettrons à disposition le compte rendu intégral du procès, qu’ils ont lu et annoté, avec des archives de presse.

Ce projet ne mobilise donc pas uniquement le Centre d’histoire de Sciences Po et l’École de droit?

Non, l’École d’affaires publiques, l’École de communication, la bibliothèque, le service audiovisuel et numérique, font aussi partie de l’aventure. Sans compter une cinquantaine de contributeurs (universitaires et professionnels) et nos partenaires (la Cour d’appel de Paris, les archives du barreau, le centre des monuments nationaux, le musée d’Orsay notamment).

Propos recueillis par Clémence Fulleda (promo 14)

CRIMINOCORPUS, une référence sur l'histoire de la Justice

Lancé en 2005, Criminocorpus est une plate-forme de référence sur l’histoire de la justice, des crimes et des peines, dirigée par Marc Renneville. Ce portail propose notamment 32 expositions et visites de lieux de justice, une bibliothèque de plus de 85 000 pages, une bibliographie de plus de 68 000 références, des chronologies, des statistiques sur la justice, ainsi qu’une revue et un blog d’actualité. L’objectif est de promouvoir l’histoire de la justice sur le web, en s’adressant à la fois aux chercheurs, aux professionnels et à tous les publics. Cette démarche est soutenue par Sciences Po (Centre d’histoire, École de droit), le CNRS, le ministère de la Justice et les Archives nationales.

En savoir plus

Légende de l'image de couverture : Sciences Po