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05.10.2022
Une jeunesse engagée, enquête sur les étudiants de Sciences Po
Qui sont les étudiants de Sciences Po, quels sont leurs idéaux et leurs engagements ? Sur ces questions, parfois polémiques, c’est une réponse documentée et chiffrée que Martial Foucault et Anne Muxel, chercheurs du Centre de recherches politiques de Sciences Po proposent dans leur ouvrage Une jeunesse engagée, enquête sur les étudiants de Sciences Po, 2002-2022 (Presses de Sciences Po)
Une sociologie renouvelée
Trois fois plus nombreux en 2022 qu’il y a vingt ans, les étudiants de Sciences Po ne sont plus tout à fait les mêmes. Tout d’abord, la féminisation des effectifs est à noter avec 62% de femmes (contre à peine plus de 30% dans les années 80), tout comme la diversité géographique qui s’affirme (54% ne viennent pas d’Île-de-France) et une mixité sociale en progression : la part des étudiants issus de classe moyenne est de 20% contre 9% en 1998, celle des étudiants venant de milieux ouvriers passe elle de 3% en 1998 à 14% aujourd’hui. La population interrogée est satisfaite de Sciences Po à 80% même si la crise sanitaire fût une période difficile pour 70% d’entre eux et très difficile pour 27%.
Des étudiants militants…
Idéologiquement, la politisation s’est accentuée ; ainsi 9 étudiants sur 10 portent un intérêt à la politique et 79% d’entre eux s’y impliquent personnellement. Les étudiants sont de plus en plus à gauche, 71% se déclarent à gauche contre 57% en 2002 et, pour les moins politisés d’entre eux, le militantisme « alternatif » représente la voie privilégiée pour défendre leurs idées. Si la radicalité politique progresse (hausse de la participation à des actions protestataires), l’immense majorité des étudiants reste attachée à la démocratie représentative tout en appelant à un rôle croissant des démarches participatives.
L’environnement est la première cause pour laquelle les étudiants seraient prêts à se battre (26% des sondés), suivie par les inégalités (16%) puis par le droit des femmes (15%). Si en cela, ils et elles s’inscrivent dans une tendance générale d’évolution des jeunes générations, il est intéressant de noter que près de la moitié des étudiants (46%) a une conception positive du patriotisme.
… En quête d’espoir
Les résultats collectés témoignent d’un réel défaitisme : seul un étudiant sur deux estime que le monde se tourne vers plus de progrès, trois sur quatre estiment que le futur est effrayant. En ce qui concerne leur vision pour l’avenir, sont mentionnées des craintes liées aux catastrophes climatiques, guerres, risques de disparition des démocraties…
Cette enquête au long cours apporte un regard précis sur une communauté étudiante dont les sensibilités se confondent bien souvent avec celles des jeunes générations prises dans leur ensemble. Il en ressort aussi que Sciences Po est appelé à faire face à un défi majeur : redonner aux étudiants confiance en l’avenir en leur offrant les outils pour l’améliorer.