Camille Morineau et Louisa Babari

Trop de temps a été perdu à penser que les artistes femmes n’existaient pas, qu’il y en avait si peu. Aujourd’hui, leur masse critique invite à écrire une autre histoire, avec d’autres mots, d’autres mouvements, d’autres avant-gardes. 

L'École d'affaires publiques accueille l'historienne de l'art Camille Morineau, en dialogue avec Louisa Babari, artiste. 

Camille Morineau est fondatrice et directrice du collectif AWARE : Archives of Women Artists, Research & Exhibitions. Composée d’une équipe internationale, l’association travaille à rendre visibles les artistes femmes des XVIIIe, XIXe et XXe siècles en produisant et en mettant en ligne sur son site internet des contenus gratuits et entièrement bilingues (français / anglais) sur leurs œuvres.
AWARE représente une diversité de voix, avec des textes rédigés par plus de 500 chercheur·euses, curateur·rices, historien·nes de l’art féministes, critiques d’art et activistes du monde entier. Cette ressource unique en son genre rassemble des notices bibliographiques dédiées aux artistes femmes et non-binaires du champ des arts visuels, né·es entre 1664 et 1974, sans limite de médium ni de pays. Des aricles de recherches disponibles sur le site permettent d’approfondir les connaissances sur leurs parcours et leurs œuvres en les contextualisant au sein des courants artistiques, des évolutions sociétales, et de la pensée féministe.
Tous les ans, le collectif remet le prix AWARE a une artiste. Les prix AWARE apportent un nouveau regard sur les parcours d’artistes femmes et œuvrent pour une reconnaissance accrue de leur travail.

Née en 1969 à Moscou, d'une mère russe et d'un père algérien, Louisa Babari grandit à Alger, Moscou et Paris. 
Diplômée de l'Institut d'Etudes Politiques de Paris en section Internationale et de l'Institut National des Langues et Civilisations Orientales de Paris en Etudes contemporaines, Langue russe et Cinéma, elle vit à Paris. 
Sa production artistique, à l'intersection des arts visuels et sonores, de la théorie critique et de la littérature est constituée d'œuvres vidéo, d’installations photographiques et sonores, d'œuvres graphiques et de sculptures. 
Ses oeuvres activent formes et discours liés aux changements esthétiques et sociaux dans les anciens pays socialistes, aux résistances et luttes d’indépendance, à l'exploration de ses archives familiales, aux phénomènes de déplacement, aux questions liées au corps, à l'architecture, à la littérature et à la traduction.  
En 2014, son travail donne lieu à une publication, éditée par le photographe Alberto Garcia Alix pour sa maison d'édition madrilène. Depuis 2015, elle déploie un travail de recherche et réalise un corpus d’images sur les transformations liées à l'architecture et à l'histoire du bâti en Algérie. Elle réalise au Vietnam une série de photographies sur l’abandon de vieilles constructions par les populations villageoises qui sera acquise par le CNAP en 2021.
Elle contribue à la réalisation d'un film sur le lien entre l'architecture et les pédagogies innovantes (premier ensemble architectural moderne intégré à Paris, école à aires ouvertes Saint-Merri, maître d'ouvrage : Renzo Piano. 
Ses pièces sonores, qui explorent la relation entre la voix et la production littéraire, créent des espaces immersifs et discursifs et s’intéressent à la poésie. En 2018, elle crée pour la XIIIe biennale de Dakar, Voix Publiques, une installation sonore et un programme de poésie panafricaine qui, destinés à l’espace public, soutiennent la production littéraire africaine.
Ses œuvres ont été exposées et diffusées au Centre Georges Pompidou, au Mac Val, à la Fondation Kadist, à la Fondation d'art David Roberts, au Musée du quai Branly, au Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée et à la Biennale de Dakar. Elle collabore ponctuellement à des revues d’art et d’opinion (Analyse-Opinion-Critique, Something We Africans Got). En 2016, son travail est sélectionné pour le Prix des Amis du Palais de Tokyo avec Corps à corps, un corpus vidéo multilingue. En 2018, elle obtient la bourse du Fonds Roberto Cimetta avec le programme de poésie panafricaine. En 2021, elle est lauréate de la bourse de recherche et de production Mondes Nouveaux, ministère de la Culture. En 2023, elle est lauréate du Prix AWARE pour les artistes femmes. En 2026, son travail fera l’objet de deux expositions monographiques au Centre d’Art Contemporain Passage à Troyes et au Musée d’Art contemporain de Marseille.