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30.04.2024

Dans les coulisses du projet de recherche SAFEDUC

En 2023-24, dans le cadre d’une Initiative d’Excellence (Idex UP19) Sciences Po et Université Paris Cité s’associent pour mesurer la prévalence des violences sexistes et sexuelles dans la population étudiante. Ce projet de recherche SAFEDUC, piloté par le Programme d’études sur le genre (PRESAGE) de Sciences Po, vise à collecter des données quantitatives afin de cartographier les expériences des étudiantes et étudiants. Cette enquête en ligne anonyme se déroule dans les deux universités du 25 mars au 19 mai 2024 auprès de 82 000 étudiantes et étudiants. Dans cette interview, Violette Toye, secrétaire générale du Programme d’études sur le genre de Sciences Po, raconte l’administration d’un tel projet.

Quel est votre rôle dans ce projet ?

Je suis en charge de l'administration du Programme d'études sur le genre de Sciences Po et de la coordination de ses activités. Une grande partie de mon travail consiste à établir des connexions : connecter des idées, des personnes, des opportunités, afin d’établir le meilleur environnement de travail possible pour les chercheuses et chercheurs, les enseignantes et enseignants et les étudiantes et étudiants. Le projet de recherche SAFEDUC sur les violences sexistes et sexuelles était en préparation depuis un certain temps : nous attendions de pouvoir saisir le bon moment pour le mettre en œuvre. Finalement, avec l'aide de plusieurs collègues – et une touche de persévérance ! – nous avons obtenu le financement qui nous a permis de le concrétiser.

Quel est le lien entre le programme que vous administrez et les violences sexistes et sexuelles ?

Les violences de genre font partie de nos sociétés. Au cours de la dernière enquête Violences et rapports de genre (Virage) menée par l'Institut national d'études démographiques en 2015, une femme sur sept a déclaré avoir été victime d'au moins une forme d'agression sexuelle au cours de sa vie, contre un homme sur vingt-cinq. Que nous ayons vécu, été témoins ou entendu parler de telles violences, nous sommes toutes et tous concernés. Et c’est le rôle de la recherche en sciences humaines et sociales de sélectionner les méthodologies et les cadres analytiques appropriés pour comprendre pleinement ce phénomène, appréhender ses différentes facettes et évaluer des potentielles mesures qui contribueraient à l’éradication de ces violences. C'est précisément le rôle d'un programme transversal dédié aux études de genre comme le nôtre : nous collaborons régulièrement avec des chercheuses et des chercheurs de différentes disciplines pour créer des contenus accessibles sur le sujet. Par exemple, nous interviewons des chercheuseséditons le podcast Genre, etc., organisons des événements, des cours, etc.

Et que faites-vous concrètement ?

Il s’agit principalement d’un travail de coordination : créer des liens entre des sujets, entre des personnes, au bon endroit au bon moment. Cela signifie que je ne travaille jamais seule. Derrière un projet de recherche, il y a beaucoup de dimensions invisibles à un regard extérieur. Il y a bien sûr l'équipe de recherche, mais aussi de nombreuses et nombreux collègues que l’on ne voit pas, mais qui supportent le projet tout au long de sa mise en œuvre. À Sciences Po, nous avons par exemple travaillé avec l'équipe en charge des partenariats de la Direction de la formation et de la recherche, mais aussi avec des collègues en charge des ressources humaines, des affaires juridiques, de la communication ou de l’informatique. Sans leur travail, le projet n'aurait pas pu se dérouler comme souhaité, et mon rôle est de coordonner tout cela du mieux possible, de vérifier que tout se déroule bien, en essayant d'anticiper les événements et obstacles (im)prévus qui peuvent survenir tout en respectant notre calendrier.

J'ai fait partie du comité de pilotage de ce projet, j'ai donc participé à son déroulement au quotidien. Il a fallu par exemple trouver le moyen le plus efficace de faire connaître l'enquête auprès des répondantes et des répondants, ce qui, je sais que mes collègues Clara et Victor l’ont souligné, est essentiel pour garantir la représentativité des résultats.

Et est-ce qu’il y a eu des imprévus ?

Comme dans tout projet, rien n’est jamais écrit à l’avance, il y a toujours des imprévus. Par exemple, après avoir commencé à diffuser l'enquête nous avons observé que le fait d’aller à la rencontre des étudiantes étudiants directement sur les campus en leur fournissant un code QR menant directement vers le questionnaire faisait progresser le taux de réponse. Ainsi – et cela n'était pas prévu – nous avons recruté six étudiants de Sciences Po en vacations qui nous ont aidé à distribuer des flyers et à parler de SAFEDUC sur tous les campus de Sciences Po et de l'Université Paris Cité.

Comment évaluez-vous le projet maintenant que la diffusion de l'enquête touche à sa fin ?

Je suis contente que nous puissions mener ce projet de recherche. C'est stimulant : pour la première fois à Sciences Po et à l'Université Paris Cité, une équipe de recherche transdisciplinaire mesure la prévalence des violences sexistes et sexuelles. Ces dernières semaines ont été intenses : notre équipe a fait tout son possible pour maximiser le taux de réponse à l'enquête. Maintenant, nous allons entrer dans une nouvelle phase du projet dans laquelle je serai moins active : les chercheuses et chercheurs vont analyser toutes les réponses collectées, et nous partagerons leurs premiers résultats à la fin de l'année.

Interview réalisée par Eva Oliva.

En savoir plus

  • Consulter la page web dédiée au projet SAFEDUC et, pour les étudiantes, étudiants de Sciences Po et d'Université Paris Cité, répondre au questionnaire SAFEDUC.
  • Poursuivre la lecture de la série d'entretiens sur le projet SAFEDUC :
    • Hélène Périvier et Virginie Bonnot, les deux directrices scientifiques du projet, reviennent sur les origines et les objectifs du projet.
    • Clara Le Gallic-Ach et Victor Coutolleau expliquent les défis auxquels ils ont été confrontés et pourquoi tous les étudiants devraient remplir le questionnaire.
    • Marta Domínguez Folgueras, Associate Professor au Centre de recherche sur les inégalités sociales (CRIS) de Sciences Po, revient sur les liens entre violences, pouvoir, et hiérarchies sociales.
    • Joëlle Kivits, professeure de sociologie et de santé publique et vice-présidente déléguée Égalité, diversité, inclusion à l'Université Paris Cité revient sur la prévention de la violence.
    • Eva Oliva, salariée de l'Institut de sociologie de l'Académie des sciences de République tchèque, raconte son expérience en tant que stagiaire Erasmus + au sein du projet de recherche. 

Légende de l'image de couverture : Violette Toye (crédits : M. Botey / Sciences Po)

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