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12.04.2023

Femmes espionnes : relire l’histoire de la Seconde Guerre mondiale

Louise Francezon, jeune diplômée du master d’histoire de l’École de la recherche de Sciences Po, vient de remporter l’édition 2022 pour son mémoire sur la figure de la virago, étudiée sous le prisme de l’espionne de la Seconde Guerre mondiale. Elle nous raconte.

Pourquoi avez-vous choisi d’orienter votre parcours vers la recherche en histoire ?

J’ai toujours voulu m’orienter en histoire, mais sans véritablement envisager la voie de la recherche avant mes premières années à l’université. C’est en licence que j’ai découvert les nombreuses possibilités qu'offrait cette discipline et la stimulation intellectuelle que la recherche pouvait offrir. M’orienter dans un parcours de recherche me donnait la liberté d’approfondir les questions qui m’intéressaient le plus. Cela me permettait, par exemple, de travailler sur des groupes d’individus sous-représentés dans les grands récits historiques. Quant à mon attrait pour l’histoire en tant que discipline, j’ai toujours porté une certaine curiosité pour les sociétés du passé. Elles nous permettent d’accéder à un large éventail d’expériences et de nouvelles façons de penser - que nous n’aurions pas forcément imaginées - et je trouve cet aspect très stimulant.

Quel était le sujet de votre mémoire de Master ?

Je me suis intéressée aux agentes de renseignement pendant la Seconde Guerre mondiale. J’ai étudié les contingents de deux unités en particulier : l’une était française, le Bureau central de renseignements et d'action (BCRA), et l’autre anglaise, le Special Operations Executive (SOE) [en français : Direction des opérations spéciales]. J’ai axé ma réflexion sur les problématiques de genre que ces femmes soulevaient en s’immisçant dans un milieu traditionnellement réservé aux hommes. J’ai également regardé les discours de genre que les contemporains et contemporaines portaient sur ces femmes nouvellement introduites dans l’armée. 
C’est à ce moment là que j’ai remarqué l’importance du terme virago – ou “femme masculine” – dans les débats de l’époque : cette figure s’est imposée comme une problématique majeure. J’ai donc essayé de relire l’histoire de ces agentes de renseignement à l’aune de leur potentielle masculinisation. Mon mémoire s’intéresse aux transferts de genre qui se jouaient pendant la formation militaire de ces femmes, ou pendant leur immersion dans les mondes militaires, mais aussi dans les discours qui cherchaient à les représenter.

Pourquoi avoir choisi ce sujet en particulier ?

Je voulais travailler sur des femmes engagées dans l’armée en temps de guerre pour mieux comprendre les problématiques de genre qui se jouaient dans les mondes militaires. Je me suis souvenue du parcours de Noor Inayat Khan, une agente britannique engagée dans les services de renseignement anglais, que j’avais découvert en licence et dont le parcours avait attisé ma curiosité. En creusant un peu plus, j’ai vite identifié plus de noms et j’avais envie d’étudier ces femmes au-delà du prisme de l’histoire militaire. Ce sujet me permettait aussi de (re)visibiliser le travail de ces agentes de renseignement.

Pourriez-vous nous en dire plus sur le Prix Mnémosyne ?

Le Prix Mnémosyne est décerné chaque année par l’Association pour le développement de l’histoire des femmes et du genre qui regroupe des chercheurs et des chercheuses faisant un travail formidable pour promouvoir ces champs de recherche en histoire. L’association a par exemple développé un podcast très intéressant : Du genre dans l’histoire. Elle est aussi à l’origine de la revue Genre et Histoire.

Quels sont vos projets pour la suite ?

Je continue la recherche avec une thèse débutée en septembre dernier. Je m’intéresse toujours aux rapports entre femmes, genre et guerre, mais cette fois au travers de l’histoire des femmes photographes en temps de guerre.

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