Accueil>Portraits de diplômées 2024 : Alizé Norbelly
23.07.2024
Portraits de diplômées 2024 : Alizé Norbelly
Alizé Norbelly vient d’obtenir son diplôme de master en science politique à l’École de la recherche de Sciences Po assorti de la Certification avancée en études sur le genre. Dans cette interview, elle revient sur son parcours universitaire, entre philosophie contemporaine à l’École normale supérieure de Lyon et théorie politique à Sciences Po.
Pourquoi vous êtes-vous engagée dans un parcours en études sur le genre ?
Au cours de mon parcours universitaire, j'ai découvert la philosophie féministe à travers les travaux d'Iris Marion Young, une phénoménologue américaine ayant théorisé la notion de "city life", un espace urbain propice à la vie démocratique. J'ai ainsi plongé dans les études de genre et les études féministes qui répondaient à de nombreuses interrogations et revendications que j'avais pu porter jusque-là, adolescente et jeune adulte. Parallèlement à mon cursus, je me suis engagée dans la lutte féministe en devenant vice-présidente de l'association féministe de ma première école, l'ENS de Lyon, où j'ai étudié la philosophie. En double diplôme avec Sciences Po, j'ai poursuivi cet engagement en cherchant à nourrir mon expérience d'un solide outillage théorique. J'ai suivi des cours passionnants consacrés aux questions de genre et à la théorie féministe lors de mon master en science politique. J'ai réalisé un travail de recherche sur la manière dont les attentes des victimes de violences sexuelles à l'égard de l'institution judiciaire reconfigurent la pensée pénale française, sous la direction d'Astrid von Busekist, professeure à Sciences Po et Véronique Le Goaziou, chercheuse associée au Laboratoire méditerranéen de sociologie (Lames-CNRS). J'ai proposé une classification des attentes des victimes, puis j'ai isolé la notion d'attente politique, sur laquelle j'aimerais travailler au cours d'un doctorat.
Voulez-vous nous parler d'un cours en particulier suivi pendant votre cursus universitaire ?
À Sciences Po, j'ai suivi le cours "Debates in Contemporary Political Philosophy" d'Annabelle Lever. Plusieurs séances ont été consacrées à l'étude de grands textes de l'épistémologie féministe. J'y ai découvert une problématisation ambitieuse de l'idée de genre, une constellation de théorisations toujours renouvelées et discutées. J'ai été frappée par l'ampleur du débat, riche, que de nombreuses théoriciennes ont déjà mené, notamment outre-Atlantique. Pour mon essai final, j'ai choisi de répondre au sujet "How, if at all, does feminist theory change (for the better or for the worse) our perspective on philosophical and political issues?" que nous proposait madame Lever [en français : Comment la théorie féministe change-t-elle (pour le meilleur ou pour le pire) notre perspective sur les questions philosophiques et politiques ?]. J'ai adoré devoir interroger les grands enjeux philosophiques à l'aune des théorisations féministes. Ce travail m'a permis de relier les deux pans de ma formation, en philosophie puis en science politique. Les débats menés au sein de la classe de madame Lever ont nourri ma réflexion tout au long du semestre et j'ai aimé la manière dont celle-ci les orientait, nous menant toujours dans des contrées théoriques que nous n'avions pas encore explorées.
Quel est le meilleur souvenir de vos études à Sciences Po ?
Mon meilleur souvenir se compose d'une collection de moments passés entre la bibliothèque de la recherche et la cafétéria du Crous qui la jouxte. Avec mes camarades de master, nous y avons passé de nombreux après-midi, travaillant sur nos papers ou sur notre projet de mémoire. C'est au cours de ces moments de travail et de pause que j'ai eu des discussions formatrices et ambitieuses, remettant souvent en cause mes préjugés et certaines idées que je pensais solides. Je pense que c'est la grande force qu'offre Sciences Po à ses étudiants : un espace de dialogue et de débat propice à un épanouissement intellectuel et à une maturation de la réflexion sur le politique, bâti sur une formation riche et éclectique.
Avez-vous un conseil à donner aux futures et futurs diplômés ?
Prendre le temps, ne pas paniquer sur les échéances ou les rendus finaux mais se concentrer sur la possibilité, rare et précieuse, de pouvoir acquérir un savoir dense. Et prendre aussi le temps de s'engager dans les associations étudiantes, rencontrer des étudiantes et étudiants d'autres masters. Cela, aussi, fait partie de l'expérience universitaire !
Quels sont vos projets pour la suite ?
Je compte terminer ma scolarité parallèle à l'ENS de Lyon en m'engageant sur la voie de la recherche. Je prévois ensuite de candidater en thèse ... à suivre !