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Exposition des étudiantes et étudiants aux violences sexuelles et sexistes : résultats SAFEDUC 2024
Entre mars et mai 2024, les étudiantes et étudiants d’Université Paris Cité et de Sciences Po ont été invités à répondre à une enquête par questionnaire visant à mesurer la prévalence des violences sexistes et sexuelles (VSS) au sein de la population étudiante, les faits de violence vécus et les contextes dans lesquels ceux-ci sont advenus, afin de dresser un panorama du nombre et du type de violences vécues. Ce rapport présente les premiers résultats de l’enquête.
Virginie Bonnot (Cité du genre, LPS-UPCité) et Hélène Périvier (PRESAGE-Sciences Po) ont dirigé ce projet et l'ont coordonné avec Victor Coutolleau (PRESAGE-Sciences Po), Marta Domínguez Folgueras (CRIS-Sciences Po), Joëlle Kivits (ECEVE-UPCité), Clara Le Gallic-Ach (Ined - CRIS-Sciences Po), et Violette Toye (PRESAGE-Sciences Po).
Sommaire
Pourquoi une nouvelle enquête sur les violences sexistes et sexuelles ?
Les précédents à l’enquête
Dans la continuité des grandes enquêtes de prévalence des violences sexistes et sexuelles (VSS) en population générale (Bozon 1995, 2012; Jaspard and l’équipe Enveff 2001), des recherches ont montré que ce type de violence s’exerce sous des formes particulières à l’Université. En effet, le secteur de l’enseignement supérieur et de la recherche (ESR) est caractérisé par des rapports économiques, de genre, d’âge, de classe et de subordination qui diffèrent de ceux observés dans le monde du travail ou dans la société en général (Cardi, Naudier, and Pruvost 2005). Ces singularités appellent des approches spécifiques pour mieux comprendre ces phénomènes et proposer des dispositifs de lutte contre les VSS adaptés.
Le volet “universités” de l’enquête Violence et Rapports de genre (dite “Virage”, Ined, 2015) a permis de mesurer l’ampleur de ces violences dans quatre établissements d’enseignement supérieur (Brown et al. 2020; Lebugle, Dupuis, and l’équipe de l’enquête Virage 2018). Ces données datant de 2015 demeurent la principale source d’information scientifique au sujet de la prévalence des violences dans la population générale, et pendant longtemps la seule concernant la population étudiante. Plus récemment, des initiatives ont émergé soit à un niveau national (Observatoire des VSS dans l’enseignement supérieur), soit à des échelles locales à l’initiative d’universités (Université de Nantes, Université de Clermont-Ferrand, École Polytechnique) ou d’associations étudiantes (Ça pèse à Centrale Supélec). Ces travaux ont montré que ces violences touchent majoritairement les étudiantes et les minorités de genre, qu’elles dégradent leurs conditions d’apprentissage, leur vie sociale et leur santé. Par prolongement, elles sont susceptibles de nuire à leurs trajectoires professionnelles.
Les singularités du projet SAFEDUC
L’enquête SAFEDUC s’inscrit dans cet effort collectif de quantification des violences sexistes et sexuelles dans l’enseignement supérieur. Financé par l’Initiative d’Excellence Université Paris 2019 (IdEx UP19) et piloté par le Programme de recherche et d’enseignement sur le genre de Sciences Po, ce projet de recherche a reçu le soutien de la Cité du Genre d’UPCité1. Le projet a été mené par une équipe de recherche pluridisciplinaire issue des deux institutions partenaires. Fondée sur une méthode rigoureuse, elle offre un protocole d’enquête reproductible dans d’autres établissements dans une optique comparative. Les résultats doivent aider les établissements d’enseignement supérieur et de recherche mais aussi la population étudiante, et plus généralement les pouvoirs publics à prendre la mesure du phénomène. Ils peuvent ainsi aider à élaborer des politiques institutionnelles adaptées pour lutter contre ces violences.
Ce rapport présente un premier état des lieux de l’ampleur des VSS au sein des populations étudiantes des deux institutions partenaires. L’enquête couvre les violences qui émergent dans le cadre de la vie étudiante, celui-ci allant de la salle de cours aux stages et activités professionnelles parallèles, incluant les manifestations sportives et les évènements privés. Elle fournit des données précieuses non seulement sur la prévalence de ces violences, mais aussi sur les contextes d’émergence, le profil des auteurs et autrices, ainsi que sur leurs conséquences.
Nos résultats confirment ceux des autres enquêtes comparables : les violences sexistes et sexuelles y touchent davantage les femmes ainsi que des minorités de genre et de sexualité. Elles affectent les conditions de vie et d’études, et ce faisant nuisent à l’égalité des chances dans le parcours universitaire et professionnel. L’enquête est appelée, par sa diffusion et par les traitements complémentaires qu’elle va voir naître, à participer à un mouvement plus général de prise de conscience de l’ampleur et des spécificités des violences sexistes et sexuelles touchant la population étudiante.
Quelques points de vigilance
L’enquête s’est déroulée de la mi-mars à la mi-mai 2024, recueillant 4 649 réponses complètes, ainsi que 901 questionnaires partiellement remplis. Le taux de participation global s’élève à 8,1 %, avec une nette disparité entre les deux institutions : près de 20 % à Sciences Po (n = 2 958) et 5 % à UPCité (n = 2 592). Au sein de chaque établissement, le taux de réponse varie selon les filières, années, etc. La synthèse de la méthode et de la passation de l’enquête est détaillée dans un article dédié à ces questions, dans lequel nous détaillons les biais d’échantillonnage propres à ce type d’enquête et nous proposons des solutions pour les atténuer, au moins partiellement (WP passation).
La composition sociodémographique de l’échantillon des répondant·es diffère de celle de la population étudiante de chaque institution avec, notamment, une surreprésentation des femmes, des enfants de cadres et professions intellectuelles supérieures, ainsi que des étudiant·es boursier·es. Pour corriger ces biais et améliorer la représentativité de l’échantillon, une variable de pondération a été créée à partir des informations disponibles sur la population étudiante des deux établissements2.
Il reste un biais de représentativité lié au faible taux de réponse inhérent à ce type d’enquête, il s’agit de celui des victimes de VSS. En effet, les personnes n’ayant pas subi de VSS violences peuvent être moins enclines à répondre à l’enquête car ne se sentant pas directement concernées par le sujet, dans ce cas la prévalence est surestimée. A contrario, les personnes victimes peuvent être moins enclines à y répondre par peur de raviver des souvenirs douloureux ou par peur d’une levée de l’anonymat, dans ce cas le taux de prévalence est sous-estimé. Il est impossible de corriger ces biais, nous présentons donc plusieurs taux, un taux de prévalence minimum, un taux ajusté ou “pondéré" et un taux brut :
- Le taux minimum consiste à rapporter le nombre de personnes déclarant avoir subi un fait de violence dans l’enquête à l’ensemble de la population étudiante. Cela suppose que toutes les victimes ont répondu à l’enquête, ce qui n’est pas le cas, ce taux n’est donc pas crédible. Cependant, le taux de prévalence réel ne peut en aucun cas y être inférieur.
- Le taux brut consiste à rapporter le nombre de personnes déclarant avoir subi un fait de violence à l’ensemble répondant·es. Cela revient à supposer que l’échantillon soit représentatif de la population générale au regard de caractéristiques standards (genre, origine sociale, année et filière d’ étude, etc. ), mais aussi au regard des violences. Cela n’est pas le cas, néanmoins ce taux représente la part exacte de victimes parmi les personnes ayant participé à l’enquête.
- Le taux de prévalence pondéré est calculé à partir des effectifs redressés par pondération, c’est-à-dire pour lesquels les biais de représentativité ont été en partie corrigés au regard de certaines caractéristiques (genre, origine sociale, année et filière d’étude, etc.). Le taux est calculé au sein de la population de répondant·es à la manière du taux brut. Il représente mieux les populations étudiantes des deux établissements au regard des caractéristiques ayant fait l’objet d’une correction. Étant donné que le fait de subir des VSS est corrélé avec certaines caractéristiques dont le genre, ce taux pondéré corrige partiellement le biais de déclaration relatif aux VSS.
L’analyse statistique présentée dans ce rapport a été réalisée à partir des questionnaires complets, soit 4 649 réponses. Le profil des personnes ayant renoncé à aller au bout du questionnaire a été étudié dans un document dédié à l’analyse de la passation de l’enquête (Coutolleau, Le Gallic-Ach, and Périvier (2025)).
Prévalence des catégories de violences
Les faits mesurés par l’enquête
Les enquêtes de victimation, réalisées à partir des méthodes de sondage, complètent notre connaissance d’un phénomène social mesuré le plus souvent à partir de données administratives. Elles constituent l’outil le plus adapté pour caractériser et mesurer les violences vécues par les victimes, car les questions sont formulées de sorte que les personnes répondantes reconnaissent leur vécu dans les descriptions des VSS sans connaissances juridiques. Ainsi, les questions posées ne se limitent pas à une qualification légale des faits et couvrent un large éventail de situations en les décrivant de façon précise et concrète.
SAFEDUC adopte une définition large des violences de genre, telle que proposée par la Convention d’Istanbul3, et par une littérature qui montre que les violences verbales, économiques, physiques et sexuelles se chevauchent dans un système de multivictimation. Documenter l’ensemble de ces dimensions permet de saisir à la fois l’émergence des violences et leurs conséquences.
Pour atteindre ce degré de précision, le questionnaire doit comporter un nombre important de questions. Le questionnaire de SAFEDUC demandait aux répondant·es si, dans le cadre de leurs études4, elle et ils avaient été exposés à 14 faits de violences, allant des moqueries à des faits qualifiables d’agressions sexuelles, de viols ou de tentatives de viols. Afin de garantir une comparabilité entre les études, les 14 faits et leur formulation étaient similaires à ceux mesurés dans les questionnaires de Virage Universités et, plus récemment, de Nantes Université5. Ensuite, des questions sur le contexte de ces violences étaient adressées aux personnes ayant déclaré des faits de violence au cours des 12 derniers mois.
Afin de synthétiser les résultats de l’enquête, les faits de violences ont été rassemblés en quatre catégories de violences : les atteintes psychologiques ou sociales rassemblent des faits de violence ne présentant pas nécessairement de dimension sexuelle (moquerie, mise à l’écart d’activités collectives, etc.). Les atteintes personnelles à dimension sexuelle correspondent à des faits de violence à dimension sexuelle, mais n’impliquant pas directement de contact physique (geste à caractère sexuel, fait d’avoir été suivi ou suivie, confrontation à des faits d’exhibitionnisme). Les atteintes à l’intégrité physique ou sexuelle décrivent des faits de violence physique ou sexuelle avec contact : attouchements, administration de substance à l’insu de la victime, ou encore l’exercice de pressions grave dans l’objectif d’obtenir une faveur sexuelle. La quatrième catégorie se concentre sur les faits qualifiables de viols ou de tentatives de viols6. Le détail des questions et de la classification sont résumés dans la Note 1.
À cet égard, les comparaisons avec d’autres enquêtes doivent être interprétées avec prudence : plus le nombre de faits pris en compte par l’enquête est important, plus les étudiantes et étudiants sont susceptibles d’en avoir été victimes. La comparaison avec d’autres enquêtes n’est pertinente qu’à partir de faits de violences précis, présentant des formulations identiques ou proches ou à partir de catégorisations regroupant les mêmes faits.
Note 1 : Catégorisation des faits de violence
- Avez-vous subi des moqueries ou des propos dégradants ou humiliants (remarques sur votre apparence ou votre corps par exemple) ?
- Est-il arrivé que quelqu’un vous tienne volontairement à l’écart des activités étudiantes, collectives ou festives ?
- Est-il arrivé que quelqu’un s’approprie votre travail ou le fasse disparaître ? Que quelqu’un vous force à faire son travail à sa place (devoir, mémoire, exposé…) ?
- Est-il arrivé que quelqu’un porte atteinte à votre réputation ou tente de le faire, en répandant des rumeurs par exemple ?
- Quelqu’un a-t-il porté atteinte à votre image ou menacé de le faire (diffusion de vidéos ou photos intimes ou prises à votre insu, montage photo…) ?
- Quelqu’un a-t-il eu à votre égard des propos ou des gestes à caractère sexuel qui vous ont mis mal à l’aise (mime de geste sexuel, propositions sexuelles, réflexion sur votre vie sexuelle…) ?
- Vous a-t-on imposé des images à caractère pornographique qui vous ont mis mal à l’aise (conversation de groupe, photos intimes non sollicitées…) ?
- Est-il déjà arrivé qu’on vous suive, qu’on vous contacte ou sollicite de manière insistante au point de vous mettre mal à l’aise ou de vous faire peur ?
- Avez-vous eu affaire à un ou une exhibitionniste ou à un voyeur ou une voyeuse ?
- Est-il arrivé que quelqu’un lance un objet contre vous avec l’intention de vous blesser, vous pousse ou secoue brusquement ou vous frappe ?
- Quelqu’un vous a-t-il administré à votre insu une substance (par exemple addictive ou médicamenteuse) de nature à altérer votre discernement ou le contrôle de vos actes ?
- Est-il déjà arrivé que quelqu’un touche vos fesses, vous coince pour vous embrasser, se colle ou se frotte à vous contre votre gré ou que quelqu’un vous force à faire ou à subir des attouchements des parties intimes ?
- Est-il arrivé que quelqu’un use à votre encontre de toute forme de pression grave dans le but d’obtenir de vous un acte de nature sexuelle ? Est-il arrivé que l’on vous fasse craindre des représailles si vous refusiez d’accéder à une demande sexuelle ou que l’on vous laisse entendre que vous pourriez bénéficier d’une récompense si vous accédiez à une demande sexuelle ?
Quelqu’un a-t-il essayé ou est-il parvenu à avoir un rapport sexuel avec vous, que ce rapport implique une pénétration (effectuée par le sexe, les doigts ou un objet) ou un contact sexe-bouche, sans que vous l’ayez voulu ?
Les taux de prévalence
Les taux de prévalence mesurés pour les quatre catégories de violences sont présentés dans un premier temps de manière synthétique à partir des effectifs bruts dans le tableau 1. Les individus ayant déclaré des violences au cours des 12 derniers mois sont inclus dans les effectifs utilisés pour calculer le taux de prévalence depuis le début des études supérieures. Il ressort que 8,6 % des répondant·es déclarent avoir subi au moins une fois un viol ou une tentative de viol depuis le début de leurs études supérieures, 28,4 % déclarent avoir subi au moins un fait du type “atteintes à l’intégrité physique ou sexuelle”, 50,3 % déclarent avoir subi au moins un fait du type “atteintes personnelles à dimension sexuelle” et 40,6 % déclarent avoir subi au moins un fait de type “atteintes psychologiques ou sociales”.
Tableau 1 : Taux de prévalence brut des différentes catégories de violences
Depuis le début des études | dont au cours des 12 derniers mois | |
---|---|---|
Atteintes psychologiques ou sociales | 40.6 | 21.5 |
Atteintes personnelles à dimension sexuelle | 50.3 | 29.9 |
Atteintes à l'intégrité physique ou sexuelle | 28.4 | 13.6 |
Viols ou tentatives de viols | 8.6 | 2.7 |
Source : SAFEDUC (UPCité & Sciences Po, 2024). | ||
Champ : Population étudiante de Sciences Po et Université Paris Cité en formation initiale ou en apprentissage. | ||
Lecture : 40,6 % des étudiantes et étudiants d’Université Paris Cité et de Sciences Po déclarent avoir vécu au moins un fait de type “atteintes psychologiques ou sociales” depuis le début de leurs études. |
Les taux de prévalence pondérés sont déclinés par catégorie de genre sur les deux temporalités mesurées par l’enquête dans le graphique 1. Ce graphique inclut uniquement les hommes et les femmes7. Les taux bruts de prévalence touchant les répondant·es non binaires ou préférant un autre terme pour se définir sont présentés plus bas (tableau 2).
Graphique 1 : Taux pondérés de prévalence des différentes catégories de violences selon le genre (hors personnes non binaires ou utilisant un autre terme)

De manière cohérente avec les résultats des autres enquêtes citées, les femmes sont surexposées aux faits de violences sexistes et sexuelles. Si les femmes et les hommes déclarent dans des proportions relativement proches des faits d’atteintes psychologiques ou sociales aussi bien au cours des 12 derniers mois (19 % des répondants contre 22 % des répondantes) que depuis le début des études supérieures (41 % des femmes contre 37 % des hommes)8, l’écart entre les deux catégories se creuse dès que les violences prennent une dimension sexuelle. De fait, les étudiantes sont plus susceptibles de déclarer des faits d’atteintes personnelles à dimension sexuelle que des faits d’atteintes psychologiques ou sociales : plus de la moitié des répondantes (57 %) déclare ainsi avoir vécu des faits d’atteinte personnelle à dimension sexuelle depuis le début de leurs études, alors qu’une minorité de répondants en déclarent (30 %)9.
L’écart est également visible pour les atteintes à l’intégrité physique ou sexuelle10, ainsi que pour les faits de viols ou de tentatives de viols : une étudiante sur dix déclare avoir vécu des faits de ce type depuis le début des études supérieures, contre seulement 3 % des hommes11.
Ces estimations montrent la forte prévalence des violences sexistes et sexuelles dans la vie étudiante et la sur-représentation des femmes parmi les victimes. Une part importante des répondant·es déclarent avoir été exposé·es aux violences depuis le début de leurs études supérieures, mais aussi au cours des 12 mois précédant l’enquête.
Les taux de prévalence sont sensiblement les mêmes qu’ils soient calculés sur la base des effectifs pondérés ou sur la base des effectifs bruts (tableau 2). Les taux de prévalence déclarés par les personnes se disant non-binaires ou préférant un autre terme doivent être interprétés avec prudence au regard des faibles effectifs (n=141). On note cependant que les personnes de cette catégorie de genre déclarent des violences dans des proportions similaires aux femmes sur les 12 derniers mois, et en déclarent davantage depuis le début des études supérieures. Les personnes non-binaires ou s’identifiant autrement semblent donc, comme les femmes, surexposées aux violences au cours de leur vie étudiante comparativement aux hommes12. De plus, les personnes non-binaires ou préférant un autre terme déclarent significativement plus souvent que les femmes avoir subi des atteintes psychologiques ou sociales depuis le début de leurs études supérieures13.
Tableau 2 : Estimation du taux de prévalence des différentes catégories de faits de violence selon le genre
Femmes (n=3298)
|
Hommes (n=1210)
|
Non-binaires, autre terme (n=141)
| |||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Taux min.1 |
Estimation
| Taux min.1 |
Estimation
| Taux min. |
Estimation
| ||||
Taux pond.2 | Taux brut.3 | Taux pond.2 | Taux brut.3 | Taux pond. | Taux brut.3 | ||||
Atteintes psychologiques ou sociales | |||||||||
Depuis le début des études | 3.0 | 40.8 | 41.2 | 1.9 | 36.7 | 37.0 | - | - | 56.7 |
dont au cours des 12 derniers mois | 1.6 | 21.5 | 22.0 | 1.0 | 19.2 | 19.6 | - | - | 25.5 |
Atteintes personnelles à dimension sexuelle | |||||||||
Depuis le début des études | 4.1 | 56.8 | 56.8 | 1.6 | 30.1 | 31.0 | - | - | 63.8 |
dont au cours des 12 derniers mois | 2.6 | 35.1 | 35.7 | 0.7 | 13.4 | 14.0 | - | - | 32.6 |
Atteintes à l’intégrité physique ou sexuelle | |||||||||
Depuis le début des études | 2.3 | 32.1 | 31.9 | 0.9 | 17.8 | 17.8 | - | - | 36.9 |
dont au cours des 12 derniers mois | 1.2 | 16.0 | 15.8 | 0.4 | 7.5 | 7.6 | - | - | 15.6 |
Viol ou tentative de viol | |||||||||
Depuis le début des études | 0.8 | 9.9 | 10.3 | 0.2 | 2.9 | 3.4 | - | - | 12.8 |
dont au cours des 12 derniers mois | 0.2 | 3.1 | 3.2 | 0.1 | 1.2 | 1.3 | - | - | 3.5 |
Source : Enquête SAFEDUC (UPCité & Sciences Po, 2024). | |||||||||
Champ : Population étudiante de Sciences Po et Université Paris Cité en formation initiale ou en apprentissage. | |||||||||
Lecture : 3,2 % des étudiantes ayant participé à l’enquête déclarent avoir subi un fait assimilable à un viol ou à une tentative de viol au cours des 12 derniers mois. | |||||||||
1 Les taux minimaux sont donnés à titre indicatif, ils reposent sur l’hypothèse peu crédible que toutes les personnes victimes de VSS d’UPCité et Sciences Po ont effectivement participé à l’enquête. | |||||||||
2 Les taux pondérés correspondent aux taux de prévalence calculés sur l’échantillon pondéré. | |||||||||
3 Les taux bruts correspondent au rapport entre le nombre de personnes se déclarant victimes de VSS dans l’enquête et le nombre de participant·es. |
La prévalence des VSS sur les 12 derniers mois
L’une des originalités de l’enquête SAFEDUC tient à son déploiement simultané dans deux établissements, ce qui permet de comparer les taux de prévalence entre ces deux populations. La temporalité du début des études supérieures n’est pas pertinente car elle inclut le passage par différents établissements.
On constate que les différences de taux de prévalence mesurés pour les 12 derniers mois14 ne sont pas statistiquement significatives (tableau 3). Les taux observés dans SAFEDUC sont similaires à ceux issus des enquêtes récentes comparables. Cette convergence des résultats donne un ordre de grandeur de la prévalence des différentes catégories de violence. Le taux de prévalence des viols et tentatives de viol sur les 12 derniers mois se situe entre 2 et 3 %15, celui relatif aux attouchements sexuels se situe aux alentours de 10 %16. L’ensemble des faits de violence sont largement répandus dans la vie étudiante et touchent prioritairement les femmes et les minorités de genre et de sexualité, même si d’autres facteurs affectent également la victimation.
Tableau 3 : Taux pondérés de prévalence des violences survenues durant les 12 derniers mois selon l’établissement
Sciences Po | UPCité | Écart1 | |
---|---|---|---|
Atteintes psychologiques ou sociales | 21.1 | 20.1 | ns |
Atteintes personnelles à dimension sexuelle | 27.2 | 27.8 | ns |
Atteintes à l’intégrité physique ou sexuelle | 14.1 | 11.8 | ns |
Viol ou tentative de viol | 2.6 | 2.2 | ns |
Effectifs | 2556 | 2093 | - |
Source : SAFEDUC (UPCité & Sciences Po, 2024). | |||
Champ : Population étudiante de Sciences Po et Université Paris Cité en formation initiale ou en apprentissage. | |||
Lecture : 2,2 % des étudiantes et étudiants d’Université Paris Cité déclarent avoir subi un fait assimilable à un viol ou à une tentative de viol au cours des 12 derniers mois. | |||
1 Test du Khi² appliqué aux effectifs bruts; ns = non-significatif au seuil de 5 %. |
Des facteurs à risque
La probabilité de déclarer des faits de violence est fortement influencée par le genre. L’enquête SAFEDUC met en évidence d’autres facteurs de risque tels que l’orientation sexuelle déclarée et l’exercice d’une activité rémunérée.
L’effet de l’orientation sexuelle
Le questionnaire comprend une question sur l’orientation sexuelle déclarative. On observe des écarts importants entre personnes non-hétérosexuelles et hétérosexuelles (tableau 4). De manière cohérente avec d’autres enquêtes (Mellins et al. 2017), les premières déclarent davantage avoir subi des faits de violences que les secondes. Ainsi, pour les 4 catégories de violence, les hommes gays, bis ou préférant un autre terme sont plus susceptibles de déclarer des violences que les hommes hétérosexuels, aussi bien sur les 12 derniers mois que depuis le début des études17. Il en est de même pour les femmes lesbiennes, bies ou préférant un autre terme comparativement aux femmes se disant hétérosexuelles18.
Tableau 4 : Taux pondérés de prévalence des différentes catégories de faits de violence selon l’orientation sexuelle déclarée
Femmes
|
Hommes
| |||
---|---|---|---|---|
Non-hétérosexuelles (n=1102) | Hétérosexuelles (n=2005) | Non-hétérosexuels (n=301) | Hétérosexuels (n=853) | |
Atteintes psychologiques ou sociales | ||||
Depuis le début des études | 46.3 | 38.8 | 46.0 | 33.2 |
dont au cours des 12 derniers mois | 26.0 | 19.7 | 25.1 | 17.1 |
Atteintes personnelles à dimension sexuelle | ||||
Depuis le début des études | 63.1 | 54.6 | 44.7 | 24.6 |
dont au cours des 12 derniers mois | 42.3 | 32.1 | 23.6 | 9.5 |
Atteintes à l’intégrité physique ou sexuelle | ||||
Depuis le début des études | 39.5 | 29.3 | 30.0 | 14.1 |
dont au cours des 12 derniers mois | 19.6 | 14.7 | 13.3 | 5.8 |
Viol ou tentative de viol | ||||
Depuis le début des études | 13.8 | 8.3 | 9.1 | 0.9 |
dont au cours des 12 derniers mois | 5.0 | 2.3 | 3.7 | 0.4 |
Source : SAFEDUC (UPCité & Sciences Po, 2024). | ||||
Champ : Population étudiante de Sciences Po et Université Paris Cité en formation initiale ou en apprentissage. | ||||
Lecture : 38,8 % des étudiantes se disant hétérosexuelles déclarent avoir subi au moins une atteinte psychologique ou sociale depuis le début de leurs études. |
Les hommes non-hétérosexuels déclarent plus souvent avoir subi des atteintes psychologiques ou sociales que les femmes hétérosexuelles, mais ces dernières sont plus susceptibles de déclarer des atteintes personnelles à dimension sexuelle. Cela tient probablement à une différence entre des violences psychologiques ou verbales ciblant particulièrement des hommes s’éloignant du standard de l’hétérosexualité, et des violences psychologiques à caractère sexuel touchant les femmes en général. La catégorie des hommes hétérosexuels se démarque par une moindre exposition aux violences comparativement aux trois autres groupes.
L’exercice d’une activité rémunérée
Un autre facteur de victimation peut être identifié dans l’enquête SAFEDUC : l’exercice d’une activité rémunérée au cours des 12 derniers mois, ainsi que le degré de dépendance matérielle à cette activité (tableau 5).
Tableau 5 : Taux pondérés de prévalence des catégories de faits de violence au cours des 12 derniers mois selon l’exercice d’une activité rémunérée
Sans activité rémunérée (n=1285)
|
Exerce une activité rémunérée
| ||
---|---|---|---|
Pas du tout ou plutôt pas indispensable (n=1811) | Plutôt ou tout à fait indispensable (n=1455) | ||
Atteintes psychologiques ou sociales | |||
Depuis le début des études | 32.4 | 36.7 | 48.4 |
dont au cours des 12 derniers mois | 17.8 | 20.3 | 23.8 |
Atteintes personnelles à dimension sexuelle | |||
Depuis le début des études | 37.5 | 45.6 | 58.3 |
dont au cours des 12 derniers mois | 23.0 | 27.3 | 32.1 |
Atteintes à l’intégrité physique ou sexuelle | |||
Depuis le début des études | 18.5 | 25.2 | 36.8 |
dont au cours des 12 derniers mois | 10.1 | 13.5 | 15.6 |
Viol ou tentative de viol | |||
Depuis le début des études | 5.2 | 6.9 | 9.9 |
dont au cours des 12 derniers mois | 2.5 | 2.6 | 2.3 |
Source : SAFEDUC (UPCité & Sciences Po, 2024). | |||
Champ : Population étudiante de Sciences Po et Université Paris Cité en formation initiale ou en apprentissage. | |||
Lecture : 32,4 % des étudiantes et étudiants n’ayant pas déclaré d’activité rémunérée dans les 12 mois précédant l’enquête disent avoir subi au moins un fait de violence du type atteinte psychologique ou sociale depuis le début de leurs études. |
Plus l’exercice d’une activité rémunérée est décrit comme « indispensable pour vivre »19, plus les répondant·es sont susceptibles de déclarer des violences. Cette tendance se retrouve depuis le début des études supérieures pour l’ensemble des faits de violences, et sur les 12 derniers mois pour les 3 premières catégories de faits.
Plusieurs hypothèses peuvent expliquer cette tendance. Tout d’abord, la présence sur le lieu de travail peut accroître le nombre de lieux où des violences peuvent survenir et donc multiplier les situations de victimation. Il est également possible que l’exercice d’une activité rémunérée et la dépendance à cette activité soient le résultat d’une précarité rendant ces personnes particulièrement vulnérables. Ainsi, il ressort de l’enquête que les étudiants et étudiantes dépendant d’une activité rémunérée constituent une population à risque quant à la déclaration de violences sexistes et sexuelles dans leur vie étudiante.
Dans quels contextes émergent ces violences ?
Pour faciliter la compréhension de la notion de cadre étudiant, le questionnaire précisait : Il peut s’agir de faits qui se sont déroulés dans votre établissement, mais également hors de celui-ci, par exemple dans le cadre d’un stage, d’une alternance, ou dans votre vie sociale étudiante (relations amicales, amoureuses, etc.). Afin de préciser le contexte dans lequel surviennent les violences, le questionnaire contenait des modules permettant de contextualiser les violences déclarées au cours des 12 derniers mois.
Où ?
Les questions relatives aux lieux dans lesquels les violences déclarées ont été vécues comprennent 20 modalités que nous regroupons en 5 catégories :
- Les locaux de l’établissement (salles de cours, espaces communs…)
- Les évènements organisés par l’établissement ou ses associations (évènements sportifs, associatifs, institutionnels)
- Le cadre privé (soirées ou week-end entre étudiant·es, domicile, voiture, en ligne, …)
- Le cadre professionnel (stage, alternance, job étudiant, terrain de recherche, …)
- D’autres lieux (espace public, lieu désigné comme “Autre”)
Tableau 6 : Lieux de survenue des faits de violences au cours des 12 derniers mois (plusieurs lieux possibles pour un même fait)
Au sein de l'établissement | Lors d'un évènement universitaire | Cadre privé | Cadre professionnel | Autre cadre | Total | Eff. lieux | |
---|---|---|---|---|---|---|---|
Atteintes psychologiques ou sociales | 32.6 | 10.6 | 35.2 | 8.9 | 12.7 | 100 | 1853 |
Atteintes personnelles à dimension sexuelle | 19.4 | 2.8 | 31.2 | 10.2 | 36.2 | 100 | 1476 |
Atteintes à l’intégrité physique ou sexuelle | 11.3 | 6.3 | 41.6 | 4.9 | 35.9 | 100 | 635 |
Viol ou tentative de viol | 0.8 | 1.6 | 84.8 | 1.6 | 11.2 | 100 | 125 |
Source : SAFEDUC (UPCité & Sciences Po, 2024). | |||||||
Champ : Population étudiante de Sciences Po et Université Paris Cité en formation initiale ou en apprentissage et ayant déclaré au moins un fait de violence au cours des 12 derniers mois. | |||||||
Lecture : 32,6 % des lieux cités par les étudiant·es déclarant avoir subi des faits du type atteintes psychologiques ou sociales se situent au sein de l’établissement. |
Le cadre privé est surreprésenté parmi les lieux de survenue des violences déclarées. On observe cependant des variations selon la catégorie de violences. 85 % des viols et tentatives de viol déclarés ont eu lieu dans ce cadre (dont 70 % au domicile ou dans la voiture de la victime ou auteur·ices). Les atteintes à l’intégrité physique et sexuelle ont lieu dans tous les contextes : 11,3 % des lieux cités sont au sein de l’établissement, 6,3 % au cours d’un évènement lié à celui-ci, et 5 % dans un cadre professionnel. Les atteintes personnelles (catégories de faits de violences 1 et 2) ont souvent lieu dans des contextes universitaires : 43,2 % pour les atteintes psychologiques ou sociales (soit 32,6 % au sein de l’établissement et 10,6 % lors d’évènements universitaires) et 22,2 % pour les atteintes personnelles à dimension sexuelle (soit 19,4 % au sein de l’établissement, 2,8 % lors d’évènements universitaires). Le cadre professionnel, qui comprend les stages et autres lieux en lien direct avec la formation des étudiant·es, doit également être pris en compte avec notamment 10,2 % pour les atteintes personnelles à dimension sexuelle.
La catégorie Autre cadre, comprenant notamment les espaces publics, est fréquemment mentionnée pour les atteintes personnelles à dimension sexuelle et les atteintes à l’intégrité physique (36,2 %). Le statut des auteur·ices de violences (étudié plus bas) émergeant dans “d’autres cadres” indique que les agresseurs ne sont pas forcément des inconnus. Par exemple, près de 70 % des atteintes psychologiques ou sociales ayant eu lieu dans ces “autres lieux” sont commises par des étudiant·es.
Profil des auteur·ices
Après avoir désigné le ou les lieux de survenue des violences ayant eu lieu les 12 mois précédant l’enquête, les répondant·es ont complété une série de questions concernant les auteur·ices : genre et nombre, statut au sein ou hors de l’université (étudiant·e, enseignant·e, collègue, etc.) et le lien préalable avec la victime (amitié, couple, date, simple connaissance, etc.).
Le plus souvent des hommes qui agissent seuls
De manière cohérente avec la plupart des autres enquêtes, les données disponibles sur les auteur·ices de violences indiquent qu’il s’agit dans la plupart des cas d’hommes agissant seuls. Ce portrait général est précisé selon le type de violences décrites (tableau 7).
Tableau 7 : Genre et nombre des auteur·ices selon la catégorie de faits de violence (12 derniers mois)
Faits commis seul·e
|
Faits commis en groupe
| Total | Eff. auteur·ices | ||||
---|---|---|---|---|---|---|---|
Une femme | Un homme | Des femmes | Des hommes | Des femmes et des hommes | |||
Atteintes psychologiques ou sociales | 23.7 | 37.6 | 11.5 | 9.9 | 17.2 | 100 | 1143 |
Atteintes personnelles à dimension sexuelle | 6.6 | 72.1 | 1.4 | 16.1 | 3.8 | 100 | 1206 |
Atteintes à l’intégrité physique ou sexuelle | 9.5 | 79.8 | 0.8 | 8.5 | 1.4 | 100 | 516 |
Viol ou tentative de viol | 5.7 | 88.6 | 1.0 | 4.8 | 0.0 | 100 | 105 |
Source : SAFEDUC (UPCité & Sciences Po, 2024). | |||||||
Champ : Population étudiante de Sciences Po et Université Paris Cité en formation initiale ou en apprentissage et ayant déclaré au moins un fait de violence au cours des 12 derniers mois. | |||||||
Lecture : 23,7 % des auteur·ices désigné·es de situations d’atteintes psychologiques ou sociales étaient des femmes seules. |
Les faits d’atteintes psychologiques ou sociales impliquent une part importante de femmes et de groupes mixtes parmi les auteur·ices, bien que les hommes seuls restent les plus cités (37,3 %). Les auteurs décrits pour les trois autres catégories de violence sont, dans une très grande majorité des cas, des hommes seuls : ils représentent 71,8 % des auteurs d’atteintes personnelles à dimension sexuelle, 79,4 % des auteurs d’atteintes à l’intégrité physique ou sexuelle, 88,6 % des auteurs de viols ou tentatives de viols (tableau 7).
Les hommes en groupe sont également fréquemment cités comme auteurs dans les cas d’atteintes personnelles à dimension sexuelle (16 %), dans les cas d’atteintes à l’intégrité physique ou sexuelle (8,5 %) et, dans une moindre mesure, dans les faits de viols ou tentatives de viols (4,8 %). Indépendamment de leur nombre, les hommes représentent 93,3 % des auteurs cités de viols ou tentatives de viols.
Le statut des auteur·ices
La question sur le statut des auteur·ices permet d’identifier les membres de l’université, les relations professionnelles, mais également d’éventuels rapports de pouvoir entre la personne déclarant les violences et les auteur·ices des faits.
Le questionnaire proposait 12 statuts différents que nous regroupons en 3 catégories : les relations au sein de l’université, les relations de travail ou de stage, et les autres relations (en dehors des cadres universitaires et professionnels). Les principaux statuts des auteur·ices sont présentés, par type de violence, dans le tableau 8.
Tableau 8 : Statut (universitaire, professionnel) des auteur·ices selon la catégorie de faits de violence (12 derniers mois)
Relations universitaires
|
Relations professionnelles
| Autre relation | Total | Eff. auteur·rices | ||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Étudiant·e | Personnel | Autre | Collègue ou supérieur·e | Client·e ou autre | ||||
Atteintes psychologiques ou sociales | 65.7 | 6.3 | 1.2 | 13.3 | 1.4 | 12.1 | 100 | 1154 |
Atteintes personnelles à dimension sexuelle | 34.9 | 2.9 | 3.2 | 10.2 | 2.9 | 45.7 | 100 | 1210 |
Atteintes à l’intégrité physique ou sexuelle | 38.0 | 2.5 | 2.0 | 4.6 | 1.6 | 51.2 | 100 | 550 |
Viol ou tentative de viol | 41.5 | 0.0 | 6.6 | 5.6 | 0.0 | 46.3 | 100 | 106 |
Source : SAFEDUC (UPCité & Sciences Po, 2024). | ||||||||
Champ : Population étudiante de Sciences Po et Université Paris Cité en formation initiale ou en apprentissage ayant déclaré au moins un fait de violence au cours des 12 derniers mois. | ||||||||
Lecture : 65,7 % des auteurs ou autrices d’atteintes psychologiques ou sociales décrites par les étudiant·es en ayant déclarées sont des étudiants ou étudiantes. |
Les étudiant·es représentent une part importante des auteur·ices pour l’ensemble des catégories de violence allant de 65,7 % pour les faits du type atteintes psychologiques ou sociales, à 34,9 % pour ceux du type atteintes personnelles à dimension sexuelle. Au moins un·e auteur·ice de faits de violence sur trois est un·e autre étudiant·e. La part des auteur·ices issu·es du personnel universitaire (enseignant·es, directeur·ices de recherche, personnel administratif, technique ou d’entretien) s’avère relativement faible pour l’ensemble des faits étudiés, sans être négligeable : ils ou elles représentent, pour chaque catégorie de fait, moins de 10 % des auteur·ices.
Il n’est pas surprenant que la part du personnel encadrant parmi les auteur·rices cité·es soit beaucoup plus faible que celle de la population étudiante, étant donné que les étudiant·es interagissent quotidiennement avec un plus grand nombre d’étudiant·es qu’avec des membres du personnel universitaire. Cependant, si les faits de violence sont plus rarement commis par le personnel universitaire, l’existence d’une relation hiérarchique avec les victimes est susceptible d’en décupler les conséquences négatives et de compromettre la poursuite des études (par exemple dans le cadre d’un doctorat).
Les relations professionnelles occupent une place importante dans l’ensemble des faits de violence. Environ 70 % de la population étudiante déclarent une activité professionnelle rémunérée ou être un stage au cours des 12 derniers mois. En réduisant l’analyse à cette sous-population, la part des relations professionnelles augmente légèrement sans devancer pour autant la place occupée par les relations universitaires. En effet, les collègues ou supérieur·es hiérarchiques représentent 15,6 % des auteur·ices de faits du type atteintes psychologiques ou sociales, 12,3 % des auteur·ices de faits du type atteintes personnelles à dimension sexuelle, 4,6 % des auteur·ices de faits du type atteintes à l’intégrité physique ou sexuelle, et 7,2 % des auteur·ices de viols ou tentatives de viols.
Enfin, la part occupée par les relations extérieures à l’université et au monde du travail est importante pour les faits d’atteintes personnelles à dimension sexuelle (45,7 %), pour les faits d’atteintes à l’intégrité physique ou sexuelle (51,2 %) et pour les faits de viols ou tentatives de viol (46,3 %). Au sein de ces relations extérieures, les relations extra-universitaires ou extra-professionnelles (ami·es, relations amoureuses, date, etc.) se distinguent des personnes "inconnu·es".
Les “inconnu·es” le sont-ils vraiment ?
Dans l’enquête SAFEDUC, l’interprétation de la modalité “un inconnu ou une inconnue” doit être faite avec prudence. Par un effet de structure du questionnaire (Note 2), elle a probablement permis aux répondant-es de désigner aussi bien des inconnu·es absolu·es (par exemple, croisés dans des lieux publics, etc.) que des personnes connues de vue, ou tout juste rencontrées (dans le cadre d’un évènement universitaire, une soirée, etc.). De fait, l’interprétation de la part “d’inconnu·es” doit s’effectuer en s’appuyant sur d’autres informations de contexte, comme le lieu de survenue des violences (section 3.1).
En conséquence, les tableaux portant sur la nature de la relation avec les auteur·ices de faits de violence se restreignent aux répondant·es ayant renseigné cette question, ce qui exclut les répondant·es ayant désigné un ou une inconnue (tableau 10). Le pourcentage d’inconnu·es relevé à partir de la question portant sur le statut des auteur·ices est systématiquement présenté dans le commentaire des tableaux afin d’en contextualiser l’interprétation. Enfin, cette contextualisation s’appuie sur l’usage d’informations complémentaires, en particulier sur le lieu de survenue des violences, afin de préciser le profil des « inconnu·es » désigné·es20.
Note 2 : La modalité “un ou une inconnu·e” dans l’enquête SAFEDUC
SAFEDUC présente la particularité de distinguer le statut des auteur·ices (leur rôle au sein de l’université, du lieu de travail, etc.) et la nature de leur relation avec les répondant·es (qui peut être amicale, amoureuse, etc). L’objectif est de pouvoir distinguer d’une part les rapports de pouvoir pouvant lier les auteur·ices avec les victimes, mais également la nature de leurs relations personnelles. Cette distinction, qui constitue une des originalités de SAFEDUC, vient cependant avec une limite dans la prise en compte des auteur·ices dit·es “inconnu·es”.
En effet, le questionnaire SAFEDUC interrogeait dans un premier temps les enquêté·es sur le statut des auteur·ices, cette question comprenant une modalité "un ou un·e inconnu·e". Les individus choisissant cette modalité n’étaient ensuite pas interrogé·es sur la nature de leur lien avec les auteur·ices des faits. Or, ce filtrage en deux temps donne lieu à des proportions élevées “d’inconnu·es” chez les auteur·ices de violence comparativement aux autres enquêtes. Par ailleurs, le détail des réponses décrivant un ou une inconnue montre des tendances parfois incohérentes, notamment lorsque la violence décrite a eu lieu au domicile des auteur·ices ou des répondant·es.
Ces incohérences indiquent que la modalité “un· inconnu·e” a pu être utilisée pour décrire des auteur·ices peu fréquenté·es de manière générale, et en particulier non fréquenté·es dans le cadre des études ou du travail (simples connaissances, personnes tout juste rencontrées dans le cadre d’évènements privés, etc.). En d’autres termes, l’enquête SAFEDUC s’avère imparfaite pour quantifier l’implication “d’inconnu·e” dans les faits de violences : elle ne permet pas de décrire avec finesse les différentes situations couvertes par ce terme (simple connaissance, personne tout juste rencontrée dans le cadre d’un évènement, d’un “date”, ou encore un inconnu dans un lieu public, etc.). Les chiffres présentant la proportion d’inconnu·es doivent donc être manipulés avec prudence.
Le détail des “autres relations” (ni universitaires, ni professionnelles) présente des variations en fonction du type de violence. Si, comme le montre le tableau 8, 45,7 % des auteur·ices désigné·es de faits du type atteintes personnelles à dimension sexuelle ne sont fréquenté·es ni dans le cadre universitaire, ni dans le cadre professionnel, cette proportion se décompose entre 41,2 % “d’inconnu·es” et 4,5 % d’individus ayant un “autre statut” (probablement des personnes connues mais non fréquentées dans le cadre universitaire). De même, si 51,2 % des auteur·ices désigné·es de faits d’atteintes à l’intégrité physique ou sexuelle ne sont fréquenté·es ni dans le cadre universitaire, ni dans le cadre professionnel, cette proportion se décompose entre 45,6 % “d’inconnu·es” et 5,6 % “d’autres relations”.
S’agissant des viols et tentatives de viols, la part occupée par la modalité “inconnu·es” est beaucoup plus faible : 46,3 % des auteur·ices désigné·es ne sont fréquenté·s ni dans le cadre universitaire, ni dans le cadre professionnel, cette proportion se décompose entre 27,4 % “d’inconnu·es” et 18,9 % d’individus ayant un “autre statut”.
La catégorie “autres statuts” (ni universitaire, ni professionnel, ni “inconnu”) est plus souvent mentionnée dans les cas de viols ou tentatives de viols relativement aux autres catégories de faits de violence. Ces faits semblent donc, plus que les autres, impliquer des individus “fréquentés” hors des cadres universitaires, alors que les faits d’atteintes personnelles à dimension sexuelle et les faits d’atteintes à l’intégrité physique ou sexuelle impliquent surtout des inconnu·es, éventuellement rencontrés dans des lieux publics ou de passage. Cette lecture des résultats de l’enquête est cohérente avec le lieu de survenue des faits de violence commis (au moins en partie) par des inconnu·es (tableau 9).
Tableau 9 : Lieux de survenue de faits de violences au cours des 12 derniers mois impliquant au moins un·e inconnu·e parmis les auteur·ices
Au sein de l'établissement | Lors d'un évènement universitaire | Cadre privé | Cadre professionnel | Espace public | Autre cadre | Total | Eff. lieux | |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Atteintes psychologiques ou sociales | 20.3 | 7.2 | 32.0 | 8.1 | 30.2 | 2.3 | 100 | 222 |
Atteintes personnelles à dimension sexuelle | 6.5 | 0.8 | 22.2 | 3.7 | 64.5 | 2.3 | 100 | 645 |
Atteintes à l’intégrité physique ou sexuelle | 4.2 | 4.6 | 28.4 | 3.6 | 56.2 | 2.9 | 100 | 306 |
Viol ou tentative de viol | 0.0 | 0.0 | 75.0 | 2.5 | 12.5 | 10.0 | 100 | 40 |
Source : SAFEDUC (UPCité & Sciences Po, 2024). | ||||||||
Champ : Population étudiante de Sciences Po et Université Paris Cité en formation initiale ou en apprentissage et ayant déclaré un·e inconnu·e parmi les auteur·ices d’un fait de violence vécu au cours des 12 derniers mois . | ||||||||
Lecture : Lorsque l’on analyse les faits de violence pour lesquels un ou une inconnu·e a été cité·e parmi les auteur·ices, les espaces publics représentent 64,5 % des lieux de survenues d’atteintes personnelles à dimension sexuelle. |
Des différences importantes se dégagent entre catégories de faits de violence lorsque l’on analyse les lieux de survenue des faits impliquant “un ou une inconnu·e” : pour les atteintes personnelles à dimension sexuelle, les espaces publics sont les lieux les plus cités (64,5 % des lieux cités). Il en est de même pour les atteintes à l’intégrité physique ou sexuelle (56,2% des lieux cités).
En revanche, les faits de viols et tentatives de viols impliquant au moins “un ou une inconnu·e” se produisent moins souvent dans l’espace public, et très majoritairement lors d’“évènements ou cadre privé”, qui représentent 75,0 % des lieux cités (domicile ou voiture de la victime ou de l’auteur·ice, soirée ou week-end privé, etc.). Le détail des réponses montre d’ailleurs que le domicile/la voiture de la victime et le domicile/la voiture de l’auteur·rice représentent à eux seuls 45,5 % des lieux de viols ou tentatives de viols impliquant “un ou une inconu·e”.
Au général, les “inconnu·e” auteur·ice de viols ne semblent pas être tout à fait les “mêmes inconnu·es” que celles et ceux impliqué·es dans d’autres faits. Les “inconnu·es” à l’origine d’atteintes personnelles à dimension sexuelle ou d’atteintes à l’intégrité physique ou sexuelle semblent surtout rencontrés dans l’espace public. Les chiffres associés aux viols ou tentatives de viols tendent plutôt à indiquer que ces auteur·ices sont des individus “peu connus” ou tout juste rencontrés dans un cadre privé, hors de la sphère universitaire ou professionnelle, par exemple dans le cadre de soirées ou par exemple de date. L’analyse de la nature de la relation rattachant les répondant·es avec les auteur·ices des violences déclaré·es accrédite d’ailleurs cette lecture.
La nature de la relation avec les auteur·ices
Les principales relations interpersonnelles impliquées dans les faits de violence (à l’exception du cas des “inconnu·es”) sont présentées dans le tableau 10. La nature des relations avec les auteur·ices varie selon le type de faits de violence.
Tableau 10 : Relation avec l’auteur·ice de violences au moment des faits selon la catégorie de violence (faits au cours des 12 derniers mois, inconnu·es exclu·es)
Couple | Ex-partenaire | Date | Ami·e | Connaissance | Autre relation | Total | Eff. auteur·ices | |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Atteintes psychologiques ou sociales | 2.3 | 4.0 | 3.8 | 25.8 | 46.6 | 17.5 | 100 | 1018 |
Atteintes personnelles à dimension sexuelle | 1.6 | 2.6 | 5.2 | 21.1 | 44.6 | 24.8 | 100 | 610 |
Atteintes à l’intégrité physique ou sexuelle | 7.5 | 2.2 | 9.3 | 29.5 | 24.2 | 27.2 | 100 | 268 |
Viol ou tentative de viol | 15.5 | 7.1 | 35.7 | 13.1 | 19.1 | 9.5 | 100 | 84 |
Source : SAFEDUC (UPCité & Sciences Po, 2024). | ||||||||
Champ : Population étudiante de Sciences Po et Université Paris Cité en formation initiale ou en apprentissage ayant déclaré au moins un fait de violence au cours des 12 derniers mois et et n’ayant pas déclaré un·e inconnu·e parmi les auteur·ices du fait décrit. | ||||||||
Lecture : Les ex-partenaires amoureux (au moment des faits) représentant 7,1 % des auteur·ices de viols ou tentatives de viols cité·es par les victimes n’ayant pas désigné un·e inconnu·e comme auteur·ice. |
S’agissant des atteintes psychologiques et sociales, les auteur·ices sont surtout des connaissances (46,6 %). Comparé aux chiffres des tableau 6 et tableau 8, il semble que ce type de violence soit surtout le fait d’individus peu fréquentés dans le cadre des études. Cependant, on retrouve également une proportion importante d’ami·es parmi les auteur·ices d’atteintes psychologique ou sociales (25,8 %) : ces derniers sont, parmi les proches, les plus susceptibles d’être désigné·es comme auteur·ices de ces violences.
S’agissant des atteintes personnelles à dimension sexuelle, une même tendance se dessine : les connaissances ainsi que les “autres” relations sont les plus citées des relations interpersonnelles, avant les ami·es qui sont les auteur·ices les plus cité·es parmi les proches. En prenant en compte la proportion importante “d’inconnu·es” renseigné·es dans la question de statut (41,2 % des auteur·rices décrit·es), cette catégorie de faits est surtout le fait d’individus peu connus, fréquentés dans l’espace public et, dans une moins mesure, sur le lieu d’étude. On observe une tendance comparable pour les faits d’atteintes à l’intégrité physique ou sexuelle, même si les ami·es représentent une part plus importante des auteur·ices cité·es (30 %, inconnu·es exclu·es).
S’agissant des viols et tentatives de viols, les relations amoureuses et/ou sexuelles sont beaucoup plus souvent citées que pour les autres catégories de violences. Les relations de type Date21 qui dominent chez les auteur·ices de viols ou tentatives de viols, elles représentent 35,7 % des relations avec les auteur·rices décrites (inconnu·es exclu·es). Les relations amoureuses et anciennes relations amoureuses présentent également une part importante de relations avec les auteur·ices (respectivement 15,5 % et 7,1 % des auteur·ices, inconnues exclu·es). Ces chiffres, associés aux tendances dégagées à partir des lieux de survenue et du statut des auteur·ices, dressent ainsi le portrait d’auteur·ices (principalement des hommes) connu·es, éventuellement depuis peu, éventuellement dans un cadre de “drague” et d’expérimentation sexuelle.
Conséquences des violences sur le parcours universitaire et personnel
Le dernier module du questionnaire SAFEDUC interrogeait l’ensemble des personnes ayant déclaré des violences depuis le début des études supérieures ou dans les 12 derniers mois, sur les conséquences de cette victimation. Ce tableau présente donc tous les individus ayant déclaré des violences depuis le début de leurs études supérieures, par types de violences et catégories de conséquences. Ces dernières rassemblent 14 conséquences qui étaient proposées dans le questionnaire, auxquelles s’ajoute le fait de déclarer “Aucune conséquence particulière”, d’autres conséquences, “Ne sait pas” ou “Ne souhaite pas répondre”. Nous présentons également un focus sur les conséquences sur le parcours universitaire pour les personnes ayant déclaré des violences au cours des 12 derniers mois dans le tableau tableau 12.
Un même individu peut déclarer avoir subi plusieurs violences et de différentes catégories, ainsi les effectifs peuvent inclure un même individu dans différentes catégories de violences. Pour autant, un individu n’est compté qu’une seule fois dans chaque catégorie, qu’il ait déclaré un ou plusieurs faits de cette catégorie. Les personnes ayant déclaré des violences pouvaient déclarer plusieurs types de conséquences, c’est pourquoi les totaux dépassent les 100 %.
La grande majorité des victimes déclarent des conséquences sur leur vie sociale, académique ou personnelle. Les personnes qui déclarent que les violences qu’elles ont subies n’ont eu aucune conséquence représentent environ 30 % des victimes d’atteintes psychologiques ou sociales et des atteintes à l’intégrité physique ou sexuelle, cette part dépasse les 36 % pour les victimes d’atteintes à dimension sexuelle. En revanche, seulement 11 % des personnes ayant déclaré un viol ou une tentative de viol ne déclarent aucune conséquence.
Les violences impliquant une dimension physique et sexuelle (atteintes à l’intégrité physique ou sexuelle et viol ou tentative de viol) entraînent des répercussions plus marquées. Les viols et tentatives impliquent, de plus, une sur représentation de tous les types de conséquences. Par exemple, alors que l’impact sur la vie sociale hors de l’université est de 39 % pour les atteintes psychologiques ou sociales et de 34 % pour les atteintes personnelles à dimension sexuelle, il atteint 42 % pour les atteintes à l’intégrité et se hisse à 60 % en cas de viol ou tentative de viol. Notons tout de même que les atteintes psychologiques ou sociales, qui se produisent majoritairement au sein même de l’établissement, ont un fort effet sur la sphère universitaire, mais aussi sur la santé.
Sur le plan de la vie sociale à l’université, tous les types de violences présentent des taux élevés et assez homogènes, puisque près de la moitié des victimes (entre 39 % et 51 %) déclarent des conséquences de ce type. La vie sociale hors de l’université et la vie amoureuse ou sexuelle sont, elles, encore plus affectées pour les violences de nature physique : on note par exemple 60 % d’impact sur la vie sociale hors campus et 71 % sur la vie amoureuse ou sexuelle chez les victimes de viol ou tentative de viol, comparativement à des taux plus modérés pour les autres types de violences. Par ailleurs, la santé des victimes semble particulièrement vulnérable, avec un effet constaté chez 38 % à 49 % des victimes des catégories 1, 2 et 3, et qui dépasse 72 % pour les cas de viol ou tentative de viol.
Tableau 11 : Conséquences de la victimation depuis le début des études supérieures sur le parcours universitaire et personnel
Sur l'implication dans les études | Sur la vie sociale à l'université | Sur la vie sociale hors de l'université | Sur la vie amoureuse ou sexuelle | Sur la santé (mentale ou physique) | Aucune conséquence | Eff. victimes1 | |
---|---|---|---|---|---|---|---|
Atteintes psychologiques ou sociales | 32.9 | 49.0 | 38.5 | 26.9 | 43.6 | 28.2 | 1886 |
Atteintes personnelles à dimension sexuelle | 25.3 | 38.6 | 34.1 | 26.2 | 37.8 | 36.3 | 2338 |
Atteintes à l’intégrité physique ou sexuelle | 31.0 | 44.2 | 41.9 | 37.1 | 49.2 | 29.8 | 1318 |
Viol ou tentative de viol | 45.6 | 51.1 | 60.2 | 70.9 | 72.4 | 11.0 | 399 |
Source : SAFEDUC (UPCité & Sciences Po, 2024). | |||||||
Champ : Population étudiante de Sciences Po et Université Paris Cité en formation initiale ou en apprentissage ayant déclaré avoir subi des faits de violences depuis le début de leurs études supérieures. | |||||||
Lecture : 32,9% des personnes ayant déclaré avoir subi des faits de violence du type atteintes psychologiques ou sociales, affirment que les violences subies (y compris d’autres catégories de violence) ont eu des conséquences sur leur implication dans les études. | |||||||
1 Un même individu peut déclarer avoir subi plusieurs violences et de différentes catégories, ainsi les effectifs peuvent inclure un même individu dans différentes catégories de violence. Pour autant, un individu n'est compté qu'une seule fois dans chaque catégorie, qu'il ait déclaré un ou plusieurs faits de cette catégorie. Les personnes ayant déclaré des violences pouvaient déclarer plusieurs types de conséquences. |
Quel que soit le type de violence subie, les victimes déclarent que cela a eu des répercussions sur les différentes sphères de leur vie. Les violences du type atteintes psychologiques ou sociales, qui surviennent majoritairement au sein de l’établissement, ont des conséquences sur l’implication dans les études et sur la vie sociale universitaire des victimes. Les violences du type atteintes à l’intégrité physique ou sexuelle et les viols ou tentatives de viol dégradent la vie amoureuse ou sexuelle et la santé des victimes (tableau 11).
Les données issues du sous-échantillon des violences recensées au cours des 12 derniers mois (tableau 12) confirment une altération notable du parcours universitaire. Les personnes déclarant avoir subi un viol ou une tentative de viol au cours des 12 derniers mois affirment plus souvent que les autres que cela a eu des conséquences, quelle qu’en soit la nature. Plusieurs dimensions de la vie académique sont affectées par le fait d’avoir subi des violences : l’absentéisme, la motivation à poursuivre les études, le changement d’orientation ou de lieu d’études, ainsi que les interactions avec les étudiant·es et le personnel universitaire. Par exemple, environ 11 % des personnes déclarant avoir été victimes d’atteintes personnelles à dimension sexuelle affirment que cela a eu un effet sur leur absentéisme contre environ 23 % pour celles déclarant avoir subi un viol ou tentative de viol. Ces chiffres montrent que, quelle que soit la nature de la violence, les victimes subissent des conséquences qui altèrent leur engagement, leur intégration au sein de l’établissement et plus globalement leur parcours d’études supérieures.
Le changement d’orientation ou de lieu d’études, bien que moins fréquemment évoqué, traduit une rupture majeure dans le parcours universitaire. Environ 14 % des personnes déclarant avoir été victimes de viol ou tentative de viol envisagent ou effectuent un tel changement. La baisse de motivation à poursuivre les études est fréquemment invoquée (par près de 38 % des personnes déclarant avoir subi un viol ou une tentative de viol). Cette baisse de motivation, conjuguée à des difficultés dans les interactions sociales et une augmentation de l’absentéisme, constitue une atteinte à l’égalité des chances.
Tableau 12 : Conséquences de la victimation au cours des 12 derniers mois sur le parcours universitaire
Sur l'absentéisme | Sur la motivation | Sur un changement d'orientation ou de lieu d'études | Sur les résultats | Sur les relations avec les étudiant·es | Sur les relations avec le personnel universitaire | Eff. victimes1 | |
---|---|---|---|---|---|---|---|
Atteintes psychologiques ou sociales | 15.6 | 30.7 | 8.4 | 13.8 | 39.4 | 8.7 | 1000 |
Atteintes personnelles à dimension sexuelle | 11.2 | 20.4 | 5.0 | 9.3 | 23.3 | 4.5 | 1392 |
Atteintes à l’intégrité physique ou sexuelle | 15.5 | 24.8 | 6.0 | 12.6 | 29.3 | 4.9 | 634 |
Viol ou tentative de viol | 23.2 | 37.6 | 13.6 | 23.2 | 40.8 | 5.6 | 125 |
Source : SAFEDUC (UPCité & Sciences Po, 2024). | |||||||
Champ : Population étudiante de Sciences Po et Université Paris Cité en formation initiale ou en apprentissage ayant déclaré des faits de violence au cours des 12 derniers mois. | |||||||
Lecture : 15,6 % des étudiantes et étudiants ayant déclaré des faits d’atteintes psychologiques ou sociales au cours des 12 derniers mois déclarent que les violences subies (y compris d’autres catégories de violence) ont eu des conséquences sur leur absentéisme. | |||||||
1 Un même individu peut déclarer avoir subi plusieurs violences et de différentes catégories, ainsi les effectifs peuvent inclure un même individu dans différentes catégories de violence. Pour autant, un individu n'est compté qu'une seule fois dans chaque catégorie, qu'il ait déclaré un ou plusieurs faits de cette catégorie. Les personnes ayant déclaré des violences pouvaient déclarer plusieurs types de conséquences. |
Conclusion
L’enquête SAFEDUC contribue à une meilleure compréhension de l’ampleur des violences sexuelles et sexistes (VSS) au sein de la population étudiante de deux grands établissements parisiens de l’enseignement supérieur ainsi que du contexte dans lequel elles surviennent. Les choix méthodologiques et l’expérience de SAFEDUC visent à faciliter la reproduction d’une telle enquête dans d’autres établissements de l’enseignement supérieur et la recherche (ESR). L’enjeu est de taille : mieux comprendre l’ampleur du phénomène afin de concevoir des politiques institutionnelles efficaces contre ces violences.
Bozon, Michel. 1995. “Les rapports entre femmes et hommes à la lumière des grandes enquêtes quantitatives.” In, 655–68. La Découverte. https://doi.org/10.3917/dec.ephes.1995.01.0655.
Bozon, Michel. 2012. “Autonomie sexuelle des jeunes et panique morale des adultes: Le garçon sans frein et la fille responsable.” Agora débats/jeunesses N° 60 (1): 121–34. https://doi.org/10.3917/agora.060.0121.
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- Institut Interdisciplinaire de formation et de recherche en études de genre financé par l’IDEX UPCité (https://citedugenre.fr/)
- Pondération construite par calage sur les marges suivantes obtenues à partir des données administratives des deux établissements : catégorie de genre (dichotomisée en “femmes” et “hommes” en l’absence d’autres catégories administratives relatives à l’identité de genre), année d’étude, le statut de boursier et la catégorie socioprofessionnelle d’un des parents.
- La convention définit les violences contre les femmes comme “tout acte de violence fondé sur le genre [gender-based violence] entraînant ou étant susceptible d’entraîner pour les femmes des dommages ou souffrances physiques, sexuelles, psychologiques ou économiques, ce qui comprend la menace de commettre de tels actes, la contrainte ou la privation arbitraire de liberté, aussi bien dans la vie publique que privée ».
- La section dédiée à l’exposition aux faits de violence était introduite par le texte suivant : “Les questions suivantes portent sur les faits que vous avez pu vivre depuis le début de vos études supérieures et dans un cadre étudiant. Il peut s’agir de faits qui se sont déroulés dans votre établissement, mais également hors de celui-ci, par exemple dans le cadre d’un stage, d’une alternance, ou dans votre vie sociale étudiante (relations amicales, amoureuses, etc.). Si vous avez changé une ou plusieurs fois de parcours ou d’établissement, les premières questions recouvrent toutes ces périodes, dès lors qu’elles concernent les études supérieures.”
- De légères modifications ont été apportées pour actualiser la description de certains faits (évolution de la définition légale du viol, meilleure prise en compte de faits de violence ayant eu lieu en ligne, etc.). Le preprint d’un article résumant les difficultés méthodologiques et légales de l’enquête consigne ces modification (Coutolleau, Le Gallic-Ach, and Hélène Périvier (n.d.a), accessible en ligne,en particulier p.23-26).
- Comme indiqué par la Note 1, la question posée pour approcher les faits de viols ou de tentatives de viol ne correspond pas tout à fait à la définition du viol dans le contexte français. En effet, l’article 222-23 du Code pénal définit le viol comme “Tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, ou tout acte bucco-génital commis sur la personne d’autrui ou sur la personne de l’auteur par violence, contrainte, menace ou surprise” (Légifrance, consulté en ligne le 19/03/2025). Les notions de “violence, contrainte, menace ou surprise” n’ont pas été retenues pour la question, au bénéfice d’une formulation faisant plus directement réfèrence à la volonté de la victime (“sans que vous ne l’ayez voulu”). Ce remplacement, qui rapproche davantage la formulation de la question de la définition du viol fixée par la convention d’Istanbul (dans son article 36) que de sa définition française, c’est surtout imposé pour une raison d’accessibilité : les termes de “violence”, “contrainte”,“menace” et de “surprise” pouvant être équivoques ou difficile à appliquer à sa situation personnelle (qu’est-ce qui entre sous le terme de “violence”, de “contrainte”, etc.). Utiliser une logique fondée sur le consentement des répondant·es paraissait à cet égard plus adapté, étant donné qu’ils et elles étaient les plus à même d’en définir les contours.
- En effet, le calcul des taux pondérés implique de connaître la proportion de personnes non-binaires ou préférant un autre terme dans les populations étudiantes des deux établissements, cette information n’était pas consignée dans les données administratives.
- L’écart entre femmes et hommes depuis le début des études, bien que faible, est significatif au seuil de 5% (Test du Khi², appliqué aux effectifs bruts et pondérés). L’écart sur les 12 derniers mois n’est en revanche pas significatif au même seuil (pour les effectifs bruts et pondérés).
- Écart significatif à un seuil inférieur à 1% (test du Khi², appliqué aux effectifs bruts et pondérés) aussi bien sur les 12 derniers mois que depuis le début des études supérieures.
- Les écarts hommes/femmes sur les faits d’atteintes à l’intégrité physique ou sexuelle sont significatifs à un seuil inférieur à 1% sur les deux temporalités mesurées (Test du Khi², appliqué aux effectifs bruts et pondérés).
- Les écarts hommes/femmes sur les faits de viols ou tentatives de viols sont significatifs aussi bien depuis le début des études supérieures (seuil inférieur à 1%) que lors des 12 derniers mois (seuil de 1%, tests du Khi² appliqués aux effectifs bruts).
- Les personnes non binaires sont significativement plus susceptibles de déclarer avoir vécu des faits de violence que les hommes et femmes réunis depuis le début des études supérieures, notamment des atteintes psychologiques ou sociales (seuil de 0,1 %, test de Khi²), des faits d’atteintes personnelles à dimension sexuelle (seuil de 1 %, test de Khi²) ; des faits d’atteintes à l’intégrité physique ou sexuelle (seuil de 5 %, test de Khi²). Si les autres écarts ne sont pas significatifs au seuil de 5 %, ce résultat peut découler de faible base de répondant-es rattachés à cette catégorie.
- D’après des tests du Khi² comparant la victimation des femmes et des non-binaires ou personnes se qualifiant par un autre terme, la seule différence significative (à un seuil inférieur à 1%) apparaît pour la prévalence d’atteintes psychologiques ou sociales depuis le début des études supérieures. Pour toutes les autres violences et temporalités, les différences entre les deux groupes ne sont pas significatives ou les effectifs ne sont pas suffisants pour conclure.
- La temporalité du début des études supérieures n’est pas une temporalité fiable pour effectuer une comparaison directe entre établissements pour plusieurs raisons. Tout d’abord, cette temporalité peut inclure le passage par différents établissements (une prépa, une autre université, une grande école, …). Ensuite, la victimation depuis le début des études supérieures croît avec la durée des études. Ainsi, cette temporalité implique différents effets de durée et de parcours des études qui sont en partie limités par l’utilisation de la temporalité des douze derniers mois.
- L’enquête de Nantes Université présente un taux de viol ou tentative de viols aux alentours de 2 % pour l’ensemble de sa population étudiante. La question utilisée pour approcher ces faits était légèrement différente de celle de SAFEDUC étant donné qu’elle incluait les notions de “violence, menace, contrainte ou surprise” (le rapport complet « Cadre de vie durant le temps des études et exposition aux violences sexuelles et sexistes » (2023), Nantes Université, accessible en ligne [Consulté le 19/03/2025]).
- Le taux brut de ce type de violences est de 11,8 % à Sciences Po, de 10,1 % à UPCité et de 10 % à Nantes Université, la formulation de la question étant identique dans les deux enquêtes.
- Ces écarts entre hommes hétérosexuels et non-hétérosexuels sont significatifs au seuil de 1 % pour les atteintes psychologiques ou sociales au cours des 12 derniers mois, ou de 0.1 % pour les autres faits (test de Khi² appliqué aux effectifs bruts. En raison du faible effectif d’hommes hétérosexuels déclarant des viols ou tentatives de viol, un test exact de Fisher a été privilégié).
- Ces écarts entre femmes hétérosexuelles et non-hétérosexuelles sont significatifs au seuil de 0.1 % (test de Khi² appliqué aux effectifs bruts).
- Le questionnaire précisait que « par “indispensable”, nous entendions “nécessaire afin de satisfaire aux nécessités de la vie quotidienne (se loger, se nourrir, avoir accès à la santé…), y compris à la possibilité d’avoir une vie sociale”. »
- Malgré cette contextualisation, la mesure de l’implication des inconnu·es par SAFEDUC s’avère donc imparfaite, et appelle à des prolongements dans de futures enquêtes. Ces dernières gagneraient à maintenir la distinction entre statut et nature de la relation, mais en inversant l’ordre des questions lors de la passation : demander d’abord la nature du lieu avec les auteur·ices (« ami·es », « relations amoureuses ») en incluant une voire plusieurs modalités « Inconnu·es » ; puis interroger les répondant·es sur le statut des auteur·ices (étudiant·es, etc.). Il serait également pertinent de ne pas appliquer de filtre entre les deux questions, notamment parce que des étudiant·es par ailleurs inconnu·es peuvent être à l’origine de faits de violences.
- Ces relations étaient approchées, dans le questionnaire, par la modalité “Une relation de type Date (vous vous êtes fréquentés mais vous ne vous considériez pas engagé, engagée)”
SAFEDUC est projet de recherche quantitative piloté par le Programme d’études sur le genre de Sciences Po qui se déploie dans le cadre du partenariat entre Université Paris Cité et Sciences Po, avec le soutien de la Cité du Genre, et qui s’appuie sur une dotation accordée au titre de l’Initiative d’Excellence Université Paris 2019 (IdEx UP19).
Remerciements
L'équipe de recherche adresse ses remerciements à toutes les personnes ayant contribué à la réalisation de cette recherche. Merci à Nawale Lamrini et Sarah Pauloin, déléguées à la protection des données, ainsi qu’aux services juridiques et de communication des institutions partenaires, qui ont accompagné la mise en œuvre du projet. L’élaboration du questionnaire et la préparation de sa passation ont bénéficié des précieux conseils d’un Comité de suivi. Le déploiement du questionnaire a été réalisé avec le soutien de l’équipe du Centre de données socio-politiques (CDSP) de Sciences Po, et le protocole de recherche a bénéficié des recommandations du Comité d’évaluation éthique de l’Inserm. Merci aux participantes et participants du séminaire interne de l'OFCE pour leurs précieux commentaires. Merci également aux groupes et associations étudiantes de Sciences Po qui ont participé activement au déploiement de l’enquête. Les échanges préalables à la passation ont fourni des retours de terrain précieux, et leur implication dans la communication autour de l’enquête a largement contribué à la diffusion du questionnaire. Des étudiant·es ont également joué un rôle clé en faisant connaître l’enquête auprès de leurs pairs sur les différents sites ciblés. Enfin, l'équipe de recherche remercie chaleureusement les collègues de Nantes Université et celles de l’Observatoire des violences sexistes et sexuelles dans l’enseignement supérieur pour le partage de leur expérience et des résultats de leur propre enquête.
Contact
Pour toute demande relative à cette recherche/rapport, veuillez contacter presage@sciencespo.fr.
Contact presse : media@sciencespo.fr.