Enseignement de l'histoire et société ; passés et présent

Domaine souverainetés | États, empires, relations internationales

Une école dans la colonie du Dahomey (Bénin), vers 1900, Musée National de l'Education. CCO

ENSEIGNER LE FAIT COLONIAL 

Pour cette année - la quatorzième depuis que Laurent Wirth a créé au Centre d’histoire de Sciences Po ce séminaire consacré aux liens entre société et enseignement de l'histoire -, nous souhaitons maintenir à notre programme la question coloniale et ses résonances contemporaines de tous ordres, dans plusieurs aires géographiques. Sur cette question comme sur celles qui ont été au programme des années précédentes, notre ambition reste de faire de ce séminaire un lieu de rencontre et de dialogue entre la recherche scientifique et l’enseignement scolaire. La forme hybride que nous lui donnons, avec le concours précieux de l’équipe administrative du CHSP, permet de répondre à l’objectif de toucher un public nombreux de professeurs du second degré, d’inspecteurs ou de formateurs qui peuvent suivre les séances à distance le mercredi en fin d’après-midi.

Depuis le début de ce siècle, l’histoire du colonialisme et de la décolonisation, largement entendue, a fait l’objet d’importants renouvellements, tant dans la conception des objets de recherche que dans les manières de les aborder. Ces changements ont contribué à lui assurer une visibilité publique constante. Mais il paraît souhaitable et même urgent de faire mieux connaître les avancées de la recherche scientifique dans un domaine où, plus encore que dans d’autres, s’affirment et se répandent des opinions tranchées qui doivent plus à des pétitions de principe idéologiques, relayées par des moyens médiatiques puissants, qu’aux apports de la science. Dès les années 1960, les livres de Charles-André Julien, dont l’Histoire de l’Algérie contemporaine, I, La conquête et les débuts de la colonisation, 1827-1871 a été publiée en 1964, et ceux de Raoul Girardet ont illustré une volonté historienne qui avait pu naître d’appartenances partisanes opposées face aux épreuves nationales de la décolonisation – et nous n’oublions pas que si Raoul Girardet était professeur à l’Institut d’études politiques, Charles-André Julien y a lui aussi enseigné. Par la suite, l’enseignement français a pu s’appuyer sur de précieux jalons historiographiques, parmi lesquels les travaux de Charles-Robert Ageron, élève de Charles-André Julien, Gilbert Meynier et Jacques Frémeaux, René Gallissot et Bernard Droz, Catherine Coquery-Vidrovitch et Anne Hugon, Daniel Hémery et Pierre Brocheux. Dans le même temps la question coloniale restait un objet de préoccupations publiques, en lien avec les questions sociales contemporaines et avec le développement des enjeux de mémoire, dans la recherche comme dans la pédagogie de l’histoire.

En 2012 et 2013, les deux expositions organisées au Musée de l’Armée, la première sur l’Algérie de 1830 à 1962, la seconde sur l’Indochine de 1856 à 1956, ont marqué à plusieurs égards un tournant, notamment par la démonstration qu’elles apportaient de la capacité à faire se rencontrer les regards de l’institution militaire et ceux du monde de la culture, des arts, du patrimoine, y compris en faisant une place à la bande dessinée – ainsi Jacques Ferrandez voisinait-il avec Théodore Chassériau sur la couverture du catalogue Algérie 1830-1962 édité par Casterman.

Monde pluriel, investi par une recherche historique de plus en plus internationale, comparative, voire globale, l’espace colonial français et européen a suscité des interrogations nouvelles par et pour les enseignants eux-mêmes, soucieux de mieux éclairer un autre passé qui ne passe pas. L’histoire de l’éducation, tout comme la didactique de l’histoire, investissent désormais le sujet avec la rigueur que réclame une question socialement vive. Le programme de nos séances n’a d’autre but que de répondre à cette attente et à cette exigence.La périodicité du séminaire restera mensuelle, le mercredi de 17h00 à 19h00. Nous sommes en train de compléter la liste des invitées et invités.

Calendrier provisoire 2024-2025 

  1. 25 septembre 2024, 17h-19hPascal Clerc (Laboratoire EMA [École-Mutations-Apprentissages], CY Cergy Paris Université), « L'Enseignement de la "Géographie coloniale" en France entre la fin du XIXe siècle et le milieu du XXe siècle ». 
  2. 16 octobre 2024, 17h-19h | Luigi Cajani (professeur émérite à la Sapienza de Rome), « La colonisation italienne dans l’école italienne, hier et aujourd’hui » 
  3. 13 novembre 2024, 17h-19h [exclusivement en visio] | Marc-André Éthier, (Université de Montréal) « La place de la colonisation dans l'enseignement de l'histoire au Québec » 
  4. 18 décembre 202417h-19h | Vincent Marie, (Université de Montpellier), « Les colonies au prisme de la bande-dessinée » → s'inscrire
  5. 15 janvier17h-19h | Chizuru Namba (Université Keio, Tôkyô),« Juger les criminels de guerre en situation coloniale : le cas de l'Indochine et des procès de Tokyo et de Saigon » → s'inscrire
  6. 26 février 202517h-19h | Bernard Michon (Nantes Université), « L’esclavage : comparaison des politiques et entreprises mémorielles ».
  7. 26 mars 202517h-19h | Céline Labrune-Labiane (chercheuse associée à l’ITEM, CNRS-ENS, et au laboratoire AIHP, Université des Antilles) et Étienne Smith (Maître de conférences en science politique à Sciences Po Bordeaux/LAM), « Les Hussards noirs de la colonie : Instituteurs africains et petites patries en AOF (1913-1960) ».
  8. 15 mai 202517h-19h | Philippe Rygiel (ENS Lyon), « La place de l’immigration coloniale et postcoloniale dans la transmission de l’histoire nationale ».
  9. 11 juin 202517h-19h | Denise Bentrovato (présidente de l’association internationale de didactique de l’histoire), « Analyse synchronique et comparative des représentations du rôle de l’Afrique et des Africains dans la Première Guerre mondiale dans les manuels scolaires, en juxtaposant des manuels d’histoire contemporains africains et européens ».
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