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27.11.2018
Analyse d'une méthode d'enseignement : étude de cas sur le Brexit (3)
Cet article, articulé en trois volets, a pour but d’analyser la méthode pédagogique employée ainsi que certaines réflexions basées sur mon expérience personnelle dans le cadre de l’étude de cas intitulée « David Cameron in the face of the Brexit » : un enseignement obligatoire pour les étudiants en deuxième année de master à l’École d’Affaires Publiques de Sciences Po. Ce cours étant toujours d’actualité, certaines conclusions ne sont donc pas définitives. L’objectif est donc de présenter succinctement quelques idées développées avant le cours (volet 1), pendant le cours (volet 2) et après le cours (volet 3), ainsi que, plus globalement, d’introduire la méthode d’enseignement basée sur l’« étude de cas ».
VOLET 3
Après le cours : mettre au point une grille d’évaluation
Comme indiqué en introduction, l’évaluation et la notation sont la principale difficulté de l’enseignant qui travaille à partir d’une étude de cas. En raison précisément de la nature de ce cours, il n’est pas rare d’opter pour une forme d’évaluation innovante. Mais la popularité croissante de cette méthode d’enseignement nous incite à poursuivre les efforts pour développer des grilles d’évaluation quantitative et qualitative. Les étudiants ont besoin de clarté et d’uniformité sur l’évaluation, une question à laquelle ils sont particulièrement sensibles. À partir, une fois encore, de ma seule expérience personnelle et du retour des étudiants, j’ai mis au point la grille d’évaluation suivante, qui me semble offrir un juste équilibre : deux présentations orales collectives (7 à 9 mn) au cours du semestre (30 %) et une dissertation individuelle sur l’un des 12 sujets couverts au cours des différentes sessions (25 %). Une dissertation finale (DM) de 2200 à 2500 mots (40 %). Lectures et participation (5 %). En ce qui concerne les critères d’évaluation, il s’est avéré très utile d’élaborer en amont un document détaillé précisant le « contenu attendu » de chaque présentation. Il est très facile de distribuer ce document aux étudiants après chaque cours, et de mettre ainsi à leur disposition une ressource supplémentaire pour comprendre comment l’école évalue leur travail. Trois autre critères d’évaluation semblent en outre particulièrement adaptés aux présentations ou jeux de rôles, lesquels forment souvent l’élément central d’une étude de cas : a) la capacité à répondre de manière à la fois créative et réaliste aux travaux confiés (40 %) ; b) la capacité à placer la présentation dans un contexte politique donné (la présentation permet-elle de raconter efficacement une histoire et s’insère-t-elle bien dans le contexte des événements ?) (25 %) ; c) les compétences de présentation [respect du temps imparti (7 à 9 mn), intelligibilité, format et ressources supplémentaires, le cas échéant, permettant d’alimenter le débat lors de la session de questions-réponses] (35 %).
Le point de vue d’Evgenia Spyridi (étudiante à l’Ecole des Affaires internationales ayant assisté au cours à l’automne 2017).
Qu’est-ce qui pourrait être amélioré ?Le cours serait plus intéressant encore si la participation était plus active. Pour cela, il pourrait être utile de demander aux étudiants de terminer les lectures avant chaque présentation. Il est arrivé que certaines présentations ne soulèvent pas assez de questions ou de commentaires ou qu’elles n’éveillent pas suffisamment la critique. Ces présentations sont un peu la pierre angulaire du cours, par conséquent, une participation et une critique plus actives auraient une incidence positive sur le résultat. Pour conclure cet aperçu, je dirais que le succès d’une étude de cas dépend essentiellement de cinq éléments. Nous les avons décrits tout au long de l’article, mais il me semble utile de les rappeler brièvement en conclusion. Premièrement, délimiter le cadre temporel du processus de décision objet de l’étude de cas. Deuxièmement, identifier les acteurs du processus que les étudiants doivent incarner, et en limiter le nombre. Troisièmement, créer les conditions idoines à l’exploration et à la participation, tout en ménageant le temps nécessaire à l’analyse des données théoriques, comparatives et vérifiables en lien avec l’étude de cas. Quatrièmement, mettre tout en œuvre pour élaborer une grille d’évaluation claire. Et, cinquièmement, donner aux participants une liste conséquente de lectures complémentaires qui leur permettent d’élargir l’horizon de l’analyse (articles de journaux, policy briefs, notes de groupe de réflexion, matériel audiovisuel… toujours en lien avec l’étude de cas elle-même).
Dídac GUTIERREZ-PERIS, enseignant à Sciences Po Paris et directeur d’études et conseil Affaires Européennes chez Viavoice (Paris).