Environnement et bien-être : une nouvelle économie est possible

Connaissez-vous l’économie du bien-être ? Derrière ce terme prometteur se cache un espoir, celui de voir advenir une nouvelle économie construite autour de la transition environnementale et de la justice sociale.

Éloi Laurent, économiste et chercheur à l’Observatoire français des conjonctures économiques de Sciences Po (OFCE) est un expert de la rencontre entre bien-être et transformation environnementale. Le 25 mai 2023 a lieu sous sa houlette L’Agora de la Décroissance Prospère, organisée par l’Ecole du management et de l'impact de Sciences Po. L’occasion d’un tour d’horizon des activités de ce chercheur passionné par son sujet, qui concerne notre futur à toutes et tous.

Proposer une nouvelle économie pour le XXIe siècle

Éloi Laurent a publié aux Éditions La Découverte en janvier 2023 : Économie pour le XXIe siècle - Manuel des transitions justes. L’ouvrage porte sur les enjeux d’une “transition juste” et propose de réconcilier les deux points de vue économiques qui paraissent s’affronter aujourd’hui pour le bien – et la survie – de tous.

Sommes-nous fabuleusement prospères ou irrémédiablement ruinés ? Avons-nous tout gagné ou tout est-il perdu ? En ce début de XXIe siècle, deux visions radicalement différentes du sort de l’humanité sur la planète Terre coexistent et paraissent se contredire.
La première vision insiste sur les remarquables prouesses des humains depuis leur avènement il y a quelque 7 millions d’années : jadis frêles créatures dépourvues de presque tout avantage biologique significatif, immergées dans un environnement hostile, nous voilà devenus en quelques milliers d’années – et plus encore au cours des deux derniers siècles – souverains de la nature, maîtres de la biosphère, seigneurs de la Terre. Propulsé par le pouvoir de la coopération sociale aux quatre coins du monde, le voyage de l’humanité vers la prospérité ne laisse pas d’impressionner. […]
L’autre point de vue est bien plus sombre et revient à penser que l’humanité est pour le moins décevante : en l’espace d’un siècle, et plus encore depuis 1950, nous avons réussi à détruire substantiellement notre propre habitat – la seule planète vivante connue dans l’univers –, dégradant les trois quarts des terres et les deux tiers des mers et océans, nuisant à notre propre bien‐être, à celui de nos descendants et descendantes, et aux autres espèces avec qui nous partageons la vie pour des gains de court terme largement illusoires au vu de leur coût écologique. […]
Comment faire sens de la coexistence de ces deux narrations concurrentes ? L’une est‐elle tout simplement fausse tandis que l’autre serait juste ? Pouvons‐nous les comprendre de concert, les réconcilier ?

Éloi Laurent, extrait de l’introduction du livre Économie pour le XXIe siècle - Manuel des transitions justes, Éditions La Découverte, 2023.

Urbanisme, justice, PIB : l’économie du bien-être est partout

Pour Éloi Laurent, l’économie du bien-être devrait guider les réflexions et actions des acteurs de la vie publique et pourrait avoir un impact sur des sujets aussi variés que la justice sociale, les indicateurs alternatifs au PIB tels que la résilience et la soutenabilité, ou encore le boulevard périphérique de parisien, que le chercheur avait l’ambition de réinventer dans un article publié en avril 2023, dans The Conversation.

Éduquer les nouvelles générations

Avec cette Agora de la Décroissance Prospère, Éloi Laurent poursuit, aux côtés des étudiants du Master International Management and Sustainability de l’École du management et de l'impact, ses réflexions sur la possibilité de “sortir de la croissance sans sortir du capitalisme”.

Depuis la rentrée 2021, les étudiants de l’École des affaires internationales (PSIA) peuvent également suivre son cours sur les politiques de bien-être. L’objectif : apprendre aux acteurs de la vie publique de demain à sortir des politiques publiques traditionnelles et à construire des politiques publiques en s’appuyant sur le guide créé par la Wellbeing Economy Alliance. Pour une économie au service des humains et de la planète, et pas l’inverse.

EN SAVOIR PLUS :