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Groupe international d'experts sur les migrations (GIEM)

Équipe de recherche

Descriptif du projet

Le Groupe international d'experts sur les migrations (GIEM) est un collectif international, interdisciplinaire et indépendant de chercheurs qui a vocation à diffuser au plus grand nombre un état des connaissances sur des questions pertinentes pour l’élaboration de politiques affectant les phénomènes migratoires. Inspiré par l’expérience intergouvernementale du GIEC, il vise à rendre compte des débats scientifiques dans toute leur diversité grâce à des équipes d’auteurs et un pool de relecteurs issus de nombreuses disciplines et régions du monde. A l’heure des humanités numériques, les publications en ligne du GIEM pourront être commentées et enrichies par l’ensemble de la communauté scientifique en toute transparence. 

Le GIEM est né d’un appel à la communauté scientifique signé par plus de 600 universitaires né d'un désarroi collectif face au fossé grandissant entre science et politique. Créée en juin 2018 par trois chercheures affiliées au LIEPP, cette initiative s'ancre dans un contexte européen caractérisé par la crise politique de 2015. En décembre 2018, un groupe de chercheurs européens s’est réuni à Paris au Collège de France et a commencé à travailler à constituer un réseau international d’experts. Le LIEPP a décidé d’héberger au sein de son axe de recherche sur les discriminations et les migrations le groupe de travail qui anime ce réseau.

Le GIEM face aux limites des dispositifs existants

Les recherches multidisciplinaires sur les migrations ne cessent de se développer dans le monde entier depuis une trentaine d’années, y compris en Europe.

1. Cependant, l'augmentation de financements des programmes de recherche par la Commission Européenne et autres organismes scientifiques nationaux ne font parfois que dupliquer ou compiler des recherches existantes qui tributaires de commandes publiques ou de cadrages politiques fondés sur des perceptions erronées.

2. L'impact politique de la recherche reste par ailleurs le fruit d'interactions complexes et non linéaires avec des effets inégaux selon les pays et très limités en matière de migrations et asile. Les cadres d'analyse et les résultats des travaux scientifiques sont encore, soit méconnus, soit occultés dans les dispositifs d'action publique qui restent largement court-termistes et réactifs. 

3. Les organisations internationales gouvernementales et non gouvernementales clament aussi leur volonté de collecter ou de produire des "données" plus fiables sur les migrations et l'asile et multiplient les initiatives en ce sens. La politisation des chiffres est une évidence pour des ONG qui assument leurs biais partisans mais elle touche également les organisations internationales qui prétendent souvent à une forme de neutralité (comme c'est le cas pour l'OIM).

Principaux objectifs du GIEM

• Proposer un dialogue durable entre chercheurs et gouvernants sur les politiques migratoires;

• Diffuser de façon accessible l’état de la recherche via les médias et des événements ouverts à toutes les parties prenantes des questions liées aux migrations. 

• Contribuer à la structuration du débat public en intégrant l'expertise des chercheurs sans éluder les controverses qui animent la communauté scientifique elle-même.

L’enthousiasme suscité par l’appel a été l’occasion d’acter l’existence d'une communauté scientifique prête à s’investir, notamment pour se positionner par rapport aux idées reçues (« tous les pauvres d’Afrique vont venir en Europe », le « sous-développement génère de l’émigration », « l’immigration coûte cher aux sociétés d’accueil », aux sophismes (comme la locution française « d’appel d’air ») et aux manipulations de données et d’informations.

Ni bonne ni mauvaise, la mobilité internationale est appréhendée comme fait social avec différents outils et méthodes avec une profondeur historique, comparative et critique. Loin d’être de simples « fact checkers », les scientifiques proposent d’autres paradigmes pour penser les migrations et l’asile, à partir d’une approche rigoureuse et dépassionnée qui caractérise la démarche scientifique. Sans verser dans le positivisme naïf, sans renoncer à la complexité, à l’inconfort des controverses et des incertitudes, il s’agit pour la recherche et les chercheurs de contribuer à (r)établir les conditions de possibilités du débat démocratique à partir des savoirs disponibles en sciences sociales sur les migrations et l’asile.

Poster du projet - Juin 2023

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