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12.07.2024
Programme Jeune Recherche (2024)
Ce programme s’inscrit dans la dynamique de redéploiement du LIEPP en partenariat avec Université de Paris. Il est ouvert aux doctorant.e.s (qui doivent être inscrit.e.s en thèse au moment du dépôt de leur candidature dans les écoles doctorales de Sciences Po ou d’Université Paris Cité) et jeunes docteur.e.s (ayant soutenu depuis moins de 2 ans, la thèse devant avoir été soutenue après le 31 août 2022 et dont l’affiliation principale est un laboratoire de Sciences Po ou d’Université Paris Cité), toutes disciplines confondues.
Il poursuit quatre objectifs :
- Valoriser et apporter un appui aux travaux de jeunes chercheur.e.s
- Faciliter la traduction des recherches académiques en résultats utiles pour l’évaluation des politiques publiques
- Favoriser la mise en dialogue interdisciplinaire des recherches, en vue notamment de favoriser l’émergence de projets interdisciplinaires
- Donner une meilleure visibilité, auprès d’acteurs publics et de la société civile, aux travaux de jeunes chercheur.e.s ayant un apport pour l’évaluation des politiques publiques.
LAURÉAT.E.S DU PROGRAMME POUR 2024/2025 :
BOUGMA Mariam, démographie, CEPED (Université Paris Cité) : Préférences de sexe et santé des enfants en Afrique de l'Ouest et Centrale
Les études qui portent sur les préférences de sexe et leurs implications sur la santé des petites filles se concentrent sur les pays d’Asie et du Moyen Orient où ont pu être observés des phénomènes de surmortalité féminine, en particulier entre 1 et 5 ans. En Afrique de l’ouest et centrale, la mortalité des enfants est encore élevée, la préférence de sexe ou la discrimination féminine en matière de santé peut sembler négligeable. Pourtant, il existe bien des inégalités de genre. Dans la plupart des pays de la région, les estimations nationales aboutissent à une mortalité des filles supérieure à 85% à celle des garçons, signe qu’il existe une préférence dans la mesure où la mortalité attendue des filles devrait être au contraire d’environ 10 à 20% inférieure à celle de garçons. Une analyse régionale révèle que de nombreuses régions sont caractérisées par une surmortalité des filles. Toutefois, les échantillons ne permettent pas de montrer des différences significatives. L’objet de cette recherche est de : (1) confirmer cette surmortalité féminine en exploitant l’ensemble des sources disponibles, (2) décrire les mécanismes aboutissant à cette surmortalité dans les comportements alimentaires et de santé et (3) identifier les groupes de population les plus à risque de présenter une surmortalité des petites filles.
CHATEAU Ingrid, sociologie, LCSP (Université Paris Cité) : Le rôle de l’Union des Femmes de la Martinique dans l’évolution des politiques publiques en faveur des femmes.
Ce projet de recherche de thèse s’intéresse au rôle de l’Union des Femmes de la Martinique (UFM) dans les évolutions des politiques publiques en faveur des femmes. L’analyse de son activité apporte un éclairage sociologique sur son rôle dans la sphère politique et à la transformation de la place des femmes dans la société martiniquaise. L’analyse s’appuie sur les leviers sociaux, politiques, et économiques identifiés par les militantes comme faisant obstacles à l’émancipation des femmes. Cette enquête nous renseigne alors, à la fois sur les problématiques prioritaires identifiées par les femmes vivant à la Martinique et aux solutions qu’elles proposent ; et elle nous permet d’analyser la contribution acteur·ices des politiques publiques sur la question. À travers une démarche et analyse compréhensive, cette recherche espère produire une analyse compréhensive et contextuelle des politiques publiques d'égalité femmes-hommes en Martinique. Cette approche permettra également de formuler des recommandations pour leur amélioration future, contribuant ainsi à la promotion d'une société plus égalitaire et sécurisée pour toutes et tous.
CHAMBOREDON Audrey, sociologie, CRIS (Sciences Po) : La déclinaison locale des politiques d’affectation scolaire. Etude comparée des cas de Lille et Toulouse
L’objectif de ce projet est d’étudier la façon dont les politiques de sectorisation scolaire et d’affectation des élèves se déclinent dans deux agglomérations régionales françaises très différentes du point de vue de l’offre éducative : Lille et Toulouse. Issue de l’analyse d’entretiens réalisés auprès de parents résidant dans les deux agglomérations, cette question émerge de l’observation suivante : alors que de nombreuses familles de la métropole lilloise perçoivent la perspective de choisir l’école de leurs enfants comme une évidence, ce choix apparait beaucoup plus contraint pour les familles toulousaines. En s’appuyant sur des récits de parents et des entretiens réalisés avec des acteurs locaux de l’éducation, l’objectif du projet est de comprendre quels sont les facteurs qui contribuent à façonner deux « marchés scolaires » aussi différents. Il s’agira également d’étudier la façon dont ces différents « marchés scolaires » influent sur le rapport des familles à l’institution scolaire.
DONG Sijie, informatique, LIPADE (Université Paris Cité) : Gender Equality in Machine Learning Decision-making Systems
Ce projet aborde la thématique de l'évaluation des politiques publiques dans le domaine de la lutte contre les discriminations basées sur le genre et des politiques catégorielles. Notre objectif est de compléter les systèmes de prise de décision basés sur l’apprentissage automatique (ML) avec des connaissances issues des sciences sociales. Cela permettra de comprendre les décisions en matière d'inégalités dans le genre et comment les politiques publiques atténuent ou, au contraire, accentuent les inégalités de genre. Plus particulièrement, nous introduisons une solution pour identifier et atténuer les inégalités dans le genre au sein des systèmes ML, en privilégiant la contribution des chercheurs en science sociale. En se basant sur des évaluations techniques rigoureuses, nous évaluons le modèle d’équité et observons les problèmes potentiels d'inégalité, tels que les traitements disparates en fonction des caractéristiques de genre. Nous concilions ensuite ces approches techniques avec les considérations sociales concernant les risques liés à la discrimination et à l'inégalité dans le genre. Cela nous permettra d’affiner le concept d'équité, puis d'identifier les mesures d'équité appropriées. Cela permettra non seulement aux décideurs politiques de mieux comprendre les impacts liés au genre dans leurs décisions, mais également d'aider à l'évaluation des politiques publiques, par exemple, en identifiant les domaines à améliorer pour lutter contre les inégalités de genre.
FOOLLEE Jeteesha, économie, éducation, Département d’économie (Sciences Po) : Le rôle de l'éducation dans l'équité intergénérationnelle ethnique à l'île Maurice postcoloniale
Cet article présente les premières estimations de la mobilité intergénérationnelle (MI) à Maurice. Parmi les enfants dont les parents n'ont pas terminé l'école primaire, 86,9 % ont atteint ce niveau, plaçant Maurice parmi les pays les plus alphabétisés d'Afrique. Bien que la mobilité absolue ait augmenté, la mobilité relative a diminué depuis la cohorte des années 1970. Le revenu parental reste un déterminant majeur des résultats éducatifs, les enfants des familles à revenu élevé—principalement Euro-Mauriciens et Sino-Mauriciens—ayant une mobilité supérieure à celle de leurs pairs Afro-Mauriciens à faible revenu. Cela a creusé un écart éducatif important entre Afro-Mauriciens et les autres groupes ethniques. La politique d'éducation secondaire gratuite introduite en 1977 a paradoxalement élargi cet écart. Les Afro-Mauriciens, souvent engagés dans des emplois manuels ne nécessitant pas un niveau d'éducation élevé, ont un taux de scolarisation plus faible. En revanche, les Sino et Euro-Mauriciens ont mieux tiré parti de cette politique. La politique d'éducation obligatoire introduite en 2005, imposant la scolarisation jusqu'à 16 ans, a été plus efficace pour réduire les disparités ethniques. Son succès s'explique par son caractère juridiquement contraignant et la transition économique de Maurice, passant d'une économie agricole à un secteur manufacturier et financier diversifié, réduisant les emplois traditionnels pour les Afro- Mauriciens et nécessitant plus d'années d'études.
FROHLY Constance, économie, Département d’économie (Sciences Po) : Les déterminants du choix de scolarisation entre collège public et collège privé en France
La littérature sur les politiques éducatives s’accorde sur le fait que le choix des familles entre collège privé et collège public est un des principaux responsables de la ségrégation sociale observée dans les collèges en France. Ce projet interroge comment les parents choisissent entre collège public et privé, et notamment le rôle de l’information disponible aux familles à propos des collèges. En effet, les différences de scolarisation à travers la population s'expliquent peut-être en partie par des différences d’information, telles que le taux de réussite au Brevet, la valeur ajoutée ou l'indice de position sociale des collèges. Fournir de l’information à propos des collèges aux parents d’élèves pourrait-il changer leurs choix de scolarisation ? Pour répondre à cette question, je propose de combiner des enquêtes internet avec une expérience aléatoire contrôlée distribuant de l’information à des parents d'élèves en CM2. Cela permettra notamment d’estimer comment les préférences des familles réagissent à d’avantage d’informations sur les collèges proches. Par ailleurs, je documente également l’exactitude et la précision de l’information existante dans la population à propos des différentes caractéristiques des collèges.
GHIO Nicolas, économie, Département d’économie (Sciences Po) : Effets hétérogènes des politiques actives du marché du travail
Ce projet, en partenariat avec la DARES, cherche à améliorer notre compréhension des politiques actives du marché du travail. La littérature scientifique a maintes fois démontré des effets moyens assez modestes des politiques visant à améliorer l'employabilité des demandeurs d'emploi. Néanmoins, derrière des effets moyens modestes, davantage de ciblage peut se révéler pertinent, notamment pour des publics très éloignés du marché du travail. Pour ce faire, nous prenons le cas de l'Insertion par l'Activité Économique (IAE), une forme d'emploi aidé devenue centrale dans la politique de réinsertion en France. En visant les personnes "très éloignées du marché du travail", les structures IAE fournissent un emploi rémunéré pendant douze à dix-huit mois ainsi que des offres de formation et un suivi d'insertion. En utilisant des stratégies de variables instrumentales, telle que la distance à la structure SIAE ou le conseiller Pôle Emploi, ce projet vise à estimer un impact causal non biaisé sur la probabilité de retour à l'emploi post-IAE ainsi que sur les modalités de retour à l'emploi (type de contrat, durée, salaire, etc.). Dans un dernier temps, il vise à mieux comprendre l'hétérogénéité derrière ces résultats, en décomposant selon la formation, le conseil ou le type de structures qu'implique un programme aussi riche que l'IAE.
NGANDO Marie-Claude, sociologie, CEPED (Université Paris Cité) : La place des représentations sociales et des savoirs dans la gouvernance des risques associés aux inondations dans la ville de Douala au Cameroun : cas des quartiers Bonamikano et Mambanda
La ville de Douala est naturellement vulnérable aux inondations, un problème aggravé par de longs jours de pluie par an et le déficit d’un en réseau d’assainissement efficace. Cette situation expose ses habitants à des risques socio-sanitaires (maladies hydriques, stress, troubles anxieux) et sociaux (perturbation de la vie quotidienne, destruction de l'habitat, baisse des activités économiques). Malgré les efforts des autorités locales pour réduire les inondations tout en protégeant l'environnement, les résultats restent éphémères et non durables. La gouvernance actuelle, axée sur le pouvoir des autorités administratives, néglige celui des autorités traditionnelles et des populations dotées de savoirs endogènes et d’expérience face aux risques. Une approche participative impliquant les résidents dans l'élaboration des solutions est essentielle pour des politiques publiques plus efficaces et mieux acceptées. Cette recherche vise à identifier les rôles des différents acteurs, à inventorier les savoirs locaux et d’expérience, et à promouvoir une politique publique cohérente et durable en convoquant une approche interdisciplinaire alliant sciences sociales, sciences de la santé et sciences du vivant.
REMEAU Margot, psychologie, LaPsyDE (Université Paris Cité) : Inégalités éducatives dans le second degré : Rôle des fonctions exécutives, de la métacognition, des compétences socio-émotionnelles et du bien être
En France, le Portrait Social publié par l'Insee (2021) met en évidence, année après année, la persistance de notables inégalités scolaires. Loin de les réduire, notre système éducatif semble avoir tendance à les accentuer, comme le suggèrent les données de la DEPP ainsi que les études internationales telles que PISA, PIRLS, et TIMSS. De plus, les systèmes éducatifs doivent être en mesure aujourd'hui de permettre à tous les élèves, quel que soit leur milieu social d’origine, d’acquérir des compétences-clés pour devenir des citoyens capables de faire face aux défis de demain (OECD, 2018). Ces compétences renvoient à des compétences cognitives, métacognitives et socio-émotionnelles. De nombreuses études ont déjà démontré que le statut socio-économique exerce une influence significative sur ces compétences. D’autres études ont également montré que toutes ces compétences jouent un rôle significatif dans les résultats scolaires. Dans ce contexte, ce projet vise à examiner le rôle de l’ensemble de ces compétences-clés dans les inégalités éducatives. Les objectifs sont d'analyser le rôle médiateur de ces compétences dans le lien entre le statut socio-économique et la réussite scolaire, en adoptant une perspective développementale et à long terme. Cette démarche permettra d'appréhender l'influence de ces compétences sur les inégalités scolaires et d'identifier si l'une d'entre elles semble jouer un rôle plus prépondérant que les autres.
SALGADO HANSEN Marius, sociologie, CERMES3 (Université Paris Cité) : Constater la complexité des lois de prises en charge sous contrainte dans le travail des juges, des avocats et des soignants en psychiatrie d’hospitalisation
La loi du 5 juillet 2011 pose le nouveau cadre légal des soins sous contrainte en psychiatrie. Elle différencie cinq démarches qui suivent des procédures distinctes, impliquant des médecins différents au sein d’une même équipe, et réclamant la production de documents de suivis singuliers. Cette complexité est soulignée par tous les acteurs chargés de sa mise en pratique. D’abord, au sein des unités d’hospitalisation, par les psychiatres et les soignants qui rapportent la lourdeur des procédures administratives et une inapplicabilité factuelle desquelles résultent de nombreuses erreurs. Ces difficultés sont pareillement soulignées chez les avocats des patients qui regrettent leur manque de formation. Enfin, les juges conscientisent ces complexités et modifient leurs pratiques et leurs attentes en retour, détournant leur attention vers les modalités de prise en charge plutôt que sur la question du maintien de la contrainte. Finalement, ces textes trop complexes sont remplacés par des formes d’ententes tacites entre ces groupes, appelant à une simplification et une prise en compte des réalités d’un quotidien marqué par le manque de moyens et de personnel.
SCHLEGEL, Juliette, économie, LADYSS (Université Paris Cité) : L'évaluation relationnelle des politiques publiques, trois essais en économie politique du développement
Le présent projet contribue au débat sur les méthodes d'évaluation des politiques publiques. Il interroge les propriétés politiques du succès de l’action publique aux Suds en s’intéressant à leur fabrique relationnelle et idéationnelle. L’évaluation relationnelle consiste à éclairer un processus qui implique une variété d’acteurs parmi lesquelles circulent des ressources de différente nature (financière, matérielle, d’ingénierie) et qui s’agrègent en groupes stratégiques plus ou moins stables, des communautés de visions et ou d’intérêts qui conditionnent l’effectivité et l’efficacité des politiques et action publiques. Dans le domaine du développement, cette branche naissante complémentaire ou concurrente des approches standards en termes d’impact, met la structure des relations et les questions de coordination et de coopération entre acteurs différents au cœur de la démarche évaluative. On mobilise pour cela l’Analyse des réseaux sociaux (ARS) et ses outils spécifiques dans l’idée que la « fabrique politique des politiques publiques » compte. A minima, elle est un déterminant essentiel de leur succès. L’évaluation relationnelle considère la construction sociale de l’action publique comme essentielle à sa performance. Il s’agit d’objectiver d’une part les relations au sein du réseau d’action publique et d’intégrer la dimension cognitive en tenant compte des rapports de pouvoir et des enjeux politiques et socioéconomique.
TALLENT, Théodore, science politique, CEE (Sciences Po) : Climate policies and the challenge of citizens’ support in rural Europe
Ma recherche, intégrant méthodes qualitatives et quantitatives, examine la dimension territoriale des attitudes des citoyens européens à l'égard des politiques climatiques. Dans le cadre de ma thèse, j'analyse comment et dans quelle mesure ces attitudes varient selon les territoires, en particulier entre les zones urbaines et rurales, et j'explore les obstacles à l' « acceptabilité » des politiques climatiques en dehors des centres urbains. Les citoyens ruraux étant souvent perçus comme plus réticents à soutenir la transition écologique, j'étudie la manière dont ces citoyens, en France et en Europe, forment, structurent et expriment leurs opinions sur la transition écologique. Des analyses statistiques de sondages permettent d'identifier les dimensions spatiales en jeu, notamment autour de l'axe urbain-rural. En complément, une étude de terrain dans les zones rurales françaises affine la compréhension des motifs de résistance et du rôle du contexte territorial dans la formation des attitudes. Cette approche me permet de contribuer à une compréhension plus nuancée des attitudes, qui sont à la fois multidimensionnelles (économiques, culturelles, identitaires, etc.) et contextualisées.