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14.01.2025
Quand les récits personnels redessinent le processus de sélection d’une grande école française
À propos de cet événement
Le 14 janvier 2025 de 12:30 à 14:00
L'axe Politiques éducatives du LIEPP a le plaisir de vous convier au séminaire :
Quand les récits personnels redessinent le processus de sélection d’une grande école française
14 janvier 2025 , 12h30-14h
Sciences Po, Salle K008, 1 place Saint Thomas d'Aquin, 75007 Paris
INSCRIPTION OBLIGATOIRE POUR PARTICIPER EN PRESENTIEL
Inscription obligatoire pour participer VIA ZOOM
Intervenants :
Stéphane Benveniste (Ined ; AMSE)
Stéphane BENVENISTE est chercheur post-doctorant à l’Institut national d’études démographiques (Ined) et chercheur affilié à Aix-Marseille School of Economics (AMSE). Sa thèse de doctorat a été récompensée par l’Association Française de Science Économique et saluée par l’Institut National de la Jeunesse et de l'Éducation Populaire. À l’intersection de l’économie appliquée et de la sociologie quantitative, ses recherches explorent, dans une perspective historique, la mobilité intergénérationnelle et les inégalités. Il s’intéresse particulièrement au rôle des grandes écoles dans la structuration des hiérarchies sociales en France, en étudiant leurs processus d’admission, les réseaux qu’elles structurent et les carrières de leurs diplômés. Son travail analyse également les dynamiques familiales et les trajectoires de vie, ainsi que leur impact sur les inégalités patrimoniales.
Marine Haddad (Ined ; Sciences Po, CRIS)
Marine HADDAD est sociologue à l’Institut National d’Études Démographiques (Ined), chercheuse associée au Centre de Recherche sur les Inégalités Sociales (CRIS) à Sciences Po et à l'Institut Convergences Migrations. Ses travaux portent sur les liens entre parcours migratoires, professionnels et familiaux, avec une focalisation spécifique sur les Outre-mer français. Ils s’appuient sur des entretiens biographiques, des données de la statistique publique, administratives et d’archives, en mêlant analyses quantitatives et qualitatives. Ils adoptent une perspective à la fois démographique, sociohistorique et sociopolitique.
Résumé :
L’accès à l’enseignement supérieur demeure très inégalitaire, notamment dans les établissements sélectifs. Pour y remédier, leurs processus d’admission peuvent poursuivre deux objectifs complémentaires mais potentiellement en tension. D’une part, le processus de sélection peut s’attacher à diversifier les profils socio-démographiques des diplômé·es, selon le genre, l’origine géographique ou socio-économique (promotion de la diversité). D’autre part, il peut viser à identifier les candidat·es les plus prometteur·euses ou les mieux alignés avec l’identité de l’institution (adéquation à l’institution). Ce second objectif d’adéquation peut confronter excellence académique et accomplissements non académiques, tels que mis en exergue dans les écrits personnels des candidat·es.
Les dispositifs d’admission dits « holistiques » illustrent cette ambivalence, en évaluant les candidat·es à l’aune de leurs performances scolaires tout en tenant compte de leurs circonstances, trajectoires et expériences de vie. Ils intègrent aussi leurs motivations et activités extrascolaires, ainsi que la capacité des candidat·es à valoriser l’ensemble dans leurs écrits personnels.
La réforme des admissions de Sciences Po en 2021 a mis un accent particulier sur les écrits personnels (lettres de motivation, essais et descriptions d’activités), comptant pour un tiers de la note d’admissibilité. Ce séminaire examine comment l’inclusion de ces écrits personnels modifie le classement des candidat·es et le profil des admissibles, en exploitant les données de 13 000 candidatures en 2021, dont 800 issues des Conventions d’Éducation Prioritaires (CEP), programme visant à promouvoir la diversité territoriale et sociale.
Les écrits personnels sont différenciés selon la richesse de leur vocabulaire (densité lexicale) et leur contenu thématique (classification k-means), et nous relions ces caractéristiques à la note attribuée à ces écrits. Nos analyses montrent que la capacité des candidat·es à se mettre en scène dans leurs récits et à aborder des thématiques en résonance avec l’identité de Sciences Po est particulièrement valorisée. Surtout, la prise en compte des écrits personnels dans la sélection subvertit l’ordre scolaire traditionnel, sans pour autant affecter significativement la distribution sociale des admissibles.