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Observatoire des pratiques d’enseignement
À travers un observatoire des pratiques d’enseignement, l’animation de formations ou encore l’organisation de temps réflexifs facilitant les partages et les retours d’expériences pédagogiques, la Maison des Arts & de la Création encourage la transformation et l'innovation pédagogiques par l'intégration des arts dans les pratiques d'enseignement. Son observatoire permet ainsi d'aller à la rencontre des enseignants qui mobilisent les arts et/ou encouragent une pratique artistique dans leurs cours. Qu'il s'agisse des langues ou des sciences humaines et sociales, comment chacun, avec sa sensibilité, son histoire, ou bien encore son prisme disciplinaire se saisit-il de cet objet singulier qu’est l’œuvre d’art ? Qu’il s’agisse d’animer ou d’évaluer un enseignement, de quelles façons les arts constituent-ils le vecteur indispensable d’un apprentissage incarné et sensible, intégrant résolument le “je” singulier au coeur d’une pratique d’enseignement transformée et enrichie par le regard de chacune et de chacun ? Quel est l’impact de ce type de pratiques, tant pour les enseignants que pour les étudiants ? Bien loin d’une méthode univoque et figée, les retours d’expériences des enseignants constituent autant d’exemples et de ressources pour toute personne qui souhaiterait, à son tour, mobiliser les arts dans son cours, pour développer la pensée réflexive et critique des étudiants, susciter leur créativité, décentrer leur regard ou bien encore ouvrir et nourrir le débat.
Répertoire des pratiques d’enseignement
Animer son cours avec les arts
Frédéric Ramel propose une mise en situation déjà réalisée dans un cours sur la bienveillance dans les relations internationales et dans un cours d’humanités politiques. Il joue un morceau et propose aux participants de choisir un mot auquel leur fait penser ce qu’ils entendent. Il faut, pour cela, se laisser aller à ce que l’on perçoit. La diversité des mots reçus montre la multiplicité des perceptions d’une même musique. Pendant les 10 minutes d’expérience musicale proposées par Frédéric Ramel, le silence a permis l’accueil d’une musique extérieure et la perception de choses très différentes. En diplomatie, l’écoute est fondamentale pour accueillir le point de vue de l’autre. Dans les démocraties contemporaines, affectées par la polarisation affective, la capacité d’écoute est perdue. Il faut revenir à une expérience acoustique qui invite l’étudiant à solliciter cette capacité qui est déjà là et qu’il faut juste utiliser et entraîner.
L’art est un sujet qui est cher à Hugo Micheron car il est un moyen extraordinaire de faire un pas de côté pour toucher des aspects déterminants du cours que l’on ne pourrait pas aborder autrement. Le message qu’il adresse à ses étudiants en leur présentant différentes œuvres est un encouragement à retourner dans les musées, car ce sont de véritables détonations pour qui fait une lecture politique des tableaux qui y sont exposés. Cela permet de nourrir un regard différent sur le monde et de ne pas se contenter des images mouvantes. L’art est à la fois la base et l’extension du propos. Son introduction dans un cours permet de casser un effet d’accumulation des savoirs pendant un long cours rythmé par la voix répétitive et monotone du professeur.
Jeanne-Louise Roellinger intègre des œuvres de fiction à son cours d’introduction à la science politique lors de sa première année d’enseignement en tant que chargée de TD. Elle souligne une liberté pédagogique importante, notamment dans la création du syllabus, le choix des lectures et la dernière partie du semestre qui autorise l’étude d’enjeux plus transversaux. Ses objectifs pédagogiques sont la transmission des connaissances (de l’enseignant à l’étudiant mais aussi des étudiants entre eux) puis l’appropriation de ces connaissances et le développement des capacités d’analyse et de critique des phénomènes contemporains. La sélection de contenus de lecture dits introductifs a permis de se mettre progressivement dans la séance et de se préparer à aborder des lectures plus corsées. Jeanne-Louise Roellinger a par exemple introduit une séance sur les sciences politiques et le futur par la lecture de Minority Report de Philip K. Dick.
Anastasia Scepi envisage l'art comme un véritable levier pédagogique et organise son enseignement en deux temps : un premier temps est centré sur l'acquisition des savoirs et des compétences transversales nécessaires à toute pédagogie de projet, et un second temps se concentre sur la mise en œuvre dudit projet, et donc de l'appropriation personnelle et sensible. Au cours de ses enseignements, ses étudiants s'exercent à la réalisation d'annotations, de scénarios et de vidéos à l'aide d'outils numériques pour penser les rapports entre l'art et les nouvelles technologies; à l'écriture d'un scénario, d'un story-board ou encore d'une bande-son à partir de leur visite du FRAC Champagne Ardenne; ou encore à l'écriture longue à partir de contraintes imposées et inspirée de leur expérience au musée Saint-Rémi de Reims. Les étudiants d'Anastasia Scepi sont ainsi invités à écrire, à s'arrêter sur leurs perceptions et sur leur expérience de l’œuvre, afin de développer leur propre regard par le biais de l'écriture de création.
Encourager l'expressivité des étudiants par le débat
Apprendre la distance critique, à discriminer ses sources et à vérifier des faits, promouvoir le pluralisme, être conscient de son propos, de ses ressorts et de ses effets, mais aussi écouter, prendre en compte le point de vue de l’autre, distinguer opinion et argumentation dans une période où règne une grande confusion entre les deux : tels sont les objectifs mais aussi les vertus du débat, tel que Christophe De Voogd le pratique depuis plus de vingt ans à Sciences Po. Il raconte l'organisation de ce moment privilégié de son enseignement : les formes que peut prendre le débat, les objectifs pédagogiques de ce format mais aussi les conditions préalables à son bonne exercice, parmi lesquelles le contrat pédagogique qu'il passe avec ses étudiants. Christophe De Voogd partage également ses conseils, références et ressources pour tout enseignant qui souhaiterait faire débattre ses étudiants dans le cadre de son cours.
Avec nos partenaires universitaires
Forte de cette expérience d’observation des pratiques d’enseignement, la Maison des Arts & de la Création multiplie les échanges avec des partenaires universitaires, nationaux et internationaux, afin de créer un réseau d‘interlocuteurs œuvrant pour le dialogue entre arts et sciences humaines et sociales.
National University of Singapore
La Maison des Arts & de la Création a été invitée à présenter son modèle et envisager des pistes de collaborations resserrées, à l’instar d’un projet financé par Sorbonne Paris Cité pour que la National University of Singapore et Sciences Po expérimentent un format d’enseignement unissant les sciences humaines et sociales avec les arts, et les modalités d’accompagnement des enseignants associées.
