Dannecker, Theodor
De l’été 1940 à l’été 1942, le SS-Obersturmführer Théo Dannecker (1913 – 1945) est le chef du Service des Affaires juives de la petite équipe de la « Gestapo » qui se met en place en France occupée, à l’ombre du commandement militaire. C’est un proche d’Adolf Eichmann et, malgré son jeune âge – moins de trente ans –, c’est sans doute un des hommes les plus expérimentés parmi l’équipe responsable du sort des Juifs et de la « solution finale »
Non diplômé, il travaillait chez un commerçant en textiles lorsqu’il adhère au parti nazi et à la SS en 1932. Il en devient permanent dès 1934, avant d’entrer au quartier général du SD à Berlin trois ans plus tard. Il intègre la section des Affaires juives et a en charge la sous-section « Juifs assimilés ». Les conférences qu’il donne à des cadres du parti, avec d’autres membres de la section, démontrent sa connaissance du sujet. Il la vérifie « sur le terrain », en participant en 1938 à Vienne à la création d’un Office central d’Emigration juive. Après l’invasion de la Pologne, il est envoyé créer la réserve de Nisko, près de Lublin. Au printemps 1940, il est à Prague pour reproduire le modèle viennois.
C’est sa connaissance des « Juifs assimilés », majoritaires en France, qui pousse Eichmann à le choisir à l’été 1940 pour diriger le service de Paris. En liaison directe avec son mentor, il est toutefois placé sous l’autorité d’Helmut Knochen, un homme qu’il a déjà croisé à Berlin. L’extrémisme et l’activisme de Dannecker ne vont dès lors cesser de se heurter avec la politique réaliste de Knochen, plus large, dépassant la seule question juive, davantage centrée sur la situation en France occupée et sur la nécessaire collaboration avec les autorités françaises. Ces désaccords pour mener la « solution finale » et fixer son rythme amènent ainsi, dès juillet 1942, le départ de Dannecker. Il poursuivra son action à Sofia, pour déporter les Juifs bulgares. Mais, comme l’a démontré Serge Klarsfeld, aucun autre que lui sans doute n’aurait pu faire démarrer aussi efficacement la « solution finale » en France occupée. Il reste « le véritable architecte de l’infrastructure anti-juive en France » (S. Klarsfeld, 1983-2001:42).