Handicap au travail
Maladies chroniques, handicap et gestion des situations de travail
Waser Anne-Marie
,
Lhuilier Dominique
,
Huyez-Levrat Guillaume
,
Brugeilles Frédéric
,
Lénel Pierre
Sciences sociales et santé
- Date :
- Langue : fr
- Discipline : Sociologie ; Management
- Méthode : Qualitative
- Thématique secondaire : Handicap au travail ; Aménagements ; Culture organisationnelle
- Type de handicap : Moteur ; Psychique ; Maladie invalidante
- Zone d’étude : France
Sujet précis
La gestion des situations de travail et des politiques d’emploi de personnes concernées par des maladies chroniques, à deux niveaux hiérarchiques (encadrement et direction), dans deux entreprises françaises.
Méthodologie
Monographies par observations et entretiens dans deux entreprises françaises : « Leblanc », secteur du nettoyage, et « Lecommerce », secteur du commerce.
- À Leblanc, 5 observations des situations de travail + 3 entretiens avec une chargée de mission handicap, 2 avec un médecin du travail, 3 avec un responsable du site, et 9 avec des salariés avec des problèmes de santé
- À Lecommerce, étude de sources écrites de la structure (« bilans sociaux, rapports d’activité du service de santé au travail, déclaration obligatoire d’emploi des travailleurs handicapés (Déclaration Obligatoire d’Emploi de Travailleurs Handicapés), […] ») + 7 entretiens avec des salariés concernés par des maladies chroniques , 4 avec des responsables d’équipes/de services.
Principales conclusions
Les auteur·e·s distinguent 2 types de gestion :
- la gestion de situations de travail, cadrées comme des « désajustements » peu spécifiques ou des « dérégulations » distinctes. À Leblanc, les aléas liés aux maladies et aux handicaps sont intégrés parmi les autres aléas constitutifs au secteur du nettoyage ; le travail d’encadrement est donc un travail d’« ajustement » entre les contraintes de la tâche à effectuer et les aléas (parmi lesquels les problèmes de santé). Les arrangements informels prédominent sur la régulation formelle. À Lecommerce, les aléas sont constitués en problèmes de gestion, pour lesquelles des « régulations » particulières sont prévues (allègement de poste, affectation dans les services « clientèle » ou « courrier »). Les encadrant·e·s se fondent sur les limitations des personnes (baisse de productivité) plutôt que sur les « causes » de ces limitations pour engager de telles régulations. Les employé·e·s sont jugé·e·s sur leurs efforts perçus.
- la gestion des politiques d’emploi. Leblanc adopte une politique volontariste en cherchant à dépasser le taux d’obligation d’emploi des personnes handicapées, ce qui permet de limiter les revendications communautaires des salarié·e·s (les personnes handicapées ne formant pas communauté) et de dorer l’image de l’entreprise, qui « fait du social ». À Lecommerce, l’emploi de personnes handicapées participe à une politique de maintien en emploi et de valorisation des salarié·e·s les plus âgé·e·s (les « permanent·e·s », qui ont davantage de latitude sur leurs conditions de travail) dans une logique de fidélisation du personnel et de « paix sociale ». Cette politique se fait au détriment des personnes recrutées par la voie RQTH (Reconnaissance de Qualité de Travailleur Handicapé), qui connaissent les mêmes conditions précaires que les salarié·e·s jeunes.