Disability and ‘care’ : Managers, employees and colleagues with impairments negotiating the social order of disability
- Date :
- Langue : en
- Discipline : Sociologie ; Management
- Méthode : Qualitative
- Thématique secondaire : Discriminations ; Handicap au travail
- Type de handicap : Moteur
- Zone d’étude : Danemark
Sujet précis
La négociation des effets stigmatisants du « soin » (care) et de l’ « aide » (help) dans les relations entre supérieur·e·s, collègues et travailleurs.ses handicapé.e.s.
Méthodologie
Entretiens semi-directifs mené en 2013 dans 13 organisations danoises (8 du public, 5 du privé) des domaines de l’informatique, des services, de la documentation technique, et des services sociaux et psychiatriques, avec :
- 13 employé·e·s avec des infirmités motrices cérébrales (10 hommes/3 femmes), dont 4 à temps plein
- 19 supérieur·e·s hiérarchiques (12 hommes, 7 femmes)
- 43 collègues (25 hommes, 18 femmes)
Principales conclusions
L’auteure contextualise son enquête à l’aide de la littérature sur le modèle social du handicap, sur la stigmatisation, sur le « care ». Elle s’attarde sur le modèle de Kanter (1977, 1993) des « jetons organisationnels », par lesquels des personnes stigmatisées se retrouvent « piégées » par la population majoritaire, à occuper un rôle stéréotypé (role entrapment).
Elle revient ensuite sur ses principaux résultats de terrain :
- Un discours sur le soin et l’aide revient énormément, aussi bien parmi les supérieur·e·s et collègues que parmi les personnes handicapées.
- Dans les propos des supérieur·e·s et collègues, l’expression du soin s’accompagne généralement de ce que l’auteure qualifie de « rhétorique de l’enfant » (child rhetoric), c’est-à-dire des expressions infantilisantes comme « small », « cute », « cub bear », … Ces expressions ne sont pas présentes lorsqu’il est fait mention de soin envers des collègues valide.
- Cette rhétorique s’inscrit dans une relation asymétrique qui se calque sur une relation parent/enfant, une forme d’ « éducation » où les supérieur·e·s et collègues surveillent certaines personnes handicapées. Celles-ci perçoivent et disent parfois apprécier ces attentions.
- D’autres répondant·e·s sont plus critiques vis-à-vis de cette situation : l’auteure cite 6 personnes handicapées qui désapprouvent un soin trop prononcé, et 2 collègues qui estiment que le soin peut nuire à l’égalité.
En conclusion l’auteure estime que le soin et l’aide sont une forme de stigmatisation au même titre que le harcèlement, mais qui s’en distinguent parce que les personnes handicapées elles-mêmes y contribuent, dans une forme d’ « embrassement du rôle » (role embracement, Goffman, 1963). Elle considère que l’aide ne doit pas seulement être comprise comme une problématique de dépendance, mais d’ « ordre social » du handicap et du stigmate qui se négocie de façon relationnelle. En ce sens les personnes handicapées ne sont pas « piégées » dans leur rôle comme l’évoque Kanter, mais partie prenante.