Cette série d’entretiens a été réalisée dans le cadre de la conférence annuelle de la Chaire Digital, Gouvernance et Souveraineté intitulée « Souveraineté numérique et crise géopolitique », qui s’est tenue, le 6 décembre 2023.
Si la notion de « souveraineté numérique » est souvent employée en Europe comme un synonyme du concept d' »autonomie stratégique » mis au point par l’Union européenne, elle est également utilisée, hors d’Europe, pour désigner des stratégies visant à reprendre le contrôle du réseau mondial. En particulier depuis le début des années 2000, la Chine et la Russie tentent de construire un « Internet souverain » tant au niveau des couches basses (serveurs, protocoles) que des couches hautes (réseaux sociaux, services de messagerie) de l’Internet. A la lumière de ces deux exemples, peut-on craindre, comme c’est souvent le cas outre-Atlantique, que le concept de « souveraineté numérique » risque de légitimer des dérives vers l’ « autoritarisme numérique » ?
La conférence a abordé la notion de souveraineté numérique dans une perspective renouvelée et permis de discuter des caractéristiques numériques et cybernétiques de la guerre en Ukraine et de la confrontation technologique actuelle entre la Chine et les États-Unis.
Dans cet entretien, Ksenia Ermoshina, chercheuse senior au Centre Internet et Société et titulaire d’un doctorat en socio-économie de l’innovation, professeure associée à Saint-Cyr Coëtquidan et chercheuse au centre GEODE, analyse l’approche juridique et technologique de la souveraineté numérique en Russie.
Ksenia Ermoshina est chercheuse (permanente) au Centre Internet et Société et titulaire d’un doctorat en socio-économie de l’innovation. Elle a soutenu sa thèse au Centre de sociologie de l’innovation de Mines ParisTech en novembre 2016. Elle est également chercheuse associée au Citizen Lab, Université de Toronto.