Pour mieux assurer sa souveraineté numérique, la France devra procéder à des investissements supplémentaires dans les technologies numériques. Mais sa stratégie devra se construire à l’échelle de l’Union européenne, afin de bénéficier des rendements croissants indispensables au développement des investissements numériques.
Sarah Guillou, La souveraineté numérique française passera par l’investissement dans les technologies numériques
Qu’est-ce que la souveraineté numérique ? Comment peut-on la mesurer ?
La notion de souveraineté numérique est apparue en France il y a maintenant une dizaine d’années. Elle s’est démocratisée avec l’émergence des GAFAMs, la prise de conscience de leur rôle central et centralisateur dans nos vies numériques, et occupe une place de choix dans le débat public depuis plusieurs mois, notamment en lien avec la crise déclenchée par l’épidémie de Covid19 qui a rendu la dépendance de nos économies via-à-vis des « Géants du Web » plus apparente que jamais.
Bien que souvent explorée, y compris en tant que l’un des sujets de recherche au cœur des activités de la Chaire Digital, Gouvernance et Souveraineté, la « souveraineté numérique » reste un concept parfois difficile à définir méthodiquement et à quantifier. Sarah Guillou, Directrice du département Innovation et Concurrence de l’OFCE, propose donc dans ce policy brief novateur de mesurer la dimension économique de la souveraineté numérique.
En s’appuyant sur un vaste corpus de données macroéconomiques, l’économiste explore les indicateurs de production et d’usage qui fonderaient la « maîtrise technologique » sur laquelle repose la souveraineté numérique. En comparant les situations de la France, des États-Unis, de l’Allemagne, de l’Italie, du Royaume-Uni, de la Corée du Sud et de la Chine, Sarah Guillou identifie donc quels sont les facteurs économiques qui participent réellement à la souveraineté numérique d’un pays, comme notamment la spécialisation productive et l’activité de recherche et développement, tout en nuançant au passage l’importance des « champions numériques » ou des importations dans cette évaluation de la maîtrise technologique à l’échelle d’une économie.
L’auteure constate que « ni la France, ni vraiment l’Europe ne sont dans le peloton de tête » et recommande, sur la base de cette analyse, l’adoption d’une nouvelle stratégie d’investissement dans les technologies numériques s’inscrivant dans un effort européen, affirmant que « la souveraineté numérique de la France ne pourra se consolider qu’avec l’Union européenne. »