Après plus de dix ans d’existence, les technologies blockchain sont désormais connues de l’opinion publique, alors que leur définition reste difficile. Inventées pour disrupter des banques et s’affranchir de l’emprise des États, les institutions financières et les banques centrales investissent désormais massivement dans ces technologies de registre distribué. Les cryptomonnaies sont passées, durant les trois dernières années, d’alternatives monétaires numériques utilisées dans des cercles d’initiés, parfois en lien avec la cybercriminalité, à des outils de spéculation risqués mais très accessibles au grand public.
Alors que de nombreux gouvernements promeuvent le développement d’un écosystème d’innovation mature autour de ces technologies et mettent en place des cadres réglementaires ambitieux, y compris en France avec l’adoption de la loi PACTE, dont la promulgation a eu lieu il y a bientôt un an, la Chaire Digital, Gouvernance et Souveraineté de l’École d’Affaires Publiques a donc décidé d’organiser un cycle de conférences dédié aux problématiques de gouvernance et de souveraineté posées par ces technologies conçues pour s’organiser d’elles-mêmes, de manière décentralisée, ouverte et sécurisée, et pour échapper, du moins à l’origine, à tout contrôle extérieur.
En ouverture du cycle, le 12 février 2020 a eu lieu la conférence intitulée « The Blockchain Ideology after the crypto boom: is the cypherpunk movement still alive? », modérée par Florence G’sell, titulaire de la Chaire, a été l’occasion pour Primavera De Filippi, chercheuse au CNRS, au Harvard Berkman Center for Internet and Society et auteure de Blockchain and the Law, Amir Taaki, développeur Bitcoin, hactiviste, créateur du Dark Wallet et ancien membre de la milice kurde YPG, et Yorick de Mombynes, conseiller référendaire à la Cour des Comptes, co-auteur du rapport de l’Institut Sapiens “Bitcoin, Totem and Taboo”, de discuter de l’importance fondamentale de la pensée des cypherpunks aux origines du Bitcoin et de la persistance de ces idéaux à l’heure de l’adoption des technologies blockchain par des institutions financières et des États bien éloignés de cet héritage idéologique.
Le replay intégral de l’événement peut être visionné ici.