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12.07.2021
Nicolas Vogtenberger, promotion 2018
Pouvez-vous décrire votre parcours universitaire et professionnel ?
Après le bac j’ai choisi de faire une classe préparatoire scientifique à Strasbourg. J’ai enchaîné avec une école d’ingénieur à Grenoble. Une fois diplômé, j’ai commencé à travailler dans un cabinet de conseil en management qui s’appelle Wavestone, sur des questions liées à l’innovation digitale et sur la façon dont la technologie faisait évoluer les organisations. Après quelques temps, je me suis rendu compte du fait que si les questions techniques étaient passionnantes, il me manquait quelque chose en lien avec les sciences humaines et les politiques publiques. J’ai donc postulé au Master politiques publiques de l’École d’affaires publiques.
A Sciences Po j’ai eu l’opportunité de réaliser ma deuxième année de master en alternance au sein des services du Premier ministre pour la mission Etalab. J’y ai travaillé sur le plan d’action de la France réalisé dans le cadre du Partenariat pour un gouvernement ouvert. C’est un plan d’action qui vise à rendre les politiques publiques plus transparentes et collaboratives, une expérience que j’ai beaucoup aimée parce que très en phase avec les enjeux actuels !
Ensuite je suis retourné chez Wavestone et j’ai assez vite réalisé que mes aspirations professionnelles avaient fortement évolué pendant ces 2 années de Master politiques publiques. Je travaille désormais chez Publicis Media où je suis collaborateur du CEO et je fais aussi partie de l’équipe qui a fondé le Positive Media Project. Il s’agit d’un « fab tank » qui vise à co-construire une publicité plus responsable avec l’ensemble de l’écosystème publicitaire – un peu dans la lignée de ce que je faisais chez Etalab finalement !
Quelles ont été les principales étapes de la construction de votre projet professionnel ?
Mon projet professionnel est en construction et en évolution permanente. J’ai plusieurs grandes thématiques qui m’intéressent depuis longtemps : le numérique, l’environnement, le droit et l’économie. Cependant, en pratique mon projet professionnel s’est plutôt construit par des opportunités, des rencontres et une certaine curiosité !
Par exemple, quand j’ai choisi d’aller étudier en école d’ingénieur, c’est parce que j’aimais la démarche de résolution des problèmes et la structure que peuvent apporter les sciences dures. Ensuite en sortie d’école j’ai choisi d’aller faire du conseil en management pour pouvoir prendre du recul sur les questions de gouvernance des entreprises. C’était une expérience très enrichissante, marquée par de nombreux apprentissages.
Cependant, c’est également une expérience qui m’a permis de réaliser que certains aspects plus liés aux sciences sociales me manquaient dans mon travail quotidien. En particulier, lors d’une de mes premières missions, j’ai travaillé sur une publication à propos de la façon dont le numérique change la façon de travailler en entreprise. Une de mes collègues évoquait des cours de sociologie du travail qu’elle avait justement eus à Sciences Po et ça a fortement fait écho à certaines de mes aspirations. J’ai aussi eu de plus en plus envie de pouvoir prendre en compte les questions institutionnelles, réglementaires et économiques. Finalement, j’aimais les métiers du conseil et in fine le conseil en affaires publiques m’a semblé être une voie professionnelle qui répondrait à mes attentes. C’est un peu de cette façon que j’ai souhaité postuler et ai finalement été admis dans le Master politiques publiques.
A Sciences Po j’ai eu l’opportunité de travailler sur le lien entre politiques publiques et numérique grâce au Policy Lab et en effectuant mon M2 en alternance pour la mission Etalab. Ce sont deux expériences qui m’ont vraiment donné envie de travailler sur des questions à l’intersection du numérique, du droit et de l’économie. Le secteur de la publicité se transforme profondément depuis une petite décennie, se digitalise. Dans le même temps, les enjeux réglementaires, de partage de la valeur et d’éthique se multiplient. En travaillant pour le dirigeant d’une grosse agence de la place j’ai la chance de pouvoir travailler sur toutes ces questions qui me passionnent !
Je le disais au début, mon projet professionnel est évolutif. Aujourd’hui de plus en plus, je suis également intéressé par les questions liées à la transition écologique, mais in fine, comme les questions numériques il s’agit de questionner les mutations profondes qui traversent la société et les organisations. La formation à Sciences Po m’a donné tous les outils méthodologiques et conceptuels pour s’intéresser à ce sujet.
Comment s’est déroulé votre processus de recrutement et quelles sont les caractéristiques du poste que vous occupez aujourd’hui ?
Je parlais de rencontres précédemment et le processus de recrutement pour le poste que j’occupe actuellement découle précisément d’une rencontre. En 2018 je me suis rendu au Forum carrières de Sciences Po et un de mes amis souhaitait spécifiquement rencontrer Publicis. Sur le stand de Publicis, que je connaissais assez peu, j’ai beaucoup échangé avec une des personnes présentes et je lui ai laissé mon CV. Quelques semaines plus tard, cette personne m’appelait pour me proposer de rencontrer la personne qui est mon chef aujourd’hui. J’ai apprécié les échanges que j’ai eu avec différents interlocuteurs lors du processus de recrutement, la société se transformait beaucoup (et continue à se transformer !) en raison de la part croissante du numérique dans nos vies. Lorsque Publicis m’a proposé de les rejoindre j’ai pensé que ce serait un environnement stimulant et qu’il s’agissait d’une bonne occasion d’apprendre de nouvelles choses !
Aujourd’hui je travaille donc au quotidien pour le CEO de Publicis Media France. Je travaille « sur commande » quand une prise de parole est prévue ou qu’une note est utile sur un sujet spécifique par exemple. Je travaille aussi de ma propre initiative sur des sujets qui me paraissent importants à plus ou moins long terme ou sur lesquels j’estime qu’il serait important que nous prenions position. C’est un peu comme ça que j’ai commencé à travailler sur les sujets environnementaux en 2019 par exemple.
Si je prends un peu de recul sur les caractéristiques du poste, il y en a plusieurs. Il nécessite d’être curieux, rigoureux, proactif, de pouvoir travailler en autonomie et d’être capable d’acquérir rapidement une bonne technicité sur des sujets variés. Il faut aussi savoir convaincre, transmettre des idées, écrire des tribunes, discours, etc. Enfin, c’est aussi un poste qui m’offre la liberté de traiter des sujets qui me paraissent importants pour l’entreprise, donc la fiche de poste est évolutive ce qui me donne par exemple la possibilité de travailler sur le Positive Media Project.
Quelles ont été les contributions de votre formation à l’École d’affaires publiques à la fonction que vous occupez aujourd’hui ?
Les contributions de la formation de l’École d’affaires publiques à la fonction que j’occupe aujourd’hui sont nombreuses ! Tout d’abord, j’y ai vraiment acquis la méthode de la dissertation en 2 parties et 2 sous parties. Je sais que cette structure est souvent moquée et jugée caricaturale mais je l’adore et je la trouve d’une efficacité redoutable pour défendre des idées !
Ensuite c’est une formation qui permet de construire un socle fort de « hard skills » : les enseignements en droit, économie et culture générale sont importants à la fois pour structurer sa pensée et comprendre des problématiques complexes mais aussi pour écrire et faire preuve d’inventivité. Au delà de ce socle fort, la structure de la formation m’a permis d’acquérir une très grande ouverture d’esprit grâce aux électifs (j’ai appris à la fois comment gagner une élection et comment communiquer quand on est une institution culturelle), aux cours de formation commune (j’y ai suivi un formidable cours d’histoire), à tous les cours optionnels (je me suis initié à la recherche et j’ai pu lancer un projet entrepreneurial).
L’École d'affaires publiques m’a aussi donné la possibilité de rencontrer des enseignants très inspirants. Je me souviens par exemple des enseignants d’un cours qui proposaient à tous leurs étudiants de faire un feedback sur leur cours et d’échanger avec eux sur leur projet professionnel par exemple. Ce genre d’échanges m’a permis de prendre beaucoup de recul sur mes choix et de prendre des décisions plus éclairées.
Enfin, la communauté des diplômés de l’École d’affaires publiques est une communauté très forte dans laquelle l’entraide existe vraiment. Cette entraide transcende les spécialités, les promotions, etc. Par conséquent, nous avons collectivement, la capacité à nous aider, à faire des liens entre les différentes disciplines et c’est très agréable de savoir que nous ne serons jamais seuls.
Auriez-vous un conseil à donner à une ou un étudiant qui souhaite s’orienter vers votre secteur d’activité aujourd’hui ?
Je crois que je suis déjà très long alors je vais me permettre de donner non pas 1 mais 4 conseils !
Tout d’abord, ne vous auto-censurez pas et expérimentez. Il y a une citation de Warren Buffet qui dit « Taking jobs to build up your resume is the same as saving up sex for old age ». Au final je pense qu’il faut au maximum chercher des postes dans lesquels nous nous épanouissons vraiment.
En corollaire, n’ayez pas forcément une vision trop arrêtée de votre projet professionnel. Le cas échéant, vous risqueriez de vous fermer des portes et d’être déçu si la réalité du poste que vous atteignez ne correspond pas à vos attentes.
N’hésitez pas à sortir du cadre de votre poste et à être curieux. Proposer des nouvelles idées qui ne sont pas forcément retenues peut être très frustrant, mais il faut persévérer, s’y reprendre à plusieurs reprises, faire évoluer l’idée. Travailler une idée ne réussit pas tout le temps mais c’est toujours une façon de découvrir de nouvelles choses et de s’approprier des sujets !
Dernier conseil : ayez une appétence pour les outils quantitatifs et les outils informatiques. C’est probablement un peu mon côté « scientifique » qui parle : les données chiffrées sont présentes partout et donnent des grilles de lectures très intéressantes mais que malheureusement certain.e.s se refusent à explorer, probablement par autocensure. Enfin, à l’heure du télétravail, du « code is law » et de l’omniprésence du digital, en maîtriser les outils offre de nombreuses opportunités.