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17.12.2021
Richade Fahas, promotion 2021
Pouvez-vous décrire votre parcours universitaire et professionnel ?
Après un bac littéraire à Castelnau-Le-Lez, près de Montpellier, j’ai intégré le Collège universitaire de Sciences Po car j’avais cette ambition d’être utile au bien commun et je savais que j’allais y trouver les moyens pour professionnaliser ma volonté d’engagement.
Au Collège universitaire, mon temps était partagé entre les cours à Sciences Po et la licence d’histoire à la Sorbonne dans le cadre du bi cursus Sciences Po-Paris 4. J’ai voulu garder après le bac ce pied dans les humanités car je pense qu’elles nourrissent la réflexion et améliorent la mise en œuvre d’un projet.
J’ai ensuite passé ma troisième année d’études à Washington D.C où j’ai eu la chance de réaliser un stage à l’ambassade de France aux Etats-Unis. J’ai adoré cette expérience qui m’a permis de découvrir une administration unique de l’intérieur. Ce qui m’a le plus marqué c’est qu’une ambassade est riche de profils très différents : les diplomates bien sûr, mais aussi des profils culturels, économiques, juridiques, militaires. J’ai particulièrement aimé être dans une position de relais entre les acteurs de terrain et l’administration centrale. Je sais vouloir garder cette position dans mon métier. Si vous en avez l’opportunité, faites un stage en ambassade, c’est une expérience unique et on y acquiert plein de compétences.
En rentrant de cette année à l’étranger, mon projet était clair : m’engager au service de l’État, qui porte l’intérêt général, en devenant haut fonctionnaire. Pour cela, il fallait préparer les concours administratifs et le Master politiques publiques, spécialité Administration Publique de l’École d’affaires publiques est apparu comme une évidence.
Je viens d’être diplômé en juin dernier et je pars la tête pleine de compétences techniques qui m’ont permis de réussir le concours de l’ENA, futur INSP. Je vais pouvoir utiliser ces savoirs dans la mise en œuvre de politiques publiques. Je crois qu’un haut fonctionnaire doit maîtriser l’art de l’exécution et pour cela les masters de l’École d’affaires publiques sont excellents.
Quelles ont été les étapes majeures de la construction de votre projet professionnel ?
Je crois qu’il y en a essentiellement trois.
La première est une étape personnelle. Comme beaucoup d’étudiants, je viens d’une famille où intégrer Sciences Po ou réussir l’ENA n’était même pas dans le champ des possibles au départ. Ma mère est née dans les bidonvilles marseillais et mes parents ont toujours vu les études comme une opportunité d’émancipation de son milieu social. Je sais l’impact des politiques publiques sur la vie quotidienne des gens et c’est aussi à travers elles que j’ai découvert la chose publique.
Je ne peux évoquer la construction de mon projet professionnel sans mentionner l’Incubateur de politiques publiques de l’École d’affaires publiques. Je crois que ça a été un moment majeur tant j’y ai appris avec mon équipe sur les méthodes de mise en œuvre de politiques publiques et sur l’innovation publique au service du citoyen. C’est à partir de cet incubateur, que ce qui n’était qu’un projet étudiant est devenu une aventure entrepreneuriale.
Aussi étonnant que cela puisse paraître, c’est la création de la start-up Public+ qui m’a permis de devenir utile à la haute fonction publique de demain. Public+ c’est une plateforme numérique qui facilite le travail des agents publics par la simplification de la gestion des rendez-vous, la visioconférence et la formation continue. On a également cherché à aider le citoyen à mieux s’orienter dans ses démarches. Manager des équipes, nouer des partenariats, convaincre les administrations, écouter les attentes sont des compétences clés qu’il me tarde de mettre en pratique dans mes premières missions à la sortie de l’ENA.
Comment s’est déroulée la création de Public+ et votre engagement dans la Préparation aux concours administratifs pendant votre Master 2 ?
Je ne vais pas cacher que cette année a été très fatigante et exigeante. Je crois que je n’aurais jamais pu mener de front ces deux projets sans l’équipe de Public+ à qui je suis vraiment reconnaissant.
Trois d’entre nous ont tenté le concours de l’ENA et nous l’avons tous réussi. Je n’irai pas jusqu’à conseiller la création d’une entreprise l’année d’une préparation aux concours, mais je crois que Public+ nous a permis de nous concentrer sur l’essentiel durant une année où le risque est de s’éparpiller.
De plus, Sciences Po permet vraiment de concilier projet personnel et préparation durant le dernier semestre normalement consacré au stage, ce qui nous a aussi beaucoup soutenu.
Enfin, je crois vraiment que Public+ nous a aidé à avoir un regard original sur certaines problématiques dans nos dissertations de droit public, de finances publiques ou de questions sociales. Cela nous a donné le réflexe du concret et de la mise en œuvre.
Auriez-vous un conseil à donner à un ou une étudiant(e), futur jeune diplômé(e) ?
J’aime beaucoup cette phrase de René Char : « Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. >À te regarder, ils s’habitueront ».
Sans hésitation mon conseil serait de n’avoir peur de rien dans sa vie professionnelle. C’est plus facile à dire qu’à faire – c’est vrai - et c’est pour cela qu’il faut le répéter sans cesse.
Ne vous limitez pas dans vos projets, Sciences Po c’est l”antidestin” si on sait en tirer toutes les opportunités. Par exemple, si vous n’avez pas de réseau comme cela était mon cas en arrivant à Sciences Po, sollicitez vos professeurs et Sciences Po Carrières qui seront d’une aide précieuse pour trouver un stage, corriger une copie supplémentaire ou vous aiguiller pour trouver le lieu où votre soif d’engagement s’épanouira au mieux dans le monde professionnel.