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04.01.2022
Wissem Saïle, promotion 2021
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À l’issue d’un baccalauréat scientifique, obtenu en 2016, j’ai intégré la Faculté des sciences juridiques, politiques et sociales de l’Université de Lille afin de réaliser une licence en droit. En abordant aussi bien des notions de droit public, de droit social que d’économie ou de droit des affaires, ces années de licence m’ont permis de développer une véritable culture juridique. Au quotidien, et dans les différents emplois que j’ai effectués, il m’a été très utile de bénéficier de cette connaissance précise des normes juridiques et de leur fonctionnement.
Avec l’objectif de mieux appréhender la réalité des praticiens du droit, j’ai réalisé plusieurs stages en cabinets d’avocats. Ceux-ci m’ont permis d’assister une avocate dans le traitement d’un contentieux lié au droit des étrangers, d’analyser des dossiers en droit du travail et en droit commercial ou encore d’étudier les implications pénales de certaines affaires et d’assister à une garde à vue.
En parallèle de mes études, j’ai travaillé à partir de la troisième année de licence pour un député du Nord, membre de la Commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale. Pleinement intégré à l’équipe de ce député spécialiste du droit du travail et de la transformation de notre modèle social, j’ai vécu le quotidien des métiers de la collaboration politique et j’ai ainsi mieux perçu la mise en œuvre effective des politiques publiques.
Afin d’élargir mes compétences et en cohérence avec mon appétence pour le service public et les politiques publiques, j’ai intégré le master éponyme de l’École d’affaires publiques en 2019. Malgré la crise sanitaire inédite que nous traversons, la réactivité de l’École et l’engagement de ses enseignants m’ont permis de pleinement vivre « l’expérience » Sciences Po et de tirer le meilleur de ces deux années pour comprendre le fonctionnement des affaires publiques, pour appréhender les transformations en cours et être acteur de ces changements.
J’ai également saisi l’opportunité de réaliser la deuxième année de master en apprentissage. Disposant d’une bonne connaissance du secteur public et de l’administration publique en raison de mon cursus, j’ai choisi d’aller travailler en cabinet de conseil afin de m’ouvrir davantage sur le secteur privé. Cela me semblait nécessaire à l’heure d’un dialogue accru entre les sphères publique et privée. En parallèle de cette deuxième année de master, j’ai suivi un diplôme universitaire en Fiscalité et Comptabilité afin de mieux percevoir la grammaire du monde des affaires tout en développant des compétences analytiques et quantitatives.
Depuis septembre 2021, je travaille pour la porte-parole du ministère de l’Intérieur, la commissaire divisionnaire Camille Chaize. C’est une mission formidable, mais j’aurai probablement l’occasion d’y revenir, pour vivre le quotidien d’un grand ministère et de ses agents, tout en développant une culture de la sécurité. En parallèle de cet emploi, je continue à me former en droit public.
Quelles ont été les étapes majeures de la construction de votre projet professionnel ?
À 22 ans, j’ai bien conscience que mon projet professionnel est toujours en construction ! Les premières étapes de celui-ci se sont construites au travers d’une série de rencontres décisives. Ainsi, ce sont des échanges avec des professionnels, des stages ou encore des discussions avec des enseignants qui ont permis de tracer les premières lignes de ma vie professionnelle.
En ce sens, des premiers « jobs d’été » jusqu’à l’emploi que j’occupe actuellement, j’ai tenté de réaliser un bilan de chaque expérience professionnelle pour mieux calibrer mes aspirations et attentes.
C’est d’ailleurs en grande partie grâce à Sciences Po que j’ai pu évoluer, en quelques années, au sein d’une grande variété de secteurs : le domaine juridique, la collaboration politique, le conseil et l’administration publique.
À chaque étape de ce parcours, j’ai cherché à profiter pleinement de toutes les opportunités possibles pour comprendre les spécificités et les codes du secteur. Cela passe, entre autres, par la réalisation d’une immersion au sein de la Préfecture de Police, et plus particulièrement d’un commissariat parisien.
Comment s'est déroulée votre année de Master 2 en apprentissage, aussi bien concernant votre scolarité que votre engagement au sein d’un cabinet de conseil ?
L’apprentissage est une très belle formule qui permet de conjuguer une expérience professionnelle de long terme avec l’acquisition de savoirs académiques. Au-delà de ses multiples bénéfices en matière d’hybridation des savoirs et des pratiques, cette année a été très formatrice pour jouer le rôle de « transition » entre la vie d’étudiant et celle de jeune professionnel.
Concrètement, cette présence « au long cours » m’a permis d’être pleinement intégré à la vie du cabinet et de me spécialiser sur quelques clients, à l’instar de cette entreprise évoluant dans le champ du gaz, d’une grande banque française, d’un néo-assureur ou encore d’une start-up de la santé. Spécialisé dans l’accompagnement des dirigeants, le cabinet au sein duquel j’étais apprenti ambitionne d’améliorer l’image et l’influence des entreprises afin d’accompagner leur croissance et leurs transformations. En y restant une année complète, j’ai pu observer les résultats des recommandations que nous avions menées et j’ai gagné la confiance de mes supérieurs et des associés du cabinet. Cette présence sur le temps long m’a également permis d’accéder aux réunions avec les clients à qui j’ai pu présenter plusieurs de nos livrables.
L’apprentissage est évidemment une formule exigeante puisqu’il faut combiner le rythme soutenu de notre institution d’accueil avec les exigences académiques du master. Mais de cette exigence nait justement une capacité d’organisation, et surtout les deux expériences - académique et professionnelle - influent positivement l’une sur l’autre. J’ai ainsi nourri mes rendus académiques des connaissances acquises en entreprise. Inversement, les enseignements de management des établissements de santé ou de questions sociales ont été très utiles pour accompagner une start-up de la e-santé par exemple. De plus, les modules spécifiques au parcours en apprentissage - notamment en informatique, en management ou en gestion - sont immédiatement mobilisables en entreprise et nous permettent d’être rapidement opérationnels. Enfin, l’aide du tuteur pédagogique et de la responsable administrative de l’apprentissage, Madame Jean, ont été plus qu’indispensables dans cette année où le Covid-19 a joué, à plusieurs reprises, un rôle perturbateur…
Quelles sont les principales caractéristiques de votre poste aujourd'hui en tant que chargé de la parole publique auprès de la porte-parole du ministère de l'Intérieur ?
Classiquement présenté comme le ministère de l’urgence et de la gestion de crise, le ministère de l’Intérieur est aussi celui de la diversité : aucune journée ne ressemble à la précédente. Depuis septembre, j’évolue auprès de la porte-parole du ministère en qualité de contractuel.
D’un séminaire sur les enjeux de la présidence française du Conseil de l’Union européenne, à l’organisation d’une séquence médiatique sur la transformation numérique des outils d’alerte à la population, en passant par l’écriture d’éléments de langage destinés à la Ministre déléguée chargée de la citoyenneté ou la préparation d’une interview sur le travail d’enquête en matière de lutte anti-terroriste avec le Directeur central de la police judiciaire, les journées sont riches !
Au quotidien, la principale mission consiste à suivre la mise en place des politiques publiques du ministère et l’évolution de la parole publique sur celles-ci afin de rédiger des notes destinées à la porte-parole. Lorsqu’une crise survient, nous recueillons avec mes collègues l’ensemble des informations pertinentes auprès des services concernés afin d’informer la porte-parole, de l’éclairer sur le sujet et de la préparer, tant sur le fond que sur la forme, à une intervention médiatique.
Aux côtés de cette mission générale, ce travail me permet également d’être force de proposition pour mener des sujets de fond sur une thématique précise, par exemple sur la lutte anti-terroriste.
Quelles ont été les contributions de votre formation à l'École d'affaires publiques, et plus particulièrement la spécialité Administration publique, envers la fonction que vous occupez aujourd'hui ?
Les apports de la formation sont multiples, tant vis-à-vis des savoirs que des compétences.
Sur le fond, d’abord, la spécialité Administration publique m’a permis de développer une vision très large des politiques publiques. Pour le poste que j’occupe, il est nécessaire de chercher ce regard holistique pour entrer très rapidement dans un sujet et pouvoir aborder la diversité : le plan 10.000 jeunes un jour, les politiques migratoires le lendemain et la gestion d’une crise le suivant. Loin d’être le seul ministère de la Police nationale et de la Gendarmerie nationale, le champ du ministère de l’Intérieur est extrêmement vaste, et la spécialité Administration publique prépare parfaitement à cette richesse de compétences.
D’autre part, le cursus au sein de l’École d’affaires publiques nous conduit à développer des compétences de synthèse, des qualités rédactionnelles, à cultiver une intelligence de la presse... Ce sont autant de points d’appui dans mon emploi actuel. Au-delà de ces quelques clefs, le travail en équipe, l’accompagnement du changement, la conduite d’un projet ont été au cœur du master et sont très utiles au quotidien dans le monde professionnel.
Auriez-vous un conseil à donner à un ou une étudiant(e), futur jeune diplômé(e) ?
Sciences Po, c’est avant tout la formation de la curiosité.
Le conseil que je souhaiterais donner est donc simple : continuer à être curieux, comme vous l’avez toujours été lors de votre cursus.
Que ce soit dans votre futur job, dans votre vie personnelle ou sur votre temps libre, continuez à apprendre, échangez avec les collègues venus d’autres horizons, partez en immersion dans d’autres services, rencontrez des professionnels, écoutez des podcasts, suivez des MOOC ou des formations continues… En somme, vivez aussi intensément votre vie professionnelle que « l’aventure Sciences Po » !