Mirna Safi, directrice de recherche à l’Observatoire sociologique du changement (OSC), étudie les inégalités et les discriminations et en particulier, celle qui touchent les populations immigrées et leurs descendants.
Les travaux les plus récents de Mirna Safi exploitent les données de l’enquête “Trajectoires et origines” (TeO) réalisée par l’INED et l’INSEE en 2008. Elle a ainsi analysé la perception des discriminations en France dans un article qui compare différentes méthodes permettant de mesurer le phénomène. Les résultats montrent que les discriminations «ethnoraciales » (à raison de la couleur de peau, l’origine ou la nationalité) touchent essentiellement les immigrés et descendants d’immigrés d’origines africaine et turque.
Par ailleurs, ses analyses mettent en évidence que, contrairement à l’idée reçue, le sentiment d’être discriminé est moins fort que les expériences de discriminations particulières (emploi, logement, école, santé, etc.) qui sont relatées comme avoir été rencontrées et vécues comme telles.
Par ailleurs, les données de TeO ont permis à Mirna Safi de confirmer que la ségrégation ethnoraciale est plus élevée que la ségrégation socioéconomique en France et qu’elle se traduit par davantage de chômage et de pauvreté dans les quartiers habités par les populations originaires d’Afrique.
Mirna Safi a également utilisé les données de TeO pour analyser l’intensité des liens transnationaux et leurs différents types. Les résultats de ces recherches montrent que les liens transfrontaliers ne sont pas l’apanage des populations issues de l’immigration internationale, et qu’ils sont aussi intensément pratiqués par des populations migrantes nationales telles que les populations des DOM-TOM ou les expatriés et leurs descendants. La chercheuse met aussi en évidence que les liens transnationaux restent une réalité importante dans la vie des secondes générations immigrées.
En complément de ces travaux fondés sur des analyses statistiques, Mirna Safi mène des recherches sur les politiques publiques d’intégration des immigrés. Dans une étude récente, elle s’intéresse aux difficultés rencontrées par les immigrés et leur descendance pour entrer sur le marché du travail, supérieures à celles rencontrées par les “nationaux”, et en analyse les fondements. L’étude souligne la faible efficacité des politiques d’intégration, de plus en plus orientées vers des dimensions culturelles plutôt qu’économiques. Ainsi seul 10% du budget du Contrat d’Accueil et d’Intégration établi en 2006 est consacré à l’aide à l’entrée sur le marché du travail des migrants.