Présentes dès le droit romain, les fictions juridiques sont fréquemment analysées comme des artifices permettant de considérer comme avéré un fait dont la fausseté est connue afin d’en faire découler des conséquences normatives. Au-delà de cet usage ponctuel, la fiction semble imprégner l’ensemble du fonctionnement du droit. En permettant de comprendre le droit non comme un ensemble de dispositifs normatifs discrets, mais comme créant des univers mentaux qui conditionnent l’action, une analyse fictionnelle contribue au dévoilement de l’idéologie juridique. Le terrain du droit global déstabilise nombre de concepts traditionnels de la pensée juridique. Il suscite l’apparition de nouvelles fictions, destinées à conceptualiser, expliquer et justifier les nouvelles configurations normatives qui se font jour. Élucider le mode de fonctionnement de ces nouvelles fictions contribue à dévoiler les instruments de l’idéologie profonde de la gouvernance globale, telle que la révèlent les mutations du droit international privé et la thématique des dialogues transconstitutionnels entre juges.
Présentation du chapitre « Repenser le dévoilement de l’idéologie juridique : une approche fictionnelle de la gouvernance globale », par Guillaume Tusseau et Horatia Muir Watt, in B. Bonnet (dir.), Les rapports entre ordres juridiques. Bilan, enjeux, perspectives, Paris, LGDJ, à paraître
Juin 2016