Seize régions métropolitaines sur les vingt et unes que comptait la France en 2014 ont été affectées par un redécoupage en janvier 2015. Dans ce nouveau contexte, quel est le rapport des citoyens à leur nouvelle région ? Y sont-ils attachés, que pensent-ils de la nouvelle dénomination, que savent-ils et comment évaluent-ils les nouvelles actions menées ? C’est qu’étudie Sylvain Brouard, directeur de recherche au Centre de recherche politique de Sciences Po dans le cadre du projet. “Démocratie régionale” (DEMOREG 2018-2020) financé par la région Nouvelle Aquitaine.
Compétences élargies, nouveaux élus, nouvelles compositions
A l’origine de ce projet, le constat que les enjeux de cette fusion se sont ’intensifiés lors de sa mise en œuvre. C’est particulièrement le cas au niveau des services et des politiques publiques, ce qui constituent un véritable challenge tant pour les acteurs politiques que pour les citoyens.
En effet, la région s’est vue confier de nouvelles compétences dans un périmètre redéfini pour chaque collectivité territoriale. Elle se place désormais au cœur de l’action économique, dans un rôle majeur pour l’élaboration du schéma régional de développement économique, d’innovation et d’internalisation (SRDEII) et du schéma régional d’aménagement et développement durable des territoires (SRADDT).
S’ajoute à ces transformations institutionnelles et pour nombre de régions, un changement politique suite au scrutin de décembre 2015, entraînant ainsi pour certaines l’alternance, pour d’autres un nouveau président sans nouvelle majorité. Dans ce nouveau contexte, quel rapport des citoyens à leur région ? Pour répondre à cette question et ses diverses dimensions, il importe notamment d’étudier des facteurs cruciaux commandant le succès ou l’échec de la politique de régionalisation. Parmi ceux-ci on compte l’homogénéité territoriale et sociodémographique des rapports à la région.
Enquête en ligne
DEMOREG évalue la mise en œuvre de la réforme régionale de 2015 et les changements politiques, de manière longitudinale et comparative, grâce à des enquêtes on line annuelles d’opinion (en janvier 2018 -2019 -2020) auprès d’un ’échantillon de 500 citoyens dans chacune des régions. Le résultat de ces enquêtes est d’autant plus nécessaire que de telles données sont inédites en France. Certes, des travaux sur les logiques d’institutionnalisation régionale (Nay, 1997), sur les caractéristiques des élus régionaux (Godmer, 2011) ou sur la professionnalisation des fonctions électives régionales (Godmer &Marrel, 2015) ont bien été menés mais rares sont les travaux sur les représentations des citoyens sur les gouvernements régionaux et leurs politiques. Enfin, DEMOREG prolonge les recherches menées par Sylvain Brouard sur les évolutions des attitudes et comportements politiques et sur les gouvernements locaux.
Une recherche ambitieuse
Le projet DEMOREG est une recherche ambitieuse jamais menée en France depuis l’arrêt de l’Observatoire Inter-régional du Politique (OIP). Ses principaux objectifs sont les suivants :
Méthodologie
L’étude est basée sur l’analyse de 14 anciennes régions choisies en fonction de plusieurs paramètres : redécoupage ou non, alternance ou non, changement de président ou non et niveau d’attachement régional. Le questionnaire utilisé réplique, en premier lieu, les questions relatives à la politique régionale du programme de recherche LOCELEC ainsi que de la vague de novembre 2015 de l’Enquête électorale française 2017 afin de pouvoir analyser de manière longitudinale les données existantes.
Sylvain Brouard est directeur de recherche au Centre de recherche politique de Sciences Po. Ses recherches s’inscrivent dans la thématique des relations entre compétition politique, institutions et action publique, et ce dans une perspective comparée. Il s’intéresse en particulier à l’opinion publique, aux comportements électoraux, aux institutions et aux agendas politiques.