Dans la tradition des recherches menées à l’Observatoire sociologique du changement sur les phénomènes de stratification et de ségrégation sociale, Ettore Recchi publie “The Citizenship Gap in European Societies: Conceptualizing, Measuring and Comparing ‘Migration Neutrality’ across the EU”.
Dans cet article, il examine l’influence de la nationalité d’origine sur la position sociale, dans chaque pays de l’Union européenne, à partir d’un nouvel outil méthodologique destiné à mesurer les écarts au principe d’égalité des chances d’accès aux acquis sociaux: « la neutralité de migration ».
Il s’agit d’évaluer les conditions d’intégration des migrants (européens ou extra-européens) dans les pays d’accueil en mesurant la distance entre eux et les autochtones dans des domaines aussi divers que la santé, le logement, l’éducation, l’employabilité, l’espérance de vie ou la citoyenneté..
Les niveaux de « neutralité de migration » indiquent quelles sociétés offrent les conditions les plus favorables aux étrangers en termes opportunités, bien mieux que les indices actuels de qualité des politiques d’intégration. Ils peuvent servir de référence dans la quête de bonnes pratiques du « vivre ensemble », au-delà de ce qu’une analyse purement formelle des textes de loi donne à voir.
Les analyses montrent que le risque de précarisation et d’exclusion sociale varie sensiblement d’un pays européen à l’autre, pour les trois types de populations étudiées : nationaux, immigrés européens, immigrés de pays tiers. On note en moyenne un risque accru de 15 % entre les premiers et les derniers.
Chaque pays présente des caractéristiques particulières en termes de risques d’exclusion relative, c’est-à-dire comparée au revenu médian (1) du pays, ou d’exclusion absolue, lorsque le minimum vital pour vivre décemment fait défaut. On peut ainsi distinguer quatre types de pays selon le profil de risque. Ainsi, les immigrés de pays tiers apparaissent exposés à des conditions d’intégration plus difficiles au Danemark, en Suède, en Grèce ou en Belgique, pays dans lequel les risques d’exclusion relative et absolue sont les plus élevés. Mais constate aussi qu’au Royaume-Uni les immigrés européens connaissent un risque d’exclusion équivalent à celui de la population locale et qu’au Portugal, ce sont les autochtones qui connaissent un risque d’exclusion plus grand que celui qui touche les migrants européen.
–
(1) Le revenu médian divise la distribution de la population en 2 : la moitié des habitants ont des revenus supérieurs au revenu médian et l’autre moitié des revenus inférieurs.