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The Minority Effect: Gender Stereotypes and Entrepreneur Financing

Hebert, C. (2019). (Job Market Paper)

L’article examine les facteurs à l’origine des comportements discriminatoires chez les investisseur·euse·s en fonds propres. 

RÉSUMÉ

Dans cet article, l’auteure demande si les femmes sont systématiquement désavantagées dans la mobilisation de capitaux, et si elles le sont toujours dans les environnements où elles constituent le groupe dominant. L’auteure part de l’hypothèse que les femmes entrepreneurs ont moins de chances de réussir à collecter des fonds, tout d’abord parce qu’elles sont différentes des hommes, deuxièmement, parce que les investisseur·euse·s ont une préférence pour les hommes entrepreneurs, troisièmement, en raison des stéréotypes ou des compétences perçues biaisées. La base de données consiste en la fusion de données administratives sur la population de start-ups en France et leurs sources de financement provenant de l’INSEE. La première source est une enquête représentative auprès des entrepreneur·e·s, administrée à des cohortes d’entrepreneur·e·s ayant créé une entreprise en 2002, 2006, 2010 et 2014. La deuxième source est constituée de fichiers fiscaux fournissant des informations annuelles sur la comptabilité et l’emploi au niveau de l’entreprise entre 2002 et 2016.

Méthodologie

Pour analyser l’effet du genre sur l’utilisation de différentes sources de financement, l’auteure utilise un modèle de probabilité linéaire pour comparer le succès de collecte de fonds des fondateur·rice·s de nouvelles entreprises dans un secteur donné au même moment. Pour identifier l’effet des stéréotypes de genre sur le financement, un deuxième test est utilisé, qui compare les résultats des entreprises dans et entre les secteurs (industries à prédominance féminine et industries à prédominance masculine). Pour tester l’hypothèse selon laquelle les investisseur·euse·s pourraient sous-financer les femmes entrepreneurs dans les industries à prédominance masculine et les hommes dans les secteurs à prédominance féminine, l’auteure régresse les résultats (taille future de l’emploi, ventes, rentabilité des actifs, probabilité de succès de sorties par introduction en bourse ou acquisitions) sur l’interaction entre le genre de l’entrepreneur·e et des mesures de la prédominance de genre dans les secteurs.

Résultats

Les résultats fournissent des preuves qui confirment l’existence de stéréotypes de genre parmi les investisseur·euse·s en fonds propres. L’auteure constate que les start-ups créées par des femmes sont en moyenne 19% moins susceptibles de lever des financements en fonds propres externes, y compris du capital-risque. Cependant, dans les secteurs à prédominance féminine, elles sont également, sinon plus susceptibles de recevoir des fonds par rapport aux entrepreneurs masculins et aux startups fondées par des femmes dans des secteurs à prédominance masculine. Deuxièmement, conformément à l’idée que la barre est plus haute pour les minorités, elle constate que, conditionnellement à l’obtention d’un financement, les startups appartenant à des minorités, c’est-à-dire les femmes entrepreneurs dans les secteurs à prédominance masculine et les hommes entrepreneurs dans les secteurs à prédominance féminine, obtiennent de meilleurs résultats par rapport à des entreprises similaires dans et entre les secteurs. Ce constat suggère que la barre est plus haute pour les entrepreneur·e·s appartenant à une minorité soient financé·e·s et perçu·e·s comme des entrepreneur·e·s à haut potentiel dans des secteurs dans lesquels il·elle·s ne correspondent pas au genre attendu.

L’étude suggère que le fait de négliger les minorités peut entraîner une perte d’opportunités d’investissement précieuses. Du point de vue des investisseur·euse·s en capital-risque, l’implication importante est qu’il·elle·s peuvent gaspiller des ressources et dégrader de meilleures performances s’il·elle·s ne financent pas les entrepreneur·e·s à forte croissance issu·e·s de minorités. En termes d’action, encourager la participation des entrepreneur·e·s issu·e·s des minorités dans des secteurs dans lesquels il·elle·s sont sous-représenté·e·s peut, à terme, changer la perception du genre représentatif d’une activité.