Panorama des inégalités entre les hommes et les femmes qualifiés en France

D’après une étude réalisée par la Dares en 2015, depuis les années 1980, la part de femmes occupant des emplois de cadres et professions intellectuelles supérieures augmente en France. L’étude précise cependant que l’écart entre la part de femmes et d’hommes occupant des fonctions de cadre demeure important. Aujourd’hui, quel panorama peut-on dresser des inégalités existant entre les femmes et les hommes qualifiés ? 

Une augmentation des femmes cadres depuis les années 1980

En France, la part de cadres et professions intellectuelles supérieures dans l’emploi total a été multipliée par plus de deux au cours des quarante dernières années. Le nombre de cadres s’élevait en effet à 1,8 millions de personnes en 1982 (8% de l’emploi total), contre 5,2 millions en 2019 (19% de l’emploi total).

Depuis 1982, la part de femmes cadres et occupant des professions intellectuelles supérieures dans l’emploi total a augmenté, et ce, plus rapidement que pour les hommes. En effet, si, en 1982, 4% des femmes en emploi sont des cadres et professions intellectuelles supérieures (contre 10,3 % des hommes), elles sont 9,7% à être cadre en 2000 (contre 16,2% des hommes), 13,4 % en 2010 (contre 19,3% des hommes) et 16,8 % en 2019 (contre 21,6% des hommes).

Pour autant, les hommes demeurent, aujourd’hui encore, majoritaires au sein des catégories de cadres. L’Insee indique en effet qu’en 2019, les femmes représentaient 42% des cadres et professions intellectuelles supérieures (contre 58% pour les hommes). Les femmes sont par ailleurs particulièrement sous-représentées parmi les ingénieur·es et cadres techniques d'entreprise (23,2%). 

Des écarts de salaire aujourd’hui plus prononcés au sein des métiers qualifiés 

Selon le Ministère chargé de l’égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l’égalité des chances, si, en 2016, les écarts de salaire entre les femmes et les hommes étaient de 19% toutes catégories professionnelles confondues, ils s’élevaient à 20,6 % chez les cadres (contre 16,8% chez les ouvrièr·es, 14,2% chez les professions intermédiaires et 7,9% chez les employé·es). Les cadres constituent donc la catégorie professionnelle pour laquelle les écarts de salaire sont les plus élevés.

De la même manière, selon l’Insee, en 2017, l’écart de salaire net (en équivalent temps plein) croît avec le niveau de diplôme. En effet, cet écart est plus élevé pour les diplômé·es d’un bac + 3 ou plus (29,4%) que pour les diplômé·es allant d’un bac à bac+2 (17,6%) et les diplômé·es d’un niveau inférieur au bac (15,8%).

Des femmes encore minoritaires au sein des postes les plus élevés de la fonction publique

Selon les données du Ministère chargé de l’égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l’égalité des chances, si les femmes sont majoritaires dans la fonction publique française, elles demeurent minoritaires dans les emplois d’encadrement supérieur et de direction, et leurs salaires restent très inférieurs à ceux des hommes au sein des rémunérations les plus élevées.

Premièrement, en 2018, les femmes restent minoritaires dans les corps et emplois d’encadrement supérieur et de direction (ESD) des 3 fonctions publiques (État, territoriale et hospitalière). Si les femmes représentent 56% de la fonction publique d’État en 2018, la part de femmes ne s’élève qu’à 34,5 % dans les corps et emplois ESD de cette fonction publique. De la même manière, alors que les femmes représentent 61% de la fonction publique territoriale en 2018, la part de femmes dans les corps et emplois ESD de cette fonction publique ne s’élève qu’à 32,6 %. Enfin, alors que les femmes représentent 78 % de la fonction publique hospitalière en 2018, la part de femmes dans les corps et emplois ESD dans cette fonction publique est de 49,1 %. 

Deuxièmement, les rémunérations des femmes restent très inférieures à celles des hommes au sein des rémunérations les plus élevées de la fonction publique en 2018. 71,6 % des agents parmi les 0,5 % les mieux rémunérés de la fonction publique sont des hommes. De la même manière, 65,6% des agents parmi les 1% les mieux rémunérés de la fonction publique sont des hommes.

Ainsi, quel panorama peut-on dresser des inégalités existant entre les femmes et les hommes qualifiés en France ? Si l’écart entre la part de femmes et d’hommes occupant des fonctions de cadre s’est réduit depuis 1982, il reste toutefois important. Aujourd’hui, les écarts de salaire sont très prononcés au sein des métiers qualifiés et les femmes demeurent encore minoritaires dans les postes les plus élevés.

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