Evin, un temps non révolu
Il est facile de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité quand il s’agit d’un monologue et que l’on est seule, et responsable de ses seules affaires, devant un tribunal chargé de vous juger. Mais cela devient beaucoup plus compliqué, sinon impossible, quand on veut jeter une lumière juste, ne serait-ce que sur certains aspects fragmentaires de la vie carcérale postrévolutionnaire. Et, d’ailleurs, comment sélectionner ces aspects, ces séquences, en les isolant du magma de l’histoire révolutionnaire des années 1970-1980 ? On se préoccupe moins de la signification de l’histoire, que l’on pense d’ailleurs connaître, que des hommes qui l’ont faite, souvent sans le savoir, et qui, d’une certaine manière, en ont été les jouets autant que les acteurs. Éternel problème que connaissent bien les historiens de la Seconde Guerre mondiale, de l’Occupation allemande de la France ou de la guerre d’indépendance algérienne.
Dire la vérité est un devoir et une responsabilité qui incombent à tout un chacun. Mais la dire à propos d’une période dramatique, pleine de tumulte et de fureur, au cours de laquelle l’action l’emporte sur la concertation, et le consensus révolutionnaire sur toute autre considération, est une affaire plus complexe qui nous impose, elle aussi, des responsabilités. Car elle relève d’une autre logique et mobilise d’autres binômes que les oppositions classiques entre la vérité et le mensonge ou le complot, la vérité et le crime, la vérité et le consensus. Même s’il n’est pas d’autre urgence que ce devoir de vérité, ne serait-ce que du fait de la dette morale que nous avons vis-à-vis des familles des victimes, ne cédons pas à la tentation du populisme. Ne réduisons pas la vérité, ne la limitons pas au niveau de la dénonciation de quelques responsables, aussi tortionnaires fussent-ils – et d’autant moins que nombre de ceux-ci reposent désormais en paix dans leur demeure éternelle, après avoir eu des funérailles dignes de leur rang. Ne la réduisons pas non plus à quelques exécutions vengeresses, le Jour J de la prochaine révolution, pour apaiser la douleur des familles. Bref, ne sous-estimons ni la profondeur de ces blessures ni l’étendue du champ de la nécessaire vérité dans les situations politiques exceptionnelles qu’a traversées l’Iran, car l’essentiel, du moins pour une chercheuse, reste sans doute la leçon que nous devrions en tirer, l’enseignement qui nous reste à propager, quitte à déranger politiquement ou intellectuellement.
Il faut bien sûr faire la lumière sur ce qui a été commis, sur son comment et son pourquoi. Mais quid du silence entretenu sur son avant et son après, sans même parler de son pendant ? L’histoire s’est déroulée moins dans la clarté relative de l’espace public que dans l’opacité des maisons des militants et derrière les murs des prisons. Les dirigeants de la République islamique ont su mettre à profit leur propre expérience carcérale, à l’époque du Shah, aux côtés des prisonniers de la gauche révolutionnaire et des Moudjahidines du peuple, en nouant des relations avec eux et en les recrutant. C’est ainsi que les différentes tendances de la gauche et des Moudjahidines du peuple vont rivaliser pour devenir, par conviction, ou pour espionner, ou tout simplement pour survivre, des agents dénonciateurs, fût-ce de leurs anciens camarades, en informant la nouvelle police poli- tique des modes de fonctionnement et de la localisation des « maisons d’équipe » (khaneha-ye timi) clandestines dans lesquelles vivaient les militants des organisations révolutionnaires dans l’opposition. Cela ne doit pas dissimuler le courage, l’abnégation, le sacrifice de celles et ceux, sans doute beaucoup plus nombreux, qui ont résisté aux menaces, aux tentations, à la torture et qui veulent aussi, aujourd’hui, régler leurs comptes. Il y a là un silence qui n’est pas facile à rompre, quel que soit notre désir de vérité.
Tout comme il n’est pas aisé d’évoquer l’ostracisme absolu, de la part d’opposants politiques, qui a frappé des militants soupçonnés d’avoir parlé sous la torture et qui les a parfois acculés au suicide. Enfin, il y a le silence que les chefs imposent à la base, aux exécutants, aux sympathisants en faisant prévaloir l’intégrité et l’indivisibilité de l’organisation, sa primauté indiscutable, en quelque sorte une raison d’État avant même d’accéder au pouvoir.
J’entends l’objection, sinon l’indignation de mes lecteurs. Comment confondre l’action des dominants et celle des dominés ? Comment mettre sur le même niveau des responsabilités et des actes qui n’ont pas le même poids, pas les mêmes moyens, tant l’asymétrie du rap- port des forces en présence était évidente ? Mais telle n’est pas mon intention. Je veux juste rappeler, de façon prosaïque, que ce qui fait aujourd’hui obstacle à la vérité est la vérité elle-même, car celle-ci n’existe pas au singulier. En outre, et au risque de me répéter, l’histoire de la République islamique s’est faite pour une bonne part derrière les murs de ses prisons, peu loquaces.
Quarante ou trente ans plus tard, le problème, pour une prisonnière, reste le même : restaurer la vérité, mais derrière ce terme, que de silences, toujours les mêmes, et également de nouveaux !
Pendant l’été 2023, grâce aux réseaux sociaux de Club House – et non à la BBC – et par le truchement des aveux ou, plus exactement, du témoignage de l’ancien directeur de la prison d’Evin, Hossein Mortazavi Zanjani, en fonction dans les années 1987-1988, que s’est brisé le silence sur les exécutions massives de prisonniers politiques, à la fin de la guerre contre l’Irak – ce que l’ayatollah Montazeri, un temps successeur désigné de l’imam Khomeyni, qualifiait de « crime ».
Il s’en est ensuivi un débat, encore très timide, mais un débat tout de même, entre les décideurs, les militants de la société civile, voire les membres de l’opposition. Celui-ci permet de lever une partie du voile sur les responsabilités non pas seulement d’individus mais du cadre politique lui- même. Il permet en outre d’entendre, et de faire entendre, la voix des familles des victimes, leur souffrance, leurs revendications, et de remédier, autant que faire se peut (ou plutôt ne peut pas), aux dommages irrémédiables que ce silence de quelques décennies a produits dans leur vie.
Invité par un journaliste résidant en Iran, Masoud Moayedi, et sa collaboratrice Negar Mozaffari, dans une room sur Club House, Hossein Mortazavi Zanjani a dû répondre, pendant environ cinq heures, à un panel d’experts, de responsables politiques, d’opposants, de parents afin de vérifier certains faits. En soi, il n’a pas dit grand-chose de nouveau, pas même quant au nombre des victimes qui varie de 2 000 à 5 000, voire 8 000 – au demeurant nul n’avait besoin du chiffre exact pour mesurer l’ampleur du désastre. Mais il a mieux fait comprendre le climat de l’époque et la pagaille décisionnelle qui régnait alors. Il a confirmé les récits dramatiques qui circulaient, évoqué les camions transportant les corps et déploré que les autorités n’aient pas prévu de tombes individuelles, mais de simples fosses communes longtemps tenues secrètes. Il a insisté sur le fait qu’il n’espérait ni racheter ses péchés, qui sont à ses yeux impardonnables, ni blanchir un régime dans lequel il ne croit plus. Simplement il ressentait désormais le devoir de dire la vérité des faits contre lesquels il ne s’est pas élevé à l’époque, alors qu’il savait ce qui se passait autour de lui. La vérité en soi et pour soi, afin qu’elle soit consignée avant sa mort.
Il s’est dit convaincu que l’ordre de procéder à ces exécutions ne provenait pas de l’imam Khomeyni et que le Premier ministre Mir Hossein Moussavi n’en avait pas été tenu informé. Ainsi, alors que retentissait dans la société la clameur du mouvement « Femme, vie, liberté », l’intervention de Hossein Mortazavi Zanjani et les débats qui ont suivi ont confirmé que la restitution de la vérité est la condition majeure « pour une vie normale », comme le dit la belle chanson de Shervin Hajipour.
Le sujet est revenu sur le devant de la scène un an plus tard, lors des présidentielles de juillet 2024, lorsqu’un journaliste de la deuxième chaîne télévisée publique, Milad Dokhanchi, a soulevé, sans aucune gêne, la question de la responsabilité de l’un des candidats, Mostafa Pourmohammadi, dans les exécutions traumatisantes – celles de l’été 1988. Ancien procureur, ancien ministre de la Justice de Hassan Rohani, celui-ci n’a semblé ni surpris ni mortifié. Il n’a rien caché de son rôle dans ce que l’on nomme la « Constellation de la mort » (heyat-emarg), en 19881. Mais il a rappelé qu’il n’était alors qu’un juge et que la responsabilité des faits revenait à tout un système, au régime. Il a précisé qu’il n’avait pas fait partie des comités – au nombre de trente – qui avaient sélectionné les condamnés, les avaient interrogés une dernière fois, et avaient prononcé les sentences de mort. Il a même prétendu que la raison de sa présence, dans cette « Constellation de la mort », et en ce temps de crise paroxystique, était de tenter de modérer les ardeurs des décisionnaires, de limiter leurs débordements et de les dissuader de massacrer tous les prisonniers dans l’espoir insensé de supprimer toute opposition au nouveau régime.
Restituer la vérité, donc. Mais quid de la vérité si elle n’existe pas, immaculée, à l’écart d’autres vérités sou- vent dissimulées par l’étouffement, la transformation, le maquillage pour des raisons peut-être segmentaires mais qui ont tout de même leur raison dans une société elle-même segmentaire ?
Que les choses soient claires. Je n’ai jamais été une prisonnière politique, mais une prisonnière scientifique, comme n’a cessé de le répéter mon comité de soutien : c’est-à-dire une chercheuse ne se livrant à aucune activité politique, mais incarcérée par le pouvoir politique pour des raisons dont on peut supposer qu’elles étaient politiques, encore que je ne les connaisse pas. En outre, je suis franco-iranienne sans que je puisse non plus dire si cette double nationalité a provoqué, aggravé ou allégé mon malheur. Quoi qu’il en soit, le regard que je porte sur la prison est nécessairement différent de celui des militantes politiques, des défenseuses des droits de l’homme ou des environnementalistes qui se sont engagées au péril de leur liberté – par exemple de la prix Nobel de la paix Nargues Mohammadi, des Moudjahidines du peuple ou des écologistes. Il ne s’agit pas non plus de mettre sur le même plan mon combat pour la liberté scientifique, qui m’a en quelque sorte été imposé par les autorités iraniennes, et les causes qu’incarnent ces femmes prêtes à consentir de grands sacrifices personnels et familiaux pour contribuer à un avenir meilleur. Mes récits de prison ont donc leur singularité, et leurs limites.
Evin a sans doute beaucoup changé et n’a plus grand-chose à voir avec ce qu’elle fut, à ceci près qu’une cage, même dorée, reste une cage. Je suis une anthropologue pour qui importe l’observation des faits, des pratiques, des transformations, que celles-ci soient heureuses ou malheureuses, publiques ou invisibles et cantonnées à l’isolement carcéral, parce qu’elles sont toujours des champs d’investissement, des fenêtres d’opportunité, des signes annonciateurs. Les ignorer, c’est ignorer la réalité.
En dehors même du réaménagement constant du cadre d’enfermement et de vie, l’institution s’est complexifiée. Les hommes qui y travaillaient pendant les années de la « Constellation de la mort », lorsque sévissaient au quotidien la torture et la menace de l’exécution, ne sont plus là. Ils ont reçu en échange de leurs services et sans doute de leur silence des avantages pour aller travailler ailleurs, à leur compte – j’en ai rencontré certains, nous avons respecté les impératifs du silence sans jamais le dire et pas pour les mêmes raisons, mais je n’ajouterai rien.
La lecture des témoignages des détenus de cette époque donne à voir une prison sans téléphone, sans réseaux sociaux, où les prisonniers étaient contraints à l’observance des pratiques religieuses et au repentir, où les repentis accédaient à des positions de pouvoir en s’insérant dans la nomenklatura pénitentiaire, où il fallait souvent dormir en alternance faute de place dans les cellules que la répression remplissait à outrance ou, pis encore, dans des dortoirs si exigus qu’on les qualifiait de « cercueils des vivants », où le fouet claquait sans répit, où la moindre convocation pouvait finir en fusillade que les autres détenus entendaient distinctement le lendemain soir, où l’on mariait de force les condamnées à mort pour qu’elles n’accèdent pas vierges à l’au-delà. Une prison où l’on n’était pas suffisamment nourri, ni soigné, ni lavé.
Aujourd’hui, Evin a renouvelé et rajeuni son encadrement – un processus qui semble permanent. On y rencontre des jeunes gens qui ont reçu des instructions fermes quant à la manière de traiter les détenues, qui sont bien habillés, dans l’air du temps, qui se maquillent, font des études, parlent des langues étrangères, y travaillent pour ainsi dire en famille et en couple, mère et fille, mari et femme, dans différents services, et qui parfois s’y font réembaucher après avoir tenté une autre expérience professionnelle ou faute de mieux, par habitude, on pourrait presque dire parce qu’il y a une « bonne ambiance ».
On est tenue de garder le silence non pas seulement à cause de l’autoritarisme de l’institution carcérale ou par crainte, mais par respect de ses codétenues qui ont des raisons que la raison ignore.
Je n’ai pas voulu être mêlée à ces histoires de la prison, qui sont à la fois celles de l’oppresseur et celles de l’opprimé. Cela s’est fait malgré moi, et désormais je ne sais comment m’en détacher.
C’est malgré moi que j’ai fait la connaissance de jeunes femmes qui ne connaissaient rien à la politique mais qui fréquentaient le monde des politiques, et dont l’emprisonnement permettait à telle faction d’en défier une autre.
C’est également malgré moi que j’ai appris qu’on ne va pas en prison toutes pour les mêmes raisons, que certaines y fomentent des projets d’émigration qui ne sont pas forcément d’ordre politique, que d’autres s’y réfugient pour faire des études loin des contraintes familiales ou pour se constituer un capital politique ou symbolique.
C’est malgré moi que j’ai appris que la République islamique se constitue un stock de prisonniers et de prisonnières, éventuellement étrangers, pour négocier ses avoirs financiers, ses biens et ses relations diplomatiques.
C’est malgré moi que j’ai appris que certains groupes d’opposition, ayant pignon sur rue, entretiennent avec ses services de sécurité des rapports suffisamment cordiaux pour avoir eu accès à mon album de famille, confisqué avec mon ordinateur lors de mon arrestation, et de le publier sur Amad News dont le fondateur a été capturé en Irak en 2019 et pendu en Iran en décembre 2020.
C’est toujours malgré moi que j’ai appris que le monde des prisonniers politiques n’était pas composé unique- ment d’opposants à la République islamique, mais aussi de certains de ses serviteurs et partisans, ou de membres de ses familles de martyrs, ou de commandants des gardiens de la révolution, ou de députés et de ministres – comme au début de la révolution, les liens entre les prisonniers et le régime politique sont souvent étroits.
C’est malgré moi que j’ai appris que toute prisonnière pouvait avoir une utilité, par exemple comme formatrice non rémunérée et involontaire des jeunes recrues du ministère du Renseignement ou des gardiens de la révolution, en étant en quelque sorte ramenée au statut de ces épaves de drones ou de ces gilets pare-balles ayant subi le feu, qu’ils récupéraient en Afghanistan à la faveur des combats entre les Américains et les talibans.
Enfin, c’est malgré moi que j’ai appris que les interrogateurs, faute de trouver des preuves politiques à votre encontre, s’emparent de votre vie privée, de vos liens affectifs et sexuels, en farfouillant dans votre ordinateur et dans votre correspondance numérique sur votre téléphone portable, et disposent ainsi d’une arme redoutable au détriment de leurs prisonnières qui n’ont ni le même âge que moi ni la même autonomie et vivent dans l’angoisse mortelle que leur vie personnelle soit étalée sur la place publique.
La guerre civile iranienne – car il s’agit bien de cela – a largement eu lieu dans les prisons. Les conflits factionnels également. Je n’ai pas cherché à en connaître les dessous, car cela serait briser le silence – ce à quoi ne m’autorisent ni les autorités de la République islamique ni son opposition qui déjà a commencé à me reprocher mes écrits, comme jadis. Autrement dit, le silence est inhérent au monde carcéral et il a une fonction structurante. Je vais donc moi aussi garder le silence et rester dans ma solitude de chercheur, à regarder, à analyser, à respecter, sans pouvoir tout écrire, car à l’impossible nul n’est tenu. Toutefois j’écrirai toujours à qui (et pour qui) de droit.
Le pire, dans le silence, c’est que l’on peut savoir pourquoi on le brise, mais pas toujours pourquoi on le garde. Je ne saurai jamais pourquoi j’ai été arrêtée, pourquoi mon ami et collègue Roland Marchal a dû subir ce sort, pourquoi mes proches qui aiment l’Iran et pour certains d’entre eux travaillaient à mieux le comprendre et le faire connaître ne pourront sans doute plus jamais y retourner. Je ne saurai jamais si les personnes qui étaient en relation avec moi ont été ou seront inquiétées. J’aurais voulu mentionner celles et ceux qui m’ont soutenue sans relâche durent ces quatre années et demie, mais ne puis le faire de crainte de les compromettre, et je me résous donc là aussi au silence, faute de pouvoir être exhaustive. Mais je leur, je vous dédie mon livre, à vous toutes et tous qui êtes restés à mes côtés pour défendre la liberté scientifique, la seule qui nous permette de briser le silence, de nous extirper de notre solitude, de sortir de notre Minorité dans l’esprit des Lumières qui jamais n’a été si nécessaire : « Et par le pouvoir d’un mot / Je recommence ma vie / Je suis né pour te connaître / Pour te nommer / Liberté2. »
Photo de couverture : Fariba Adelkhah, octobre 2024. Crédit : Astrid di Crollalanza.
Photo 1 : Dans une boutique on choisit son tchador. De gauche à droite, les modèles étudiant, national, arabe, nacré - chercher la perle ! -, journaliste, qadjar, libanais... Crédit : Fariba Adelkhah.
Photo 2 : Couverture de l'ouvrage Prisonnière à Téhéran (Editions du Seuil).
Photo 3 : Graciés, les détenus de l'ONG environnementaliste entourent leur avocat - en noir, au milieu de la photo - le jour de leur libération, le 9 avril 2024. Niloufar est en rose. Crédit : Fariba Adelkhah.
Photo 4 : Pendant le printemps 2021, bracelet électronique à la cheville, Fariba passe son temps à photographier ses pieds en marchant parmi les parterres fleuris de son quartier. Crédit : Fariba Adelkhah.
- 1. Pendant l’été 1988, l’Iran est contraint de conclure un cessez- le-feu avec l’Irak dont la pression militaire devient irrépressible. Il subit alors à sa frontière occidentale une offensive des Moudjahidines du peuple qui s’y étaient réfugiés en se plaçant sous la protection de Saddam Hussein. Dans la confusion, voire la panique générale, certaines autorités de la République islamique procèdent à la liquidation de centaines, voire de milliers de prisonniers politiques, après des parodies de procès expéditifs, et à leur inhumation dans des fosses communes dont la localisation, pour certaines d’entre elles, est un « secret public ». Aujourd’hui encore, elles sont étroitement surveillées par les services de sécurité, ce qui n’empêche pas les familles des victimes de venir s’y recueillir à leurs risques et périls.
- 2. « Liberté », Paul Éluard, Poésie et Vérité, Gallimard, Paris, 1968.