L’espace mondial, ou nos vies entrelacées. Entretien avec Frédéric Ramel

06/12/2024
Extrait couverture L'Espace mondial

C’est un fait. Nous ne pouvons concevoir nos existences en dehors de cet espace planétaire que nous partageons toutes et tous. Ce que nous faisons, ce que nous consommons, la manière dont nous votons a des effets que nous ne percevons pas, et souvent à l’autre bout de la planète. C’est vertigineux et le retour en force de régimes populistes au sein d’États démocratiques nous montre que certains se replient sur eux-mêmes, sur leur territoire, sur leur État-nation, pour penser s’en abstraire. Le manuel L’Espace mondial, conçu par Frédéric Ramel avec la collaboration d’Aghiad Ghanem donne à voir et à comprendre cette interdépendance profonde des faits sociaux, environnementaux, sécuritaires, tous politiques. Entretien avec Frédéric Ramel.

À qui s’adresse le manuel?

Il s’adresse en tout premier lieu aux étudiant.e.s qui suivent le cours Espace mondial lors du troisième semestre du Collège universitaire. Un cours qui rencontre un franc succès sur tous les campus puisqu’il arrive en tête des choix formulés parmi les cours disciplinaires offerts par l’établissement. Il pourra également accompagner les étudiant.e.s de premier cycle pour les enseignements introductifs aux Relations internationales en Licence de Science politique et en Faculté de Droit. Mais au-delà des étudiant.e.s, je dirai aussi que l’ouvrage s’adresse à toutes celles et à tous ceux qui souhaitent avoir des éclairages sur les enjeux internationaux de notre temps.
La composition même de l’ouvrage offre une pluralité d’entrées : par les représentations graphiques et cartographiques, par les encadrés, par les thématiques des chapitres. En d’autres termes, il est aussi destiné à tous les publics intéressés par les relations internationales.

Comment s’organise le manuel?

Comme tous les manuels de la collection “Avec Sciences Po”, L’Espace mondial s’appuie sur les douze séances du cours semestriel. À l’instar des deux premiers volumes publiés par Nicolas Delalande et Blaise Truong-Loï pour L’Histoire du XIXe siècle, et par Florence Haegel pour la Science politique, les lectrices et les lecteurs retrouveront les rubriques originales “à lire, à voir, à écouter” dont l’objectif est de diversifier les matériaux pédagogiques au-delà des bibliographies habituelles.
Pour ma part, j’ai adopté quatre séquences composées chacune de trois chapitres afin de ponctuer le cheminement pédagogique : contextualisation, structuration, régulation, tension (entre le clos et l’ouvert).
Outre la présentation des outils permettant de saisir le monde, la première séquence revient sur les caractères de l’espace mondial à la fois inégal et déséquilibré, ainsi que sur les transformations du système international. La compression de l’espace, dûe en partie aux industries extractives mais aussi la planétisation, qui correspond à une progressive prise de conscience collective du fait de vivre sur une même et unique planète, en sont les principaux traits de caractère. En d’autres termes, cette première partie décrit notre condition planétaire.

Exploitation de la foret amazonienne

En décrivant les différents rapports aux frontières nationales, la deuxième partie revient sur trois processus majeurs qui contribuent à façonner le monde dans lequel nous vivons. L’étatisation du monde : les États modernes ont été les architectes des relations internationales plaçant en son cœur les principes de souveraineté et d’indépendance.
La transnationalisation du monde : des firmes multinationales aux organisations non gouvernementales, en passant par la criminalité organisée ou même les individus ordinaires, qui s’immiscent eux aussi sur la scène mondiale.
La régionalisation du monde : l’expérience même des relations internationales commence par les interactions entre voisins sur un même continent mais aussi la présence dans ces espaces régionaux d’organisations intergouvernementales dont l’agenda public s’est enrichi depuis la fin de la Guerre froide.
La recherche d’un ordre et de règles communes est au cœur de la troisième partie, que ce soit pour réguler la mondialisation ou bien instaurer la paix. Portant sur les dynamiques de coopération, de compétition mais aussi de guerres, cette séquence centrale permet aussi et surtout d’évaluer le rôle de la puissance militaire ainsi que les recompositions actuelles des rivalités entre États. Si les rapports militaires restent un aspect central à prendre en considération, ils n’épuisent pas la multiplicité des formes d’affrontements.
Enfin, la dernière partie appréhende la tension entre fermeture et ouverture dans l’espace mondial. Elle s’inspire des Deux Sources de la morale et de la religion, ouvrage dans lequel Bergson distingue deux postures : celle du clos qui limite nos devoirs moraux au groupe d’appartenance, et celle de l’ouvert qui les transforme et les étend à l’humanité. Au prisme des identités, des religions, et du rapport à l’environnement, j’examine des lignes de clivages repris par les États nationaux mais qui les dépassent également. Ces lignes alimentent des différentialismes culturels dans la façon de vivre les appartenances, les croyances, ainsi que la manière d’envisager notre relation à la nature. Si les clivages n’aboutissent pas nécessairement à des conflits armés, ils génèrent néanmoins controverses et luttes, à l’instar de la reconnaissance, ou non, des changements climatiques à l'œuvre.
Je me suis permis également d’innover dans ce manuel, en convoquant à l’issue de chaque chapitre une image parfois inspirée d’une oeuvre d’art qui entend non pas résumer l’argumentaire, mais offrir une perspective originale sur la thématique traitée : les “dés” pour les rivalités entre grandes puissances, ou la “goutte” pour les identités par exemple. Il s’agit de suggérer une diversité de voies pour appréhender les phénomènes internationaux, globaux et même planétaires.
 

Cette vidéo présente l'œuvre de l'artiste Bill Viola, intitulée He weeps for you, 1976.

Vous écrivez que nos vies sont de plus en plus reliées les unes aux autres, par des liens tissés et qui nous dépassent souvent, dans cet espace mondial. Ce dernier est-il un réseau? Comment le définissez-vous?

Le terme de réseau est très stimulant pour la pensée. Il a fait l’objet de diverses applications en Relations internationales, notamment à partir des années 1990. Néanmoins, ce n’est pas le concept clef à partir duquel j’aborde l’espace mondial.
Lorsque je parle de vies de plus en plus reliées les unes aux autres, j’ai en tête deux cibles et une métaphore. La première cible correspond au modèle de la boule de billard souvent utilisé par les approches réalistes en Relations internationales. Elles raisonnent en termes de rapports de force exclusivement militaires. La deuxième cible réside dans l’opposition entre affaires du dedans et affaires du dehors. Une telle opposition repose sur l’idée selon laquelle les frontières nationales renvoient dos à dos le monde de la vie bonne à l’intérieur des États et celui de la survie à l’extérieur. Ces deux cibles ne prennent pas en compte les entrelacements de phénomènes dans lesquels nous évoluons.
Cet entrelacement (ou l’idée selon laquelle nos vies sont de plus en plus liées) donne crédit à la métaphore du tissage. De manière plus ou moins explicite, nos actions créent des fils aboutissant à un resserrement des enjeux auxquels nous sommes confrontés. Il y a de nombreux exemples. Citons-en quelques-uns : la transition écologique crée un surcroît d’exploitation de matériaux naturels qui renforce à la fois notre dépendance énergétique et les dégradations écologiques ; le développement de l’obésité concerne aujourd’hui toutes les sociétés, y compris celles des pays des Suds, qui sont exposées à une offre agro-alimentaire de plus en plus standardisée et dégradée ; l’éclosion d’une guerre interétatique entre la Russie et l’Ukraine, ou encore la guerre entre Israël et le Hamas exposent le reste du monde à une série de conséquences du point de vue énergétique, stratégique et militaire mais aussi tout simplement politique (des campus universitaires à la vie politique des États tiers). Les courants néo-populistes dans les démocraties et les politiques étrangères néo-souverainistes qui en émanent lorsque leurs dirigeant.e.s arrivent au pouvoir proposent une réponse parmi d’autres à cet entrelacement : le repli sur soi. La preuve encore que l’on ne peut pas opposer ce qui se passe à l’intérieur et à l’extérieur des États nations. Car ici, les coups de butoir qu’assènent ces courants à la coopération multilatérale trouvent leur énergie dans les phénomènes internes aux sociétés nationales, comme l’étiolement des conditions économiques des classes moyennes dans les pays ouest-européens.

Plus précisément, vous évoquez deux particularités de l’espace mondial. Il est travaillé par un mouvement de planétisation ; et il ‘fait’ société mondiale. Pouvez-vous revenir sur cette analyse et nous donner quelques exemples?

La mondialisation en tant qu’abolition des distances a été et reste un processus à partir duquel l’espace mondial fait l’objet d’analyse. En mobilisant la notion de planétisation, et même plus précisément ce que j'appelle "l'enroulement planétaire", je cherche à déceler un processus différent de celui de la mondialisation, à savoir une abolition des distances. Avec la planétisation, il s'agit moins d'un rapport à la distance qu’au temps et au monde en tant que tel. Elle prend les traits d’une convergence des histoires nationales en une histoire unique, celle de l’humanité vivant sur un même astre cosmique. La planétisation ne se limite pas à la reconnaissance des dégradations variées de notre environnement naturel. Elle s’appuie aussi sur l’expérience de guerres aux multiples propriétés, sur l’exposition à des sons et des musiques mondialisées, à l’éclosion d’un “sens de la Terre”, qui prend en compte la pluralité des espèces vivantes.
La planétisation n’est pas un processus univoque. Elle est l’objet de controverses. Si des acteurs la reconnaissent et promeuvent une habitabilité de la Terre, d’autres la récusent et demeurent attachés à des représentations non pas planétaires, mais “globales”, de l’espace mondial. Ces représentations privilégient la soutenabilité du développement, voire une politique extractive renforcée. De plus, la planétisation s'immisce dans la rivalité des grandes puissances, lesquelles élargissent leur agenda stratégique en mettant l’accent sur une interconnectivité contrôlée (par exemple, la Belt and Road Initiative menée par la Chine), sur l’accès aux espaces communs avec volonté d’en recueillir un avantage (conquête spatiale dans laquelle s’engagent des acteurs privés), ou en formant les esprits via des programmes scientifiques et éducatifs offerts en dehors de leur territoire par des institutions dédiées. Avec la planétisation, je mobilise également la notion de noosphère (ou “sphère de l’esprit”) qui, au moment de son éclosion sous les plumes du géochimiste russe Vernadski ou du paléontologue Teilhard de Chardin, correspond à une première façon de penser l’entrée dans l’anthropocène sans que ce soit le terme usité. S’ajoutant aux couches existantes qui composent la biosphère, la noosphère est une force géologique en tant que telle. Protéger cette noosphère n’est pas chose aisée, à l’instar de l’aide humanitaire qui se dégrade, ou encore sa militarisation au prisme de la manipulation ou des ingérences numériques.

Beijing, metro

L’espace mondial n’est pas seulement un lieu d’interactions, que ce soit entre États ou entre acteurs de différentes natures. Il “fait société mondiale”. Cette idée est au cœur du programme de l'École anglaise des relations internationales mais aussi des approches inspirées de la sociologie des relations internationales, quelles que soient les traditions de pensée qui l’animent. Faire société mondiale signifie prendre en compte les rôles variés des acteurs de la société civile (dispositif plus ou moins robuste d’inclusion dans les processus décisionnels des organisations intergouvernementales). Faire société mondiale rime également avec examen des principes, valeurs et règles mobilisées, instrumentalisées, contournées, bafouées. Autrement dit, examiner les manières dont les États seuls ou avec d’autres acteurs cherchent à réguler les conduites. Le chapitre 3 qui clôt la première partie sur la condition planétaire prend pour exemple la coopération multilatérale. Celle-ci semble avoir du plomb dans l’aile en raison de la dégradation stratégique actuelle. En dépassant le haut de l’iceberg et en m’appuyant sur des recherches collectives récentes menées en particulier dans le cadre du GRAM, le Groupe de recherche sur l’action multilatérale (Guilbaud, Petiteville, Ramel 2023), je propose un autre regard qui permet de nuancer l’idée de crise du multilatéralisme. De ce point de vue, la décision récente de la CPI de confirmer les mandats d’arrêt contre les dirigeants du Hamas mais aussi contre le premier ministre et le ministre de la Défense israéliens, illustre l’existence de cette société mondiale quant à l’application du droit des conflits armés et du droit international humanitaire.
L’un des enjeux actuels pour “faire société mondiale” consiste également à prendre en compte les points de vue défendus par les États et les sociétés non occidentales. Le débat sur les approches post-coloniales en Relations internationales repose sur une critique épistémologique : celle des RI comme “science américaine” (Hoffmann [1977] 2001), qualifiée de discipline hégémonique. Le manuel L’Espace mondial rend compte de ces controverses et de la manière dont la recherche du commun s’effectue dans un tel contexte : l’adoption de postures en politique étrangère inspirées de traditions pré-modernes (voir le chapitre sur “le jeu compétitif entre grandes puissances”), les mesures de restitution des biens culturels (voir le chapitre sur “les identités”), ou encore l’africanisation de la sécurité (voir le chapitre sur “la sécurité à l’ère de l’anthropocène”).

Vous faites usage du concept de Grande accélération pour penser l’espace mondial moderne. En quoi consiste-il?

La Grande accélération correspond à une thèse élaborée essentiellement par des historiens du climat qui se focalisent sur la période post-1945 (McNeill et Engelke 2014). L’attraction, quant à elle, se veut bien plus large. Ici, mon propos consiste à importer en Relations Internationales l’analyse du sociologue allemand Hartmut Rosa (2014) sur la modernité. En discutant les thèses de la modernité qui mettent l’accent sur la marchandisation (Marx), la rationalisation (Weber), l’individualisation (Simmel), Rosa considère qu’il y a aussi et surtout un caractère propre aux sociétés modernes : leur stabilité réside dans un accroissement intempestif visant à mettre le monde à notre disposition, à le contrôler, à l’exploiter. L’accélération n’est donc pas seulement un processus historique de nature climatique. Il est aussi le résultat d’un certain rapport au monde qui remonte à la modernité même, à la fin du Moyen-Âge et qui s’est bien sûr intensifié avec la révolution industrielle. Lire L’Espace mondial à partir de l’idée de l’accélération du monde offre deux avantages. L’ouvrage replace les transformations de cet espace dans le temps long, c’est-à-dire au-delà du XXe et XXIe siècles. Il offre également un prisme stimulant pour appréhender les clivages actuels entre les acteurs concernant cette accélération qui ne se limite pas aux conséquences climatiques d’un type de production économique. C’est aussi un mode de relation au monde. États, firmes, ou autres acteurs sociétaux adoptent en effet des positionnements variés à son endroit : il faudrait renforcer, canaliser, ou encore s’opposer à cette accélération du monde.

Manifestations étudiantes Paris

Sciences Po, c’est le lion et le renard… Le manuel inclut deux nouveaux animaux, qui viennent accompagner la force et la ruse qu’incarnent le lion et le renard : le rossignol et la tortue. Quelles sont leurs particularités et en quoi complètent-ils nos deux quadrupèdes?

Cela a été décisif dans la discussion avec la directrice des Presses, Julie Gazier. J’ai en effet accepté de me lancer dans cette écriture sous condition d’élargir le bestiaire! Cela peut paraître anecdotique mais, pour moi, ce fut vraiment fondamental. Pourquoi? Le rossignol renvoie au chant délicat et plus largement à la sensibilité, à l’émotionnel, à l’imaginaire aussi. La tortue, quant à elle, incarne la sagesse ancestrale, la sérénité et surtout le lien étroit avec la longévité. En les intégrant dans le manuel, j’ai voulu montrer que si la force et la ruse sont bien entendu toujours présentes dans l’espace mondial, d’autres phénomènes apparaissent et qu’il convient de les prendre en compte dans l’analyse. Le sensible d’une part, le planétaire d’autre part.

La présence de ces deux nouvelles figures se justifie pour deux raisons supplémentaires. Tout d’abord, ces quatre animaux évoquent également les quatre éléments sur le plan symbolique : le feu du lion, la terre du renard, l’air du rossignol, l’eau de la tortue. Comment envisager la vie elle-même - et le politique - sans leur alliance? Ensuite, le rossignol et la tortue apportent de la verticalité par rapport à l’horizontalité que dessinent le lion et le renard. L’ancrage et l’attachement à la planète pour la tortue, l’élévation et l’appel à l’imagination pour le rossignol. Tous les jours, enseignants.e.s et étudiant.e.s passent sous le porche de notre établissement où trône cet emblème. Celui-ci fait référence implicitement à Machiavel et au débat sur la virtù conseillant les titulaires du pouvoir à se conduire parfois en politique comme ces animaux alors que les Anciens et notamment Aristote refusaient une telle dénaturation de l’action. Inclure un rossignol et une tortue ne consiste pas seulement à cultiver notre “enfant intérieur” (ce que les jeunes générations ont parfois du mal à enclencher). Il s’agit aussi et surtout de ne pas considérer la force et la ruse comme les seules coordonnées du politique. D’une certaine façon, ce choix assumé s’inscrit dans le prolongement d’une remarque formulée par Bruno Latour dans une note sur l’avenir de la recherche à Sciences Po en août 2007. Pour lui, “Sciences Po reste dans l’esprit du public une école professionnelle de haut niveau. Or, aucun des sujets traditionnels de la maison ne peut plus se développer durablement sans un renouvellement profond des concepts, des méthodes, des théories, des pratiques et des sensibilités” (Latour 2007: 6).
Je remercie grandement Julie Gazier de m’avoir suivi sur ce chemin ainsi qu’à Aghiad Ghanem qui a collaboré à l’écriture dans ce même esprit animé par ces déplacements d’accents. Non pas pour imaginer de nouvelles Cités qui n’ont jamais existé, mais pour enrichir notre compréhension de l’espace mondial dans ce troisième millénaire naissant…

Propos recueillis par Miriam Périer, CERI.


Bibliographie sélective

  • Hoffmann S. [1977] 2001. “An American Social Science : International Relations” dans Robert M.A. Crawford et Darryl S. L. Jarvis (ed) International Relations – Still an American Science ? Towards Diversity in International Thought. New York, State University of New York Press, p. 27-52.
  • Guilbaud A., Petiteville F. Ramel F., eds., Crisis of Multilateralism? Challenges and Resilience. Basingstoke, Palgrave Macmillan, 2023.
  • Latour, B. 2007. L’avenir de la recherche à Sciences Po, mémo destiné à la direction de Sciences Po, aout.
  • McNeill J. Engelke P. 2014. The Great Acceleration: An Environmental History of the Anthropocene since 1945. Cambridge, The Belknap Press of Harvard University Press.
  • Rosa H. 2014. Aliénation et accélération. Vers une théorie critique de la modernité tardive, Paris, La Découverte.

Illustrations

  • Photo 1. Vue aérienne d’une zone de stockage de bois dans la forêt amazonienne. Photo de Tarcisio Schaider pour Shutterstock
  • Photo 2. BEIJING, CHINA - 1er octobre 2016. Photo de testing pour Shutterstock.
  • Photo 3. Manifestations étudiantes à Paris, 01 mai 2024. Photo de Pierre Laborde pour Shutterstock

 

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