Latino power ? L'accès au politique des Latinos aux Etats-Unis
Emmanuelle Le Texier
Depuis le début des années quatre-vingt-dix, la visibilité nouvelle des Latinos en politique a fait parler du réveil d'un « géant endormi ». Le changement qualitatif de leur prise de parole politique, qu'il s'agisse des mobilisations contestataires durant les mouvements pour les droits civiques ou de la participation au système électoral, marque un tournant de l'intégration des Hispaniques dans la sphère publique américaine. Avec un nombre croissant d'électeurs, de candidats et d'élus, les Latinos sont sortis de l'ombre. Le rôle de plus en plus influent de groupes d'intérêt panethniques et les nouvelles opportunités de participation politique créées par le développement de stratégies transnationales contribuent à l'élaboration de ce nouveau cadre participatif. Pourtant, leur poids électoral et politique reste en deçà de l'importance démographique, économique, sociale et culturelle de ces quelque 35 millions d'individus qui forment plus de 12 % de la population américaine. Pour la majorité des minorités, les obstacles à l'accès au politique restent importants. Ils sont d'ordre structurel, mais aussi internes au groupe : aux divisions sur enjeux domestiques ou extérieurs, s'ajoutent des fragmentations selon l'origine nationale, le statut ou la génération. La nature singulière de l'immigration en provenance d'Amérique Latine, la continuité des flux migratoires et leur diversité, ravivent en permanence les divergences sur la stratégie de participation des Latinos au débat public. Elles mettent aussi en lumière le caractère fictif, à la fois fonctionnel et dysfonctionnel, de la catégorisation ethnique aux Etats-Unis. Instrument de participation, le carcan ethnique peut aussi s'avérer être un obstacle majeur à l'entrée en politique des minorités.
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